Une forte hausse du dollar pourrait accompagner la remontée des taux d’intérêt<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le dollar devrait monter au moins jusqu’à la prochaine hausse des taux par la Fed.
Le dollar devrait monter au moins jusqu’à la prochaine hausse des taux par la Fed.
©

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

Voir la bio »

Les grandes sociétés de gestion mondiales ont perdu 700Md$ d’actif au troisième trimestre. Ce n’est pas un événement anodin. Cela pourrait signifier que des gouvernements, pour faire face à leurs dépenses publiques, doivent puiser notamment dans leurs fonds souverains. C’est ce qu’a fait l’Arabie saoudite, confrontée à la baisse du prix du pétrole. Comme son déficit budgétaire va atteindre les 20% du PIB, il lui faut absolument des liquidités pour acheter la paix sociale dans le pays.

Le matraquage fiscal en France atteint ses limites

La fiscalité est devenue en France un sujet surréaliste. On vient d’assister à un bug fiscal sans précédent sur la hausse des taxes qui touchent maintenant des personnes aux revenus modestes. Cela montre une fois de plus que Bercy n’est plus capable de maîtriser l’évolution de la fiscalité. A force de mélanger sans arrêt ce qui ressort des cotisations et ce qui devrait ressortir de l’impôt, on finit par prélever des taxes, en principe affectées, qui ont jusqu’à 35 organismes bénéficiaires et trouver des entités qui reçoivent des fonds de 50 provenances différentes.

Le résultat est que, comme au jeu de Mikado, quand on touche un élément du dispositif, il est pratiquement impossible d’anticiper toutes les conséquences de la décision.

Pourtant ce ne sont pas les fonctionnaires qui manquent à Bercy. Ils sont largement supérieurs à ceux des ministères équivalents dans d’autres pays. On compte aujourd’hui 140 000 fonctionnaires pour 66M d’habitants au ministère de l’Economie et des Finances. C’est 60 000 de plus qu’au Royaume Uni (HM Treasury). Beaucoup plus qu’en Allemagne (Bundesfinanzministerium) avec 90 000 fonctionnaires pour 80M d’habitants et même 10 000 de plus qu’aux Etats-Unis (Department of Treasury) avec 316M d’habitants. En France, sur les 54 000 employés au ministère, 42 350 bénéficient du statut de fonctionnaires (37 650 aux finances, 4 700 à l’économie). En Allemagne, pratiquement 50% du personnel n’a pas le statut de fonctionnaires. Ces comparaisons montrent que les effectifs en France sont beaucoup trop importants. Le gouvernement devrait supprimer des dizaines de milliers de postes de fonctionnaires.

La redistribution est devenue baroque, complexe et touffue. Les deux systèmes de redistribution sociale d’une part, fiscale d’autre part se mélangent allègrement dans une opacité de plus en plus grande. De la commutativité (les droits sociaux sont issus du travail) on est passé à la distributivité (perception de cotisations sans travail ou cotisation préalable, du type Couverture Maladie Universelle, (CMU), Revenu de Solidarité Active (RSA)…) Malheureusement, un système de redistribution ne peut pas être durablement déficitaire.

Au lieu de s’en prendre une fois de plus aux retraités qui ont travaillé toute leur vie, l’Etat pourrait commencer par aligner les régimes spéciaux de retraite du public sur ceux du privé. Il n’est pas possible d’avoir des agents qui continuent allègrement à partir à 50 ou 55 ans à la retraite alors que les salariés du privé devront maintenant travailler au moins jusqu’à 62 ans pour percevoir une pension sans décote. L’économie réalisée pourrait être de 20Md€ par an.

Dans un pays où plus de 50% des foyers sont maintenant totalement exonérés d’impôt sur le revenu, uniquement pour des raisons électoralistes, on arrive à un effet destructeur sur le plan économique.

L’Etat français est un très mauvais actionnaire

L’Etat actionnaire est au-dessous de tout. Pour Renault, il engage une épreuve de force qui a commencé avec "la loi Florange" instaurant le droit de vote double lors des assemblées générales. Depuis seize ans, l’alliance Renault Nissan fonctionnait très bien. Vu de Tokyo, l’activisme du gouvernement français est un véritable casus belliaux yeux de Nissan. Mais il y a pire avec Areva. Là, l’Etat est dans un déni de réalité gigantesque et surtout, n’a pas le courage de prendre de décisions tant que nous sommes en période électorale.

L’État n’est bon à créer ni richesse, ni liberté, ni emplois, ni croissance. Tout au plus des fonctionnaires. Courteline disait : "En France, on sème des fonctionnaires et on récolte des impôts." Et chaque fois que l’on embauche un fonctionnaire – ce qui se voit, entre trois et quatre emplois potentiels du secteur privé ne sont pas créés, ce qui ne se voit pas.

Il ne suffit pas d’invoquer l’intérêt général pour le promouvoir. Il n’y a pas de pilote bienveillant aux commandes de l’appareil d’Etat, mais des hommes inévitablement dotés d’intérêts particuliers, guettant les prochaines élections ou simplement soucieux d’optimiser leur carrière. Pour échapper à la tyrannie du court terme et à la multiplication des réformes avortées, l’Etat doit se fixer des objectifs concrets, modestes et aux résultats contrôlables.

Les chiffres du chômage se sont inscrits en baisse en septembre. L’événement a été amplement commenté par la presse bien pensante. Cela ne change rien à la réalité. Il est encore beaucoup trop tôt pour être sur que nous assistons à la fameuse "inversion de la courbe du chômage"…

L’endettement de la France devrait être la première préoccupation des hommes politiques

La situation de l’endettement de la France reste catastrophique.

Avec un stock de presque 2000Md€ de dette publique détenus à hauteur de 65% par des non résidents, 20% par les assureurs en grande partie dans les contrats d’assurance-vie des épargnants français, 10% par les banques et le reste par les Français en direct.

En matière de flux, il faudra emprunter encore presque 200Md€ l’année prochaine, soit 125 Md€ pour amortir la dette et 75M€ pour financer le déficit nouveau. La mise en perspective de ces chiffres est tellement catastrophique que ce sujet devrait être le premier dont devraient débattre les hommes politiques.

Les avertissements sur résultats se multiplient : Saint Gobain, Schneider Electric…

En revanche, Danone a annoncé des chiffres intéressants. Elle fait partie des rares sociétés qui peuvent augmenter leurs prix (+3,9%) quand les volumes de vente baissent (-3,3%). Dans un environnement déflationniste, c’est ce type de sociétés qu’il faut privilégier dans un portefeuille.

En Europe, la croissance accélère dans les services mais pas dans le secteur manufacturier. L’inflation est toujours en-dessous des objectifs, ce qui devrait inciter la BCE à intervenir une fois de plus. En Allemagne, la confiance des consommateurs est toujours là, mais les perspectives de croissance à horizon douze mois inquiètent. En Italie, la confiance des consommateurs progresse. Ils semblent croire à l’efficacité des mesures prises par le courageux Matteo Renzi.

Le débat sur le comportement du dollar est très ouvert

Aux Etats-Unis, la croissance du PIB au troisième trimestre (+1,5%) ne met pas en évidence un ralentissement important de l’économie US. Le secteur manufacturier est faible. L’investissement ne repart pas. Les marchés anticipent un relèvement des taux à avant la fin de l’année. Il n’y aura donc dans la décision aucune surprise.

Sur le dollar le débat reste ouvert. Ceux qui anticipent une hausse font valoir que quand on regarde de près les commentaires de la BRI en juin dernier, il y aurait 10 000Md€ qui auraient été empruntés par des entités non américaines. Quand tous ces acteurs devront rembourser leurs emprunts, cela risque d’entrainer une explosion du dollar à la hausse.

Dans le camp de ceux qui ne croient pas à la hausse de la devise américaine, l’argument principal est qu’elle monte depuis sept ans, ce qui correspond à la durée moyenne des cycles de hausse et de baisse.

Le consensus mou sur le sujet est que le dollar devrait monter au moins jusqu’à la prochaine hausse des taux par la Fed.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !