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Criminalité à l'air libre: comment agissent les écomafias qui détruisent la planète ; Montebourg/Filippetti, les Bonnie & Clyde du PS ; Plats truffés d’ingrédients indésirables …comment manger intelligent ?
©relay

Revue de presse des hebdos

Dans les journaux, la Grèce ne fait plus la une. Finis les titres et autres analyses sur le cas de la dette, de l’Euro, de l’avenir de l’Europe. Tout cela a été réglé. On n’en parle quasi plus. Par contre, cette semaine, même si les sujets sont très différents les uns des autres, on retrouve dans nos hebdos, quelques sujets (à tendance) anxiogènes… question de ne pas aborder l’été avec trop de légèreté !

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Entre les murs de  prédateurs à Ensisheim : «  la prison des tueurs en série »

« L’Obs » choisi de nous  emmener dans la centrale pénitentiaire d’Ensisheim qui abrite les criminels les plus connus de France «  la prison des tueurs en série », celle où des hommes comme Francis Heaulme, Guy Georges, ou Michel Fourniret son écroués. Ce sont là trois noms parmi les 188 condamnés (il y en a 44 à perpétuité). Comment tout ce petit monde s’organise ? Patricia Tourancheau qui réalise ce « reportage exclusif » pour « l’Obs » pose les personnages : « au milieu de ces pédophiles et autres « pointeurs » (les violeurs dans le jargon carcéral), la vingtaine de voleurs à main armée font figure de marginaux. Mais étrangement l’administration pénitentiaire se méfie plus de ces braqueurs réputés « candidats aux évasions » que des « auteurs d’infraction à caractère sexuel » « potentiellement dangereux à l’extérieur mais plus apaisés à l’intérieur » selon le directeur Michel Schwindenhammer. ».

La journaliste s’interroge sur les règles de vie dans cet espace et comprend qu’il y a deux-trois « trucs » à capter. Par exemple, le programme est dense (entre travail, activités, cours…)« ça ne peut pas être uniquement de la garderie . Sinon, c’est une Cocotte Minute qui risque d’exploser ». Il y a des gardiennes pour pacifier ».  Pacifier, ça veut aussi dire « fermer les yeux » sur des dérives. C’est semble-t-il le cas pour les barquettes de médicaments. Les gardiennes « ne sont pas dupes. Elles admettent ne pas vraiment savoir s’ils les prennent ou pas. Pas dupe non plus sur le fait que certains les stockent, les mélangent ou les transforment en drogue ». Fermer les yeux permet alors de « maintenir la paix carcérale ».

Puis, on tourne les pages de « l’Obs » et on ressort de cette « prison des tueurs en série » un peu comme on sort d’un tour dans un train fantôme, où on a joué à se faire peur sans grand risque.

Etiquettes mensongères, bio industriel, plats truffés d’ingrédients indésirables… Que contient notre assiette ?

« Le Point » propose en Une de nous informer sur le vérités et les impostures sur la santé avec son dossier spécial « Manger intelligent »… Sujet bien inquiétant sur ce qu’on ingère comme cochonneries et qui ne peut que séduire en ce temps estival de chausse du maillot ! L’enquête ici proposée, pose les bases : En gros « on mange trop ». Ok. « On mange mal ». Oui, et ? Et « on se laisse convaincre par les slogans publicitaires que ne vantent que des aliments industriels ».

La source du problème est variée :

Il y a d’abord un système : Selon le docteur nutritionniste Laurent Chevallier, « l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution ont su aimanter nombre de médecins ». Nous sommes à deux doigts de pouvoir dire : « Tous vendus ». D’ailleurs « Le Point » recadre que « 95% des 50 000 chercheurs français de l’Inra, de l’Inserm ou du CNRS sont de bonne foi, mais quand une entreprise privée vous finance – parce que c’est ça ou fermer votre labo – inconsciemment, vous allez orienter vos recherches dans le « bon » sens ou vous autocensurer. Certains renoncent ainsi à publier des papiers trop négatifs pour éviter de voir les robinets se fermer » déplore le chercheur.

Il y a les politiques ensuite. « Certains ministres tentent de résister au rouleau compresseur industriel. Ségolène Royal a osé s’élever contre le Nutella, avant de battre en retraite face au feu des réactions ».

Enfin, il y a nous ! « La solution est entre les mains du consommateur » martèle le docteur. Alors si c’est nous qui avons le manche, encore faut-il l’orienter. Le magazine propose donc de bannir du Caddie : sodas, chips, charcuterie, mais va plus loin sur la « liste des substances épouvantails » à supprimer au mieux de notre alimentation : les sucres ajoutés, le sel (« chaque français avale en moyenne 8 à 9 grammes sans même s’en rendre compte : Plus de 70% du sel que nous consommons est caché dans les produis de l’industrie alimentaire »). Il y a aussi la fameuse huile de palme, les huiles hydrogénées (« le must de la malbouffe » qui rend plus croustillants les biscuits, les frites ou les barres de céréales), l’Acramyde (une substance issue du chauffage à plus de 120°C  « reconnue cancérogène avéré pour l’animal et « possible » pour l’homme ») ou encore la viande VSM (qui est une « viande sépare mécaniquement » avec une machine ; une viande peu chère, qui «  est utilisée dans les saucisses et dans plats préparés bas de gammes »). Sans oublier bien sur les arômes qui « arnaquent les papilles », les colorants, les conservateurs, les antioxydants, agents de texture, épaississants, acidifiants, les exhausteurs de goût, ou les édulcorants.

La criminalité environnementale : ces Mafias qui détruisent la planète pour un gain de 17 milliards d’€ par an.

Quant au dossier de « L’Express » qui fait la Une, il se concentre sur  « l’Ecomafia ». ça  couvre le braconnage d’animaux protégés, le commerce illégal du bois ou des plantes, le trafic de sable ou de déchets toxiques… « La criminalité environnementale ignore les frontières et ne cesse de se développer ». Et « malgré une forte mobilisation et d’importantes opérations de police, la communauté internationale peine à lutter contre des groupes toujours mieux organisés »

Interrogé par le journal, le juriste Laurent Neyret apporte son explication « les profits engendrés par les crimes environnementaux sont très élevés en comparaison de la faiblesse des poursuites et des sanctions applicables ». En effet les gains sont énormes.

« Le chiffre d’affaire annuel est estimé à 17 milliards d’euros, ce qui en fait le quatrième trafic du monde après ceux de la drogue, des produits contrefaits et des êtres humains ».

Et quels sont ces produits contrefaits ? « L’Express » note une « razzia sur les cornes de Rhinocéros », sur les éléphants, et sont aussi décimés l’hippocampe, le pangolin, l’anguille, le tigre et le loris paresseux. Il y a par ailleurs les forêts qu’on assassine, ou les mafias comme « Gomorra » à Naples qui est « champion » des déchets illégaux dont les « risques sanitaires demeurent et les circuits s’internationalisent ». « L’Express » recadre que si les zones de guerre africaines sont un terrain de chasse pour les trafiquants, aujourd’hui, ce qui est le plus difficile c’est d’identifier les donneurs d’ordres trafiquants comme ceux qui ont été attrapés récemment à Los Angeles…

L’Homme ? « L’homme est un animal malade » (Nietszche par Lucchini)

Après vous avoir présenté les trois couvertures de « L’Obs », « L’Express » et « Le Point »… à ce point de cette revue de presse hebdomadaire, je ne peux pas m’empêcher de faire entrer en scène Fabrice Lucchini, qui lui, fend la Une de « Télérama » cette semaine : « Lucchini débarque » ! Et ça offre quoi ? Ses petits mots, son érudition, son humour, sa distance, son cynisme sont ainsi de-ci de-là glissés dans le journal… Et face à ces différents systèmes malveillants abordés dans nos magazines, je profite de glisser un petit mot de l’acteur qui peut résonner avec tout ce dont on vient de parler : « Il y a  un très beau texte de Nietzsche qui dit que l’Homme est une créature dépossédée, dénaturée de son instinct. Qu’il rit, qu’il pleure, en un mot qu’il est un animal désastreux. « L’homme est un animal malade ». C’est magnifique. On m’avait dit un jour qu’être de gauche, c’est avoir le sens aigu que nous avons des choses à faire ensemble. Modestement je crois qu’on a à se supporter les uns les autres. Ce n’est déjà pas si mal. »

Laurent Fabius et Ségolène Royal : deux « éléphants » du PS face au climat

Se supporter les uns les autres ? Alors que la conférence climat à Paris, COP21 se prépare activement, les deux « éléphants » du gouvernement, Laurent Fabius et Ségolène Royal ne « jouent pas la même partition » détaille « Le Point ». On a défini des règles : « Lui c’est lui. Elle c’est elle. A lui les négociations, à elle l’agenda des solutions ; à lui le sérieux, à elle le concret. Ça aurait pu rouler ». En réalité rien n’est réglé « Fabius et Royal se chamaillent sur tout ».

Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti : les « Bonnie and Clyde » du PS ?

Dans « l’Obs », la photo – truquée - est assez belle, je dois dire ! Look un brin désuet, attitude frontale. Et le magazine d’expliquer son choix  de tire et d’illustration : « un an qu’ils ne sont plus  ministres. Un an qu’ils défouraillent tous azimuts au point d’être surnommés « Bonnie and Clyde » par Manuel Valls. Les intéressés s’en amusent « il se trompe complétement, se marre Filippetti, Bonnie Parker et Clyde Borrow étaient des gangsters mais ils braquaient des banques. Ils sont éminemment sympathiques dans l’imaginaire populaire ».

Outre ce parti pris visuel, le papier se veut plus interrogatif qu’affirmatif : « A quoi jouent Montebourg et Filippetti ? ». D’accord il y aurait un petit côté conquérant-dissidence-interne : « en couple à la ville comme en  politique, les deux anciens ministres dézinguent la politique du gouvernement. Et fomentent leur vengeance contre François Hollande pour 2017 ».

En même temps, les messages envoyés peuvent être paradoxaux. Arnaud Montebourg peut déclarer : « J’ai abandonné la politique professionnelle mais je m’occupe  toujours des la vie de la cité ». Mais en parallèle, le 24 juin, « L’Obs » raconte qu’une « douzaine de députés de gauche pas tous socialistes, pas tous opposants déclarés au gouvernement, avaient été invités à deviser en toute discrétion avec Montebourg »… et que s’y est-il dis ? « il nous a expliqué sa vision de la situation mais c’est tout ? On était après bien incapables de savoir s’il voulait revenir en politique » (raconte l’un d’entre eux qui balance en restant anonyme) ; « Arnaud était très nerveux à l’idée qu’on puisse le divulguer » (peut être avait il raison de croire que c’était un risque – de fait - puisque la consigne était plutôt « défense d’en parler »).

In fine, la question de l’article concerne surtout le retour de Montebourg en politique. Et alors ? « Il a envie de décrocher mais il en est incapable », affirme un camarade. Plus que Bonnie & Clyde, on ne serait pas plutôt dans « Bienvenue à ok corral » ?

Dette publiques : la Grèce - 176% ; la France - 95,3% ; Allemagne -74,8%

Alors que les négociations européennes autour du cas de la Grèce ont secoué la planète Europe jusqu’il y a quelques jours, « L’Obs » propose dans sa page « infographie » un « tour d’Europe de la dette »… expliquant que « l’endettement de la Grèce cache la forêt des créances accumulées par les Etats européens. L’application sous contrainte, d’un strict programme de réformes pourrait permettre aux Hellènes de bénéficier d’un rééchelonnement de la dette et d’une réduction des intérêts dus. ». Mais quid des autres surendettés de  l’union ?

Si la dette publique de la Grèce est de 176% (en pourcentage du PIB) pour comparer, celle de l’Italie et du Portugal (131,4%) sont aussi fort élevées. Celle de l’Irlande est de 114,8%... et suivent la Belgique (108,2%), l’Espagne (96,8%), la France (95,3%) et le Royaume uni dans le rouge avec 87,9%. Et l’Allemagne, alors ? Pas forcément exemplaire avec ses 74,8%, et surtout bien au delà des cas de la Suède, de la Finlande, de la Pologne, de la Roumanie ou de la Slovaquie par exemple, meilleurs élèves (avec des dettes au dessous du taux de 60%).

Téhéran et Washington se rapprochent : de nouveaux amis ?

« Le Point » revient de son côté sur l’autre grande actualité internationale de la semaine autour de l’Iran et de son « accord qui change tout ». Le magazine recadre l’enjeu de cet accord : « Au-delà de l’enjeu purement militaire, l’accord de Vienne ouvre la voie à une normalisation inédite des relations entre l’Iran et la communauté internationale », il « officialise son rapprochement avec les Etats unis ».  Mais alors, cela veut-il pour autant dire qu’on jette les armes ? Non, il ne faudrait pas s’emballer, rappelle « Le Point » : «  une vraie réconciliation entre les ennemis d’hier reste pour l’heure exclue, tant l’antagonisme reste profond entre les deux pays » et pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté : « en témoigne la dernière sortie de l’ayatollah Khamenei qui a déclaré qu’il faudrait, même en cas d’accord, poursuivre la lutte contre le Etats Unis « exemple parfait d’arrogance » ». 

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