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Steve Jobs, la vraie vie d'une icône
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Revue de blogs

La Toussaint incline aux hommages, mais aucun n'a autant étonné et ému cette semaine que l'éloge posthume de la sœur de Steve Jobs, la romancière Monna Simpson, publié par le New York Time. Il restait donc quelque chose à découvrir de Steve Jobs, le plus important, le père, le mari, le frère, vu par une femme qui l'aimait, visiblement.

C'est aujourd'hui que l'on découvre que la vraie vie de Steve Jobs, disparu ce mois-ci,  bien qu'icône assoluta, était restée d'une impénétrable simplicité et banalité.L'éloge d'une de ses parentes proches, sa demi-sœur, publiée le 30 octobre dans le New York Time, puis bien vite sur toute la blogosphère tech et au-delà, dans le monde entier, est une très rare ouverture sur l'intimité de l'icône et ses derniers jours. Pour une fois, les commentaires ici ousont restés discrets, voire absents, respectueux de cette dernière lettre d'amour et de l'homme.

Pendant 25 ans, Mona Simpson n'a  partagé avec Steve Jobs que le même père biologique, vite envolé, obsédant par son absence pour lui comme pour elle. Ni l'enfance de Monna, ni celle de Steve, ne furent simples sous des dehors middle class. En 1986, Mona Simpson publiait son premier roman, N'importe où sauf ici,  biographie à peine voilée d'une enfance de road movie, accrochée aux dérives d'une maman instable. Et c'est encore un moment digne d'une séquence de film, d'un roman à la Dickens, qui les réunit.  En 1985, Monna travaillait dans une petite maison d'édition de New York, en tentant d'écrire ses livres,  "quand un jour, un avocat m'a appelée  - moi, la fille middle class de Californie qui houspillait son boss pour qu'on ait une assurance maladie - et il m'a dit que son client était un homme riche et célèbre, et qu'il était le frère perdu depuis longtemps".

C'est une histoire d'amour, et Mona Simpson ne le cache pas :"Toute ma vie, j'ai attendu un homme à aimer, qui pourrait m'aimer. Pendant des dizaines d'années, j'ai cru que ce serait mon père. Quand j'ai eu 25 ans, j'ai rencontré cet homme, et c'était mon frère". Le personnage public, économique, controversé, elle ne l'a pas connu; son éloge alterne des bribes de conversations maintenant historiques, comme lors de leurs premières rencontres : 'J'ai dit à Steve que je pensais depuis peu à acheter pour la première fois un ordinateur portable: quelque chose qui s'appelait le  Cromemco. Steve m'a dit que c'était une bonne chose d'avoir attendu. Il a dit qu'il était en train de faire quelqu'une chose qui allait être follement beau'. Et des jugements peut-être amoureux, peut-être éclairants: "La nouveauté n'était pas la première des priorités de Steve. C'était la beauté."."Steve était  humble. Steve aimait apprendre continuellement".  

On découvre, presque incrédules, un Steve Jobs fleur bleue: "Steve était comme une fille, dans le temps qu'il passait à parler de l'amour. L'amour était sa vertu suprême, son dieu des dieux. Il suivait la vie sentimentale des personnes qui travaillaient avec lui et s'en inquiétait". Et décidé, par la faute d'une gloire trop rapide et fugace, de ne plus jamais s'éloigner des normes d'un bonheur familial middle class  avec sa femme Laurene, dans une maison certes magnifique, mais où la salle de bain, comme partout, attendait des jours meilleurs, et où le menu consistait souvent en seuls légumes, les meilleurs, mais seulement un, en abondance, et seulement cela. Elle précise, avec un sourire entre les lignes, que la rénovation d'une  cuisine chez les Jobs avait pris plus de temps que la construction du siège de Pixar. Que s'il n'y avait pas eu cette enfance, et Apple, il serait devenu mathématicien. Que son projet, une fois ses enfants sortis de l'université, était de prendre sa retraite en faisant le tour du monde avec sa femme sur un bateau à voile qu'il faisait construire en Hollande. Les rêves d'un enfant des seventies.

La maladie n'a rien permis de tout cela. L'éloge devient poignant, quand Monna évoque des années terribles, à lutter, à tenir pour ses enfants, avec juste une touche d'ironie pour évoquer les 67 infirmiers et infirmières à domicile qui ne convinrent pas à ses attentes, avant d'embaucher les trois personnes qui l'accompagnèrent jusqu'à la fin."Je suppose que ce n'est pas tout à fait exact de décrire la mort de quelqu'un qui vit avec un cancer depuis des années "inattendue", mais la mort de Steve a été inattendue pour nous. Ce que j'ai appris à la mort de mon frère, c'est que le caractère est essentiel. Ce qu'il était, c'est comme ça qu'il est mort'

BBentouch a choisi comme titre de son post de blog l'incroyable chute de cette longue éloge, où Mona Simpson,  peut-être plus romancière que sœur, annonce que les derniers mots de Steve Jobs furent, avant de sombrer dans l'inconscience : "Oh Wow. Oh Wow. Oh wow".

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