Pourquoi la politique de taux zéro fera bien plus de dégâts que le libéralisme<!-- --> | Atlantico.fr
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Dans notre économie manipulée, les taux de change et les taux d'intérêts sont fixés par les banques centrales avec la complicité du personnel politique.
Dans notre économie manipulée, les taux de change et les taux d'intérêts sont fixés par les banques centrales avec la complicité du personnel politique.
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Dans un pays où le mot "Libéralisme" est presque un gros mot, il est curieux d’entendre pratiquement tous les jours des économistes pontifiants nous expliquer que tout ce qui va mal dans le monde et surtout en France est de la faute du libéralisme, voire du néolibéralisme.

Dans une économie libérale, rappelons-le, la fixation des prix est la conséquence de deux paramètres. Le premier est celui des taux de change, qui m’indique si moi entrepreneur, j’ai plus intérêt à produire et à vendre dans mon pays ou à l’étranger. Le deuxième est celui des taux d’intérêt, qui me permet de juger si l’investissement que je vais réaliser pour produire peut être rentable, compte tenu du taux où j’emprunte de l’argent à mon banquier.

Dans une économie manipulée, ces deux taux sont fixés par les banques centrales avec la complicité du personnel politique. Ces deux milieux sont de connivence pour fixer à la place du marché le niveau des prix. C’est ce qui se passe aux Etats-Unis, au Japon et maintenant en Europe.

Toute cette manipulation planétaire est inefficace pour faire repartir les économies de façon durable. En revanche, elle nourrit la spéculation sur les actions. Dans des pays comme l’Allemagne ou la Suisse, le taux de rendement des obligations à 10 ans est actuellement négatif jusqu’à six ans de durée de vie. L’investisseur doit donc payer celui qui lui emprunte de l’argent. C’est le monde à l’envers. Le résultat est que les institutions comme les caisses de retraite, qui ont des engagements vis-à-vis de ceux qui ont cotisé toute leur vie, doivent prendre de plus en plus de risques pour générer du rendement.

Cet environnement de taux zéro ou négatif ne permet plus aux investisseurs de réaliser convenablement une allocation de leurs investissements. Il suffit de regarder les rapports cours/bénéfices de certaines introductions en bourse pour constater à quel point on est en train de sortir des clous. Etsy a été introduit au Nasdaq sur la base de 217X, les bénéfices escomptés pour les douze prochains mois ; Shanghai Kingstar Winning Software à la bourse de Shenzhen sur la base de 214X ; Shenzhen Kingdom Technology à la bourse de Shanghai sur la base de 176X….

C’est pourquoi la détention de liquidités non rémunérées est en train de devenir la classe d’actif préférée des stratégistes prudents.

En France, l’Etat asphyxie les entrepreneurs

Le pays qui a le moins de raisons de se plaindre du libéralisme, c’est bien évidemment la France. Aux manipulations de taux de change et de taux d’intérêt, elle ajoute une dépense publique qui représente 57% de notre richesse nationale, contre 43% dans les pays de l’OCDE. Nos impôts sont parmi les plus élevés d’Europe, avec des résultats économiques extraordinairement médiocres.

Le chômage dépasse la barre des 3,5M, qui s’explique pour l’essentiel par une véritable préférence nationale pour le chômage et se traduit en permanence par des micromesures ponctuelles inefficaces. La "prime d’activité" étant la dernière invention qui vient de sortir. Dans un autre domaine, on a appris cette semaine que l’armée française ne payait plus ses fournisseurs depuis octobre 2014 !

Comme le montre le premier graphique ci dessous, les dépenses de l’Etat (courbe rouge) asphyxient le secteur marchand (courbe bleue), c’est-à-dire celui des entrepreneurs.

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Le deuxième graphique montre bien que le PIB du secteur public (courbe rouge) connaît une croissance forte et régulière, alors que cela n’est pas le cas du tout pour le PIB du secteur marchand (courbe bleue). Et comme le secteur privé formé par les entrepreneurs est le seul à pouvoir proposer de vrais emplois à ceux qui cherchent un travail, nos hommes politiques seraient bien avisés d’en tenir compte…

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

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