Pendant que la gauche est en ruine, le FN fait peur aux patrons ; mais pourquoi laisser nos Rembrandt quitter la France ? ; Vocalys : "parle à ta cafetière" <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Pendant que la gauche est en ruine, le FN fait peur aux patrons ; mais pourquoi laisser nos Rembrandt quitter la France ? ; Vocalys : "parle à ta cafetière"
©

Revue de presse des hebdos

Mais aussi : Les Français, plutôt heureux de leur vie… Mais les citoyens français, pas heureux du tout : le vote sanction des départementales ; Bilan du 1er tour : La gauche K.O. ; Les fausses promesses du FN : les patrons inquiets ; Le vote extrême droite « le cri d’alarme des Klarsfeld » ; « La shoah est devenue une sorte de boussole qui indique le mal absolu ».

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

Voir la bio »

Comment ça va ? Les Français, plutôt heureux de leur vie…

L’Express « Dans quelle mesure êtes vous satisfaits de la vie que vous menez actuellement » ?

En voilà une sacrée bonne question ! Elle a été posée aux habitants des états membres de l’Union Européenne par « Eurostat », nous rapporte l’Express en entrefilet. Résultat ? Le trio gagnant ne nous surprend pas, Danois, Finlandais et Suédois s’affirment comme les plus satisfaits avec une note de 8/10. Pas mal… et les plus mal lotis ? Ce sont nous les Français, dépressifs et anxieux ? Non. Ce sont les Bulgares qui évaluent leur niveau de satisfaction à 4,8/10. Moins de la moyenne… et nous et nous et nous ?

Eh bien nous, j’ai peur de vous décevoir mais, on déclare être « plutôt satisfaits de la vie que nous menons actuellement ». Notre note : 7/10. Quand on s’exprime en chiffre, on est plus positif que quand on vote, à en croire ces derniers jours et le premier tour des départementales.

… Mais les citoyens français, pas heureux du tout : le vote sanction des départementales

« On vote à gauche, ça ne va pas. On vote à droite, ça ne va pas. Le FN ? il faut peut être voir ce que ça donne aux départementales avant de les mettre plus haut »… L’Obs est parti à la recherche de ceux qu’on appelle maintenant des « électeurs perdus » partout en France. Ceux-là sont dans le Pas-de-Calais, et sont perdus, c’est vrai, parce que le FN « c’est quand même l’extrême-droite, et Hitler était d’extrême droite ».

Bilan du 1er tour : La gauche K.O.

Plus que la percée du FN, ce qui intéresse l’Obs et L’Express, c’est la gauche cata qui « pourrait laisser échapper une trentaine de départements dont des bastions historiques ». Renaud Dély regarde dépité le PS, « moins de trois ans au pouvoir et le voilà au plus bas ». Après la débâcle des municipales, il y a 12 mois, qui lui avait fait perdre 196 communes de plus de 9 000 habitants, dimanche dernier, les départementales ont relégué le PS au 3e rang, au 1er tour.

Le magazine  « L’Express » lui fait sa Une sur « la Gauche en ruines », rappelant : l’effondrement socialiste au premier tour des élections départementales, avec l’élimination de 524 candidats sur 2 054 cantons, « une triple punition », explique Christophe Barbier. En cause, une perte de cap : « La mission du parti socialiste, c’est de proposer sans cesse des innovations qui aident les Français en difficulté sans se contenter de prolonger un assistanat que la collectivité ne peut plus financer ? ». Echec. L’éditorialiste insiste sur de nombreux paradoxes. « Où est le basculement de l’Etat dans la modernité, qui exige la puissance dans le régalien et la frugalité dans l’administratif ? ». Echec. Et le choc de simplification ? « Un coup d’épingle dans un édredon ». Ou encore « où est la grande remise en ordre de la fonction publique territoriale ? ». Le problème n’est pas que comportemental, à lire Christophe Barbier, il est totalement structurel : « Aujourd’hui, le PS a non seulement dû reconnaître la nécessité du capitalisme et le triomphe du marché, mais il a abandonné les ouvriers, les paysans et même les employés pour se replier sur les cadres des centre-ville ». Echec encore et encore. Et pour tirer un dernier coup et être sûr que plus personne ne se relève, il cite le père, Mitterrand, qui a dit : « la pire erreur n’est pas dans l’échec, mais dans l’incapacité de dominer l’échec ».

Les fausses promesses du FN : les patrons inquiets

« Sur le terrain les solutions miracles du Front National résistent mal aux réalités de la gestion municipale ou départementale » rappelle le magazine Challenges. D’ailleurs seulement « 17% des personnes qui s’apprêtaient à voter FN au premier tour adhéraient à ses solutions économiques et sociales » expliquent-ils, au point que la montée du Front National « inquiète jusque dans les rangs patronaux ». Le président du Medef, Pierre Gattaz est sorti de sa réserve le 24 mars en évoquant le programme économique de l’extrême droite « complétement absurde » qui « conduira au chaos, car il veut nous recroqueviller sur nous-mêmes », a-t-il déclaré. Et concrètement ? Challenges liste cinq mesures qui hérissent particulièrement le patronat : la sortie de l’euro, la nationalisation partielle des banques des dépôts, la fusion de la taxe foncière et de l’impôt sur la fortune, le retour de la retraite à 60 ans et l’augmentation de 200€ de tous les salaires inférieurs à 1500€... tout cela se chiffrerait en milliards d’euros par an, de l’argent provenant des caisses publiques…« irréaliste en période de disette budgétaire » !

« Le cri d’alarme des Klarsfeld »

« Le malheur c’est que les vieux préjugés d’extrême droite concernant les juifs, sont les mêmes qu’avant et entrent désormais en résonance avec ceux de la population de banlieue originaire d’Afrique du Nord, où beaucoup considèrent les juifs comme les riches, des soutiens d’Israël… ». Les Klarsfeld, sont en couverture de « l’Obs », cette semaine. Une couverture en Noir et blanc, pour tenter de rappeler que l’Histoire et ses horreurs ne sont pas loin. Le couple Klarsfeld le sait mieux que quiconque. Lui, Serge, juif, fils de déporté à Auschwitz. Elle, Beate, allemande non juive, militante antinazie. Ils ont marqué l’histoire du 20e siècle pour leurs combats, « de leur chasse aux nazis aux collabos français jusqu’à leur lutte précoce contre le Front National ». Aujourd’hui, ils publient leurs « mémoires », écrits à quatre mains, secoués par le regain de haine ces dernières années, entre les assassinats perpétrés par Mohamed Merah à Toulouse, de « Charlie Hebdo » et de l’Hyper Cacher, en passant par le succès d’agitateurs antisémites comme Dieudonné ou Alain Soral….

Et aujourd’hui, en voyant ainsi le FN s’enraciner ? Leur réponse est sans détour, « Nous continuerons à nous battre jusqu’au bout. Mais il faut être lucide. Si nous voyions que la victoire de Marine Le Pen aux élections était assurée, notre place ne serait plus ici, en France ». Avant de rajouter un détail de taille : « ce ne serait pas une fuite, ce serait un exil ».

« La shoah est devenue une sorte de boussole qui indique le mal absolu »

Au risque de vous surprendre, la Une de Télérama est elle aussi en Noir et blanc, avec ce choix aussi de rappeler l’horreur : « Comment ils ont raconté les camps ». Les camps de la mort, la shoah, la haine, l’extrême droite… avec cette question portée par Ivan Jabloka, petit-fils de juifs polonais communistes assassinés à Auschwitz : « Comment transmettre alors que ceux de la génération qui a vécu la shoah va bientôt disparaître ? ». cet historien ne fait pas qu’interroger. Il apporte un nouveau regard et « assigne aux sciences sociales une mission de service public ». C’est-à-dire ? Il part de ce postulat (repris chez Peter Novick) selon lequel « 97% des Américains ont entendu parler du génocide, mais qu’un tiers d’entre eux ignorent quand il a eu lieu ». Ce qu’en conclut Ivan Jabloka, c’est que « les historiens essaient de complexifier l’histoire » et surtout qu’il serait « essentiel de travailler sur les autres génocides, celui des Arméniens, des Tutsi du Rwanda, celui des Khmers rouges pour étudier la propagation de la haine, les techniques de mises à mort, le consentement des populations témoins, l’enracinement de la mémoire. »… Comment la haine se déplace, vu au travers des sciences sociales.

Churchill, une figure de courage pour retrouver le Nord !

Au risque de vous lasser, la Une du« Point » est là encore en Noir et Blanc. On continue de puiser dans l’Histoire pour chercher des enseignements cette fois chez Winston Chrchill, « génie historique ». La quête ici est celle du « courage en politique » car, « tout au long de la 2ème guerre mondiale, son courage flamboyant, tour à tour épique et lyrique implacable et désespéré, autoritaire et sentimental, provocateur et enragé, le place hors de pair », soutient Alain Duhamel. Pour aborder la figure de Winston - puisque « Le plus grand c’est lui » -, quelques personnalités (François Fillon, Edith Cresson) évoquent la question de son « courage en politique ». La philosophe Cynthia Fleury le qualifie tout particulièrement : « le courage de Churchill est celui du dire-vrai », explique-t-elle, avant de poursuivre sur ses mémoires et leur lucidité : « une leçon de choses sur l’aveuglement des alliés, leur mauvaise interprétation des faits, leur laxisme, alors que tant de fois ils auraient pu tuer dans l’œuf cette guerre qui s’annonçait ». Un enseignement sans doute émanant de cette terrible époque historique où « la malveillance des méchants se renforça de la faiblesse des vertueux ».

Trois petites citations de Churchill : pour vous faire plaisir, pour sourire, pour répéter dans les dîners, et aussi pour réfléchir 

« Certains changent de principe pour l’amour de leur parti. Moi je change de parti pour l’amour de mes principes ».

« Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre ».

Au général Montgomery qui déclare « je ne bois pas, je ne fume pas, et je suis en forme à 100 %, Churchill répond : « Moi, je bois, je fume et je suis en forme à 200% ».

Et si on était plus heureux que ce qu’on pensait : bipolaire, pas dépressif

Dans l’Express, Estelle Saget évoque des travaux de Jean Pierre Guichard, psychiatre à la clinique la nouvelle Héloïse à Montmorency. Selon lui, « environ 40% des diagnostiques de dépression correspondraient, en fait à des troubles bipolaires ». Qu’est ce que dirait cet erreur de diagnostique ? Et bien, la bipolarité se caractérise par l’alternance de « hauts » et de « bas », soit un épisode de dépression succédant à un excès d’exaltation.

Mais comme on consulte pendant les « bas »… les médecins ne maîtrisent pas qu’il y a aussi les « hauts ». Cette « confusion est donc préjudiciable, car les traitements de ces maladies sont différents ». et on pourrait aller peut être un peu moins mal…

Choisir la bonne voix : Vocalys, voix du futur ?

Vous dites « fais-moi un café » et la cafetière comprend que c’est à elle qu’on s’adresse. Vocalys, c’est ça ! C’est « un système capable de se connecter à n’importe quel ordre émis vocalement sans avoir à solliciter l’appareil ». « Les Inrockuptibles » cette semaine zooment sur cette innovation française qui est en cours de développement. Ce dispositif de contrôle vocal capable de se connecter à n’importe quel appareil électronique, a été conçu par des étudiants de l’école d’informatique Epitech. Vocalys pourra se connecter à tout notre environnement électronique, que ce soit notre frigo, notre four, ou notre télévision…

Comment ça va en Egypte ? Alaa al-Aswany, aphone en son pays : « face à l’extrémisme, on doit pouvoir s’exprimer librement »

Alaa al-Aswany est l’écrivain le plus vendu dans le monde arabe. L’Express redonne cette semaine la voix à ce chroniqueur au NY times, qui ne peut plus publier d’articles dans son pays. Pendant la révolution, il s’est engagé contre les frères musulmans, et est une des figures des révolutionnaires de la place Tahrir en janvier 2011. S’il soutient toujours grandement ce qui s’est passé le 25 janvier 2011, quand « le mur de la peur est tombé », s’il convient que « la révolution a conduit à un changement dans l’attitude des hommes » et que « les Egyptiens aujourd’hui ne sont plus ceux qui vivaient sous Hosni Moubarak »… Il ne reste pas moins très circonspect. Les Egyptiens « veulent une démocratie pas une demi-démocratie, pas celle des Frères musulmans ou des militaires ». Et selon Alaa al-Aswany, le régime actuel est très loin d’être satisfaisant. « Moi par exemple je ne peux plus écrire dans mon pays. Plus aucun journal égyptien n’accepte mes articles car j’ai dit que l’élection présidentielle ne s’était pas déroulée dans les règles de la démocratie »... « Et qu’il n’y a pas de différences entre la vision de Moubarak et celle d’All-sissi ; l’un et l’autre jettent des révolutionnaires en prison pendant des années ».  Et l’écrivain d’ajouter : « Mon devoir est de combattre ce régime qui nous pousse  vers ne nouvelle dictature ». Après le combat de masse sur la place en groupe, le combat de la plume de l’écrivain seul.

Lanceurs d’alerte : « mesurer à quel point l’espace de la démocratie est codifié »

Sans critiquer, lui, met en exergue « des individus face aux masses et aux groupes ».« J’ai voulu mettre en question la question du « nous » qui constitue une communauté » explique dans Télérama, Geoffroy de Lagasnerie, ce philosophe et sociologue français qui salue la fonction des lanceurs d’alertes, « ces nouveaux activistes qui nous incitent à repenser la démocratie ».

Le fait d’emprunter une autre voie est souvent répréhensible. Par exemple, si on revient sur le cas de Snowden,  « on parlera de « désobéissance civile », de « citoyen engagé » qui se sacrifie pour le bien commun… en fait  Snowden « ne désobéit pas à la loi américaine ; il ne la reconnaît pas ».

Cette réflexion sur les lanceurs d’allerte nous renvoie à la question de l’individu et du collectif, et permet de « mettre en question la fascination de la théorie contemporaine pour le mouvement des places, le rassemblements populaires comme Occupy, les Ignignés ou les printemps arabes, cette manière dont les gens manifestent un « nous » égalitaire, horizontal, contre le pouvoir des oligarchies ».

Et où ça va ? Les Rembrandt quitteraient la France, L’Express lance l’alerte

Selon une enquête du magazine, « le ministère de la culture a autorisé le collectionneur Eric Rotschild à vendre hors de France deux chefs d’œuvres », et ce en bonne et due forme, avec l’aval du patron du Louvre.

Nombreux sont les témoignages concordant sur le fait que cette « Affaire est très inquiétante », qui pousse à craindre une grande « évasion » de notre patrimoine. En cause « deux tableaux qui comptent parmi les 7 plus importantes peintures anciennes détenues de longue date en France par des propriétaires privés ». A l’unisson, esthètes et professionnels s’inquiètent de cette attitude de l’Etat français, d’autant que les britanniques, les italien ou les néerlandais eux « déploient beaucoup d’effort et d’ingéniosité pour garder leur patrimoine » en ce moment. En cause, « les causses sont vides », et le cabinet de Fleur Pellerin d’expliquer que « c’est avec une grande tristesse qu’elle s’est résignée à délivrer les certificats pour ces tableaux exceptionnels ». Mais face à la tristesse, la colère de voir partir un « trésor nationale », « un désastre pour notre patrimoine »

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !