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Lars Vilks, la routine de la peur du caricaturiste danois ; la République face au Coran et Manuel Valls face à l’antisémitisme ; Trieirweiler ne veut plus gêner François
©Reuters

Revue de presse des hebdos

Mais aussi la loi Macron décortiquée, l'immigration en question, le financement des attentats dévoilé, un "foutez le camp" rageur et une voile solaire bientôt disponible. La revue des hebdos cette semaine : beaucoup de gravité, un peu de légèreté.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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7 janvier, Paris - 14 février, Copenhague : L’horreur du fanatisme résonne.

Sur la liste des ennemis d’Al Qaïda, il y avait Stephane Charbonnier alias Charb. Il y en a d’autre, comme Lars Vilks, objet d’une fatwa après avoir caricaturé Mahommet en 2007. C’était lui la cible du tueur du centre culturel danois. Joint par l’Obs, il témoigne « J’ai vécu beaucoup de choses ces dernières années. Je ne réagis plus de la même façon. C’est presque devenu une routine »… Si Lars Vilks parvient à ainsi résister à la pression depuis huit ans, les déflagrations autour des caricatures de Mahomet se font de plus en plus puissantes en Occident et secouent la presse encore cette semaine.

Les plumes tremblent encore, mais on pense et on raisonne

Et d’abord, « que dit vraiment le Coran » ? L’Obs offre un dossier didactique long d’une dizaine de pages autour de cette question fondamentale, puisque c’est dans ce livre sacré, qu’on cherche des justifications au pire « autant chez les djihadistes que du côté de ceux qui redoutent l’Islam ». Ici, pas peur des questions qui fâchent : « la violence est elle intrinsèque à l’islam ? », « La femme est elle un sous homme ? », « Caricatures du prophète : où est le problème ? », ou même « le Coran véhicule-t’il la haine des juifs ? ». Vaste questions. A celle du Coran et des juifs, par exemple, on rappelle que les fils d’Israël sont les garants de la révélation de Mahomet et que Moïse est une des figures bibliques les plus fréquemment mentionnées dans le Coran, mais que malgré cela « c’est peut être au sujet des juifs qu’on trouve la plus grande ambiguïté et les versets les plus violents du texte sacré ».

"L’antisémitisme psychologique"

A cette question des fondements de  l’antisémitisme, dans l’Express, Christophe Barbier analyse les événements visant les juifs qui traversent l’actualité ces semaines et affirme quant à lui que non, ce n’est pas aujourd’hui, de « l’antisémitisme idéologique » comme c’était le cas lors de « l’affaire Dreyfus », ou comme ce qui a été véhiculé par le nazisme. Ce n’est pas non plus de « l’antisémitisme économique », « de jalousie cupide ». Aujourd’hui, on aurait affaire à de l’ « antisémitisme psychologique qui agit et tue », « c’est celui qui pénètre tellement les esprits qu’il est inaccessible au raisonnement et passe par dessus la nationalité, l’intégration sociale ou la culture d’origine de ses pratiquants ». Il s’agirait là d’une « haine de conviction, d’éducation – « d’instinct » même, (…) pour faire croire que c’est « naturel ».

Mais alors, quand, les mots sortent de la bouche d’un ancien ministre de François Mitterrand, on parle de quelle forme d’antisémitisme ? Un peu plus loin dans ses pages, L’Express revient sur les mots de Roland Dumas face à Jean-Jacques Bourdin au sujet d’un Manuel Valls « probablement  sous influence juive », puisque « sous influence de sa femme » de confession juive. Pour contrer les insinuations du nonagénaire, Else Karlin rappelle quelques mots du discours du premier ministre le 13 janvier dernier à l’assemblée, aux lendemains des actes terroristes : « Je ne veux plus qu’il y ait des juifs qui puissent avoir peur, je ne veux pas que les musulmans aient honte ».

"L’Islam est il compatible avec la République ?"

Et pour que « l’Islam n’ait plus honte », toujours dans ses questions qui fâchent, l’Obs pose aussi celle-là : « l’Islam est il compatible avec la République ? »… La parole est à Baudoin Dupret, directeur du centre Jacques-Berque à Rabat au Maroc et auteur de la « charia ». Il explique que « le Coran ne fournit pas le droit au sens actuel (…) toutes les formes d’injonctions qu’on y trouve ne constituent pas un Code de lois, ni un système juridique, ni même une volonté de donner à la communauté des règles précises avec vocation à s’exercer en tout temps (…) ce qu’on appellera malencontreusement la « Constitution de Médine » n’a rien à voir avec un véritable Constitution mis avec un pacte tribal ». Donc oui, les l’Islam doit être compatible avec la République.

Le "Foutez le camp" contre la violence

Lui, prône même la Loi de la République pour résoudre les conflits : Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam, est le premier maire musulman d’une métropole européenne. Cet élu social-démocrate, marocain d’origine, avait fait entendre sa voix à la télévision, le jour de l’attentat contre Charlie  avec « un Foutez le camp ! » qui n’était pas passé inaperçu. Aujourd’hui, ce pratiquant « appelle les musulmans à se mobiliser contre la violence » et prône le droit à la liberté d’expression dans un grand entretien à l’Express. « La liberté c’est bien sûr le droit de provoquer par des caricatures, mais c’est aussi la protection accordée à l’individu contre l’intervention de l’Etat, c’est aussi la liberté de croire et de fonder des institutions religieuses. Je peux comprendre que mes coreligionnaires aient pu se sentir offensés par « Charlie Hebdo » mais dans ce cas il existe des protocoles tels que le retour aux tribunaux ». Et à Ahmed Aboutaleb d’aller plus loin encore en parlant de ceux qui ont commis les attentats. Sans langue de bois : « Arrêtons de les appeler des radicaux. Etre radical c’est un droit dans une société démocratique. Mais ceux qui recourent aux armes, comme en France, sont des criminels qui relèvent de la police et des services de sécurité. Il faut les mettre hors d’état de nuire ».

Ici on pose la question de l’immigration…

Encore plus loin, encore plus détonnant, le maire de Rotterdam tire le fil du problème des attentats et remonte à la pelote de l’immigration : « Au moment où nous parlons, une flopée de bateaux traverse la méditerranée pour la plupart en provenance du monde musulman (…) Mais faut il continuer à les accueillir alors même que certains parmi ces migrants, ou, à plus long terme, leurs enfants vont nous menacer ? Est-ce la meilleure manière de remercier ceux qui les ont accueillis » « négliger cette question serait irresponsable et il appartient aux musulmans issus de l’immigration d’y répondre ».

La République, le Droit, la "spiritualité laïque", mais aussi la "responsabilité"

Lui aussi insiste sur l’importance de l’Etat et de la justice. Télérama fait la part belle au chanteur Abd Al Malik qui publie aux éditions Indigènes un plaidoyer passionné « Place de la République, pour une spiritualité laïque ». Pour rappel, c’était aux mêmes éditions qu’était par le texte de Stéphane Hessel « Indignez vous » il y a quelques années. Abd al Malik y slame avec sa plume, son cœur et sa sagesse d’ancien mauvais garçon des cités rentré dans le rang : « République, ô ma République, mais pourquoi donc ne m’as-tu pas dit que tu m’aimais ? ». Il en appelle à l’amour, à une démocratie spirituelle, laïque, fraternelle et affirme que « les caricatures sont un acte démocratique par excellence, un éclatant symbole de la liberté d’expression ».

Mais il veut aussi « parler de la responsabilité : ce n’est pas parce qu’on peut tout faire, qu’on doit tout faire ». «  Dans ce contexte actuel de pression extrême sur les musulmans (…) Charlie Hebdo a fait preuve d’irresponsabilité en multipliant les caricatures. Même si le but était de montrer du doigt les intégristes, et même s’ils en avaient le droit légal ». Bémol.

D’autres valeurs : quid de l’argent et des attentats ?

Il y a les croyances… mais quels sont les moyens d’y croire ? Challenge s’intéresse au financement du terrorisme et du djihad. On y apprend que le terreau idéologique de l’islamisme extrémiste peut compter sur de généreux mécènes et que Daech et Al-Qaïda ne manquent pas de ressources.  Mais l’amplitude est large et si on peut atteindre dans certains cas des millions de dollars provenant de la contrebande pétrolière, souvent les attentats sont autofinancés par de petits trafics. D’ailleurs, les frères Kouachi n’ont pas eu besoin de fonds très importants. « Ils avaient organisé un trafic de baskets contrefaites qu’ils faisaient fabriquer à l’extérieur et qu’ils revendaient avec bénéfice » selon les explications du ministre Michel Sapin. Et combien a couté l’attentat contre Charlie Hebdo ? « il n’a pas nécessité plus de 25 000€ ». Quant à Amédy Coulibaly ? le meurtrier de l’hyper cacher aurait contracté « un simple prêt à la consommation de 6000 € auprès de Cofidis ». Les attentats du 11 septembre ? « Le FBI a estimé à 373 000 dollars le coût des attentats à New York ». Au delà des montants, ce que ce papier permet de saisir, c’est qu’on aurait pu difficilement anticiper ces actes terroristes via des mouvements bancaires.

… Et là on refuse la rhétorique de l’immigré bouc émissaire

« Et dire qu’il a fallu que ce soit la Grèce, la Grèce piétinée et humiliée, mais aussi la Grèce éternelle, qui nous donne cette leçon d’histoire et de politique… ». Les Inrockuptibles font leur couverture sur  la coalition de Gauche radicale, Syriza, et dans son édito Frederic Bonnaud de clamer que « Syriza, c’est non seulement l’inverse du “There is no alternative” néolibéral mais aussi la réinvention grandeur nature de la démocratie, pas moins ». Pas moins que ça ? Pour appuyer son propos, il nous engage à lire le programme de Syriza à la rubrique « immigration » pour comprendre l’ampleur du séisme grec. Ce mouvement qui a remporté les élections et 36% des suffrages « aurait pu être tenté d’amoindrir un peu son programme de regroupement familial et la naturalisation massive des étrangers et de leurs enfants, l’accès aux soins et à l’éducation, et le droit de vote et l’éligibilité des immigrés… ». Mais non !  Syriza est aussi « celui qui refuse absolument la rhétorique de l’immigré comme bouc émissaire de la misère, dans un pays où le néonazis d’Aube dorée restent la troisième force politique »

La loi Macron à tout prix !

L’exécutif a utilisé les grands moyens pour faire passer le texte de la Loi Macron, la presse ne peut qu’être unanime là dessus.

Dans l’Obs, on considère que « le novice (NDLR : Emmanuel Macron) a oublié qu’un ministre ne peut se cantonner à la technique : il doit aussi faire de la politique. Et en priorité traiter sa majorité ». En bref, loin d’avoir pu convaincre les siens sur les bancs de l’assemblée, le gouvernement a sorti « l’arme atomique que renferme la constitution pour faire passer une voix sans vote » et a dégainé le « 49.3 » de la constitution. Cet article permet d’adopter la loi sans vote de l’assemblée nationale. « La loi Macron » va donc être adoptée… sauf si, à l’assemblée nationale, 289 députés votaient la motion de censure, ce qui ferait tout bonnement tomber le gouvernement, in fine… Donc, au travers de la motion de censure, la question qui va dans le fond être posée aux députés n’est plus tant sur la Loi elle-même que : Etes vous suffisamment contre la loi pour faire tomber le gouvernement ?

Euh… mais quelle Loi Macron ?

Mais au fait, qu’en reste t’il (vraiment) de la Loi Macron ? Dans Challenge, on épluche point par point ce qui compose la loi en faisant le distinguo entre ce qu’il y avait avant dans le texte et ce qu’il en reste. Par exemple, concernant les notaires, la loi prévoyait « un corridor tarifaire lié au coût du service », avec l’idée en creux de favoriser la concurrence à un certain niveau. Et bien maintenant, non. Macron a « rétropédalé » et fait son mea culpa. Il s’est « trompé ». Désormais « les actes intermédiaires feront juste l’objet de ristournes par rapport à un prix de référence, établi après la consultation de l’Autorité de la concurrence ». Pour ce qui relève du travail le dimanche, du permis de conduire, du délit d’entrave, ou des avocats d’entreprise… là aussi les lignes ont bougé et quand on parle de Loi Macron, à Challenge de nous rappeler qu’il faut regarder dans le détail ce dont il est encore question.

Valérie Trierveiler : le bon moment de lâcher l’affaire.

Ah oui ! Valérie Trierveiler accepte de lâcher l’affaire et les affaires… on apprend que les attentats de janvier ont été un véritable « électrochoc » et que contrairement à ce qu’elle avait prévu pour son ouvrage à succès « Merci pour ce moment » (770 000 exemplaires vendus), et bien, lors de la parution en Livre de Poche à venir, elle ne rajoutera ni préface, ni n’accordera d’interview ; « Je ne veux pas gêner François » a t’elle expliqué. Enfin ! A nous de dire « Merci ».

Et nous : si on mettait les voiles ?

Profitons-en, Les Inrocks nous informent du lancement d’un prototype de voile solaire en Mylar – un polyester aux allures d’aluminium – qui pourra tirer derrière elle un vaisseau ! c’est annoncé pour mai. Fabriquée dans un matériau unique donc, cette voile va s’appuyer sur la puissance des photons. Sa surface ? 32 mètres carrés environ. Pour l’instant, ce n’est qu’une boîte de 30 centimètres de haut sur 10 de large, qui, une fois dans l’espace, déploiera lentement sa toile. Si tout fonctionne correctement, un immense terrain de jeu s’ouvrira aux explorateurs de la terra incognita intersidérale. On va pouvoir bientôt prendre l’air ? pour l’instant chantons-le : Allez venez, mylar !

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