Le coup de fourchette : en souvenir du père Antoine<!-- --> | Atlantico.fr
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Trois restaurants passés au grill.
Trois restaurants passés au grill.
©Reuters

Atlantico Lettres

Retrouvez cette semaine, comme chaque dernier mercredi du mois, la chronique culinaire du journal mensuel Service Littéraire. Les restaurants "Jadis", "David Toutain" et "Haï Kaï" sont passés au grill.

Jules  Magret

Jules Magret

Jules Magret écrit pour Servicelitteraire.fr.

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Ici, dans ce bouclard de la Croix-Nivert, avec son petit air d’Europe buissonnière et de Monsieur Jadis, on est dans l’antre du père Antoine, avec une nappe jeux de mots qui nous saute aux quinquets, le truc gros comme un tracto, oui, mais du raffiné, pas le genre : « Que fait Jamel aux toilettes ? Deux bouses. » Donc, entre les facéties de Blondin et quelques souvenirs de petite reine, on se régale la bonnetière avec une étonnante soupe de cèpes, un gâteau de foies blonds aux langoustines hyper bono, des lichettes de daurade juste saisies et un marbré de foie gras super michto. Imaginez le passé allongé par une épatante tortore, soutenue par des vins de proprios, des prix doux et une cuisine au cordeau. Tu me parles ? Eh oui, banane, tout est juste, incisif, savoureux, bien servi. On appelle ça la fondante au mastic, la chose majuscule, avec des nuances à vous nougatiner les pupilles et à vous enrubanner le rondin dans du papier de soie. Le soufflé au choco est un doux zéphyr Abinao qui vous cachemire les témoins à décharge pour le plus grand plaisir de la flûte à un trou. Jadis, c’est aujourd’hui. Un des meilleurs bistrots de Paris.

Jadis, 208 rue de la Croix-Nivert, 75015 Paris, 01 45 57 73 20. Menu : 38 €. Carte : 70 €

Avant, c’était le Clarisse. David Toutain (monde ?), formé chez Loiseau, Passard, Veyrat, a repris le chinois, infusé dans la foodconnection. Une tête énorme. Déjà la déco poil de bactérie, invisible et super world (alors, les globos, on aquige ?), vous plonge dans l’univers du salsifis au chocolat, du topinambour au pralin, et du foie gras aux choux de Bruxelles. Là, vous ne direz pas le contraire, vous vous retrouvez la seringue à pois chiche dans la théière, prêt à tout avouer, le pet et le meilleur, le pire et le louf, parce que les associations qui vous catapultent dans le monde infernal du dieu Crépitus, même le Gégé, avec ses quatorze litres par jour, il vous dirait : « Non, Raymond, j’aboule de l’Éminence, j’ai la pastille dans le culbutant, la toile dans le Smalto, la perlouse dans l’écrin, j’envoie l’âme d’un haricot au ciel ! » Bref, une bectance à vous faire chantonner l’intégrale de la 5e par le trou du souffleur. On subodore la Formo, la Carbine, le genre carrousel impitoyable, avec citrate de bétaïne à portée de froc. Bref, le truc blèchetava pour tatouée du Madame, avec David dans le steaking, un Goliath de la pince à escargots. Good luck, les béchamels !

David Toutain, 29 rue Surcouf, 75007 Paris, 01 45 50 11 10. Menus : de 42 à 210 €.

Pour clore cette chronique très free style (ouaf, ouaf), on vous déconseille un autre temple bobo cool à l’entrée cradingue où officie Amélie Darvas dans une déco signée Elsa Kikoïne : le Haï Kaï. La tortore, pas cocaïnée, surfe entre le pomélo et la pana cotta, l’œuf cocotte et le potimarron, la sandale H & M et le string Élodie, la sardine de Galice et la mégère de Elle. Que des plats où, naturlich, pour vous flatter le piaf et l’horoscope, on vous dorlote le puff quelque chose de fooding. La déco, très fashion loquedu, avec un tableau qui représente un grand oiseau à bec rouge, vous file le traczir d’autor. C’est le genre Conran en tong pour couillibi qui se la pète. On imagine bien Incompétent 1er et sa gisquette en train de se materner la guiguite dans un recoin à l’abri d’une Rottweiler qui évoque le licenciement de la pôvreToranian, les propriétés abrasives de la dernière balançoire à Mickey et les 500 plaques vendangées par les connards d’Air France. Tout ça en sirotant un jus indistinct, une soupe de parmesan, du ris de veau au cacao (pas mauvais), du cabillaud au microscope et de la soupe hongroise (vive Brahms !) à vous faire valser dans le coca. Bref, le truc friendly un brin autocuiseur qui vous gnognotte le bobino. Les faux rebelles y sont aux oignes. Kaï ! Kaï ! dirait Rantanplan.

Haï Kaï, 104 quai de Jemmapes, 75010 Paris, 09 81 99 98 88. Menu : 22 €. Carte : 70 €.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

Service Littéraire. Le mensuel de l'activité romanesque

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