Beigbeder : ses chansons de Lara <!-- --> | Atlantico.fr
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Frédéric Beigbeder.
Frédéric Beigbeder.
©Flickr

Atlantico Lettres

Un habile vrai-faux roman chaplinesque qui mêle Salinger, la belle Oona et la nouvelle compagne de l’auteur.

Jean-Claude  Lamy

Jean-Claude Lamy

Écrivain et journaliste, derniers ouvrages parus : “Le mystère de la chambre Jeanne Calment” chez Fayard, “Le Miroir de la Grande Guerre” chez Anne Carrière.

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Jérôme David Salinger, le Jerry de ces dames et surtout d’Oona O’Neil, est aussi le grand romancier chéri de Frédéric Beigbeder. En s’inspirant du coup de cœur du futur auteur de “L’Attrape-cœurs” pour la fille du dramaturge américain Eugene O’Neil, il fait quelques révélations sur les conséquences de son propre coup de foudre pour Salinger et son héros Holden Caulfield, l’éternel ado. Ainsi sa passion pour une jeunesse qui n’est plus la sienne. "Je reconnais que mon refus de fréquenter ceux de mon âge était un refus de vieillir." En fin d’ouvrage Beigbeder nous conte sa folle histoire d’amour avec Lara Micheli, sa nouvelle cure de jouvence. Cette femme-enfant qu’il a épousée fera de lui le Charlot d’une Oona ayant 36 ans d’écart avec Charlie Chaplin. Quant à Salinger, il termina sa vie avec Colleen O’Neill, infirmière homonyme d’Oona qui avait 50 ans de moins que lui.

En 1940, Jerry a vingt et un ans et habite encore chez ses parents quand il rencontre dans un club ultra chic de New York un trio de filles à papa. Elles sont en compagnie de Truman Capote, un dandy de seize ans plus attiré par le jeune serveur antillais que par les riches héritières qui posent en photo dans Harper’s Bazaar et Vogue. Grand dadais timide, Salinger n’a d’yeux que pour Oona, née aux Bermudes en 1925 et dont le père souvent absent a reçu le Nobel de littérature en 1936. Les deux adolescents passeront l’automne et l’hiver 41 à flirter. "Le premier amour, écrit Beigbeder, est rarement le plus réussi, ni le plus parfait, mais il reste… le premier."

Parti aux États-Unis à la rencontre improbable avec son idole, il n’osera pas frapper à la porte du cottage. Oona est morte en 1991, à 66 ans, vingt ans avant Jerry Salinger et vingt-quatre ans après son mari, sir Charles Spencer, dit Charlie Chaplin. Le 31 décembre 1980, Frédéric avait quinze ans quand il tomba au propre comme au figuré sur la veuve de Chaplin. C’était dans un club de Verbier, une station du Valais. Truman Capote faisait partie de la tablée sur laquelle venait de débouler « l’affreux chenapan ». Un terme qu’utilisa OOna en se souvenant des gags de Charlot. Arrivé comme un chien dans un jeu de quilles, Beigbeder était entré dans le vif d’un vrai-faux roman chaplinesque à paraître trente-quatre ans plus tard. Joanna Smith Rakoff a connu Jerry en 1996. Elle travaillait dans l’agence new-yorkaise fondée par Dorothy Olding qui avait accepté en 1942 de représenter le nouvelliste. Celui-ci allait participer au débarquement du 6 juin 1944 et serait marqué à jamais par les horreurs de la guerre. Plus qu’un témoignage, “Mon année Salinger” se lit comme un pur roman. Un vrai de vrai.

Oona & Salinger, de Frédéric Beigbeder, Grasset, 334 p., 19 €.

Mon année Salinger, de Joanna Smith Rakoff, traduit de l’anglais (États-Unis) par Esther Ménévis,
Albin Michel, 347 p., 20,90 €.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

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