Duper pour durer : le mépris du peuple est-il au cœur de la méthode Hollande-Valls ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande et Manuel Valls.
François Hollande et Manuel Valls.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Qui peut encore croire aux promesses de l’exécutif ? Encore et toujours la surestimation de la naïveté populaire... François Hollande a au moins le mérite de nous faire comprendre clairement la différence entre la droite et la gauche de gouvernement. La première se méfie du peuple dont elle soupçonne l'intelligence et la violence potentielles ; la seconde le méprise, habituée à le tromper plutôt qu’à l'affronter.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Psychodrame de groupe

Ne vous méprenez pas, malgré les quarante et un abstentionnistes montés en épingle par les médias, la concorde règne encore entre les députés socialistes et le gouvernement. Les premiers voulaient simplement prouver au cœur de leur électorat, persuadé que ses difficultés sont l’œuvre d'un ultralibéralisme planétaire malfaisant, qu’ils font tout pour limiter la casse sociale imposée par l'odieux Kaaaaapital. Le second avait pour objectif de faire gober à Bruxelles, Francfort et autres chefs-lieux de la finance ennemie que les sacrifices demandés aux Français sont le maximum de ce qu'ils peuvent tolérer.

La comédie s'écrivit donc en la jouant : des pas de deux, bals de faux-culs et compromis boiteux conduisirent à un plan d'économies en trompe-l’œil et pourtant aussitôt retouché. Il consiste essentiellement en un gel d'indices et de pensions et sera compensé discrètement par des mesures catégorielles, en fonction de la capacité de nuisance des groupes qui les réclameront. Pour le reste, on reste dans l'incantation pure et simple. Quels seront par exemple les efforts demandés aux collectivités locales ? "La suppression de la clause de compétence générale, une meilleure sélection des projets financés et une rationalisation des syndicats intercommunaux s’ajouteront à celles prévues dans le premier volet de la loi de décentralisation qui incite aux mutualisations entre les communes et les intercommunalités". Bref, du vague et du flou s'agissant au surplus de décisions qui échappent à l'exécutif national. La seule annonce concrète pour une échéance relativement proche est la réduction du nombre de régions qui, en elle-même, ne garantit en rien la baisse de dépenses. De toute façon, elle est très loin des 11 milliards d'euros d'économies attendus des collectivités locales d'ici 2017.

Il fallait malgré cela faire semblant d'être de gauche et le plan pauvreté sera appliqué en septembre plutôt que l'an prochain tout comme les catégories C et D de l'administration seront épargnées par le gel indiciaire : des corrections marginales dans un dispositif qui, en lui-même, ne contient aucune réforme réelle de l'obèse appareil d'Etat. Tout n'est qu'apparence et tromperie sur la marchandise, une fois de plus. Les députés prétendument rebelles savaient bien qu’ils ne menaçaient rien.

De toute manière, le gouvernement Valls, sous la houlette moi-présidentielle, agit comme s'il n'avait de durée de vie qu'à l'horizon 2015. Cette politique de réforme minimaliste s’appuie entièrement sur l'espoir d'un rebond conjoncturel que le maintien de la surévaluation de l'euro et les incertitudes diplomatiques internationales rendent hautement improbable. Encore un an Monsieur le bourreau ...

Valls, tout comme Hollande, ne pourra rejouer la même comédie au printemps prochain. Sans reprise économique, en butte à une révolte cette fois sérieuse de leurs députés, acculé par les eurocrates et les marchés financiers, les deux compères devront dissoudre en espérant laisser la droite faire le sale travail et, chacun pour ce qui le concerne, revenir à meilleure fortune en 2017. La rivalité entre président et Premier ministre sur fond de mensonge généralisé ne fait donc que commencer.

De subterfuges en plans sur la comète, le pouvoir repousse toujours le moment de vérité. François Hollande n'a jamais eu qu'une méthode, en Corrèze au PS ou à l'Elysée : duper pour durer. En démocratie pourtant, l'intelligence se fond dans la loi du plus grand nombre et il est illusoire d'espérer gouverner indéfiniment en prenant la masse de ses concitoyens pour des imbéciles. Dernier résultat en date de cette politique : 21 % d'opinions positives pour un président, un record historique d'impopularité qui légitime toutes les contestations à venir.

2 - Mou-Président casse le smic et le thermomètre du chômage

Après avoir poussé des cris d'orfraie contre les propositions patronales de Smic rabioté et autres atteintes inadmissibles aux lois sociales, Hollande suggère désormais que les chômeurs puissent devenir des apprentis à n'importe quel âge et sans autre rémunération que le maintien de leurs indemnités courantes. Il veut aussi que les emplois bidons dits d'avenir puisse être généralisés au secteur marchand, toutes mesures ayant pour effet de réduire la rétribution réelle des salariés. 100 000 formations supplémentaires seront en outre mises en place à seule fin de baisser artificiellement le nombre de chômeurs.

Qui y croira ? Encore et toujours la surestimation de la naïveté populaire... François Hollande a un mérite : il nous fait clairement comprendre la différence entre la droite et la gauche de gouvernement. La première se méfie du peuple dont elle soupçonne l'intelligence et la violence potentielles ; la seconde le méprise, habituée à le tromper plutôt qu’à l'affronter.

3 - L'Etat c'est Mou

Sa Normalité nous a livré sa conception du rôle de l'Etat dans la société française à l'occasion du feuilleton Alstom. "Ceux qui imaginent que ce serait le marché qui détermine mes choix, que ce seraient les acteurs privés seuls qui pourraient par les conventions et les contrats déterminer l'intérêt général, se trompent, de quel (sic) bord qu'ils soient. Il y a un très grand attachement des Français à l'État, ils veulent un État efficace".

Hélas, les Français qui croient encore à l'Etat démiurge s'y accrochent surtout comme à une bouée de sauvetage au moment d'un naufrage. Ils ne voient pas d'autre moyen immédiat d'éviter la noyade. Le cas Alstom le démontre parfaitement. Dans une France dont la désindustrialisation a été accélérée par des choix de politique monétaire et budgétaire inappropriés, il n'est aucune bonne solution quand les ex champions nationaux sont menacés. Siemens, agité par Montebourg et Hollande pour faire diversion, n'a comme ambition que de dévorer Alstom de manière encore plus barbare que General Electric.

Le véritable objectif du gouvernement est de persuader le peuple qu'il a joué finement en excitant une rivalité entre ces deux prédateurs afin d'obtenir de meilleures conditions pour Alstom. Mais personne n'est dupe, ni Alstom, ni Siemens, ni General electric, ni même les Français qui flairent l'amateurisme dans cette gesticulation. Comme les moulinets en l'air de Montebourg n'ont plus aucune crédibilité depuis, entre autre, les affaires Florange et SFR, le gouvernement en vient maintenant à parler de privatiser une partie du capital d'EDF pour trouver quelque argent ! Un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche et l'on se retrouve au même point qu'initialement.

Un troisième cas de mépris manifeste pour l'intelligence populaire ... cela fait beaucoup en une semaine, vous ne trouvez pas ? Quitte à se renier, le gouvernement pourrait décider plutôt d'abroger les 35 heures et, avec les économies ainsi faites, abonder sa prétendue politique de "sauvetage" d'Alstom et des autres industrie en péril.

Conclusion provisoire du "Frankfurter Allgemeine Zeitung", qui ne perd ni le Nord ni l'Est : "L'industrie française est en passe d'êtrereléguée en ligue 2 ... les entreprises investissent et exportent trop peu, rechignent à automatiser les usines et ne parviennent pas à se positionner sur le marché avec des produits à forte valeur ajouté et aux prix stables".

4 - Mathématique terroristo-élémentaire

La France aurait versé 18 millions de dollars pour récupérer en grandes pompes 4 journalistes otages en Syrie, information mollement démentie par Le Drian, ministre de la Défense.

Comme le bac approche, faites donc un petit exercice d'arithmétique pour vous décrasser les méninges. Puisqu'il faut trouver 18 millions d'euros pour sauver Libération et qu'un euro vaut 1,3 dollar environ, combien de journalistes de la rue Béranger doit-on envoyer en Syrie afin que, capturés par de pseudos terroristes complices, l'Etat puisse discrètement renflouer ce quotidien en lieu et place du sulfureux Ledoux ?

Combien de lecteurs théoriques de l'Humanité représentent deux otages français, à raison d'un prix de vente à l'unité de 1, 4 euro ? Sachant qu'il faut pour maintenir en vie ce quotidien prolétarien 8 millions d'euros par an, combien de correspondants à l'étranger raptés seraient nécessaires pour sauver pendant dix ans l'Huma et Alstom à la fois ?

Si Montebourg, à la tête d'un commando parachutiste, s'emparait des rotatives de la Banque Centrale européenne pour les confier aux ouvriers du Livre CGT, en combien de temps la dette publique de la France serait-elle effacée par l'impression de billets de 500 euros ? Quand aurait-lieu la première grève pour la défense des droits acquis ?

Valeur de Cahuzac à Damas convertie en dollars singapouriens ?

A lire de l'auteur de cet article :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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