Maison Cifonelli : une nouvelle ère pour l’un des grands noms de l'élégance masculine parisienne <!-- --> | Atlantico.fr
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La célèbre maison de couture masculine Cifonelli lance sa première gamme de prêt-à-porter.
La célèbre maison de couture masculine Cifonelli lance sa première gamme de prêt-à-porter.
©DR

Atlantico Chic

Créée en 1880, et installée à Paris depuis 1926, la célèbre maison de couture masculine Cifonelli a du attendre l’année 2014 pour lancer sa première gamme de prêt-à-porter sous la forme d’une petite collection de 16 ensembles présentée discrètement la semaine dernière lors de la fashion week parisienne. Hugo Jacomet, blogueur star de l’élégance classique, y assistait pour Atlantico Chic.

Hugo Jacomet

Hugo Jacomet

Fondateur et éditeur de "Parisian Gentleman", Hugo Jacomet est une plume reconnue dans le domaine du style masculin.

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Depuis quelques années, le marketing de la tradition est partout et les maisons de luxe, notamment dans le domaine de l’élégance masculine, rivalisent de créativité pour parfaire leur histoire « fondatrice », valoriser leur patrimoine « ancestral » et tenter d’attirer le riche chaland à grand renforts de gestes « artisanaux » savamment mis en scène par les services de communication soudainement inspirés par la poussière et les arrière grands pères.

En 2014, il est ainsi devenu presque banal de lire « fondé en 1850 » sous une marque (ré)apparue sur le marché il y a moins d’une décennie et d’être harcelé d’emails de bureaux de presse vantant les mérites de costumes ou de chaussures « réalisés dans la tradition des gestes ancestraux de l’art tailleur (ou bottier) » alors qu’il ne s’agit, la plupart du temps, que de médiocres produits industriels fabriqués dans des usines lointaines.

Dans cette indigestion de poussière et de vieilles photos jaunies (les mêmes que les publicitaires auraient jetées en se marrant il y a encore quelques années), il devient parfois difficile de s’y retrouver même si, fort heureusement, l’éducation des hommes en la matière s’est fortement améliorée et qu’il devient de plus en plus difficile de leur faire avaler les boniments habituels sur la tradition et l’excellence.

Ce brouhaha de la tradition n’épargne bien sûr pas le (petit) monde du costume masculin sur-mesure (le Bespoke Tailoring donc) qui est en plein renouveau et dont l’histoire, les gestes et même la terminologie font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions publicitaires.

Mais fort heureusement, il y a aussi les vraies belles histoires. Celle qui n’ont pas besoin d’être ré-écrites ni même d’être embellies mais qui, par définition, restent largement inconnues du grand public.

Crédit : The Rake

A Paris, la maison Cifonelli fabrique, depuis 1926 et intégralement à la main, des costumes, des vestes et des manteaux sur-mesure parmi les plus beaux et les plus luxueux au monde. Cette saga familiale, qui a débuté en 1880 à Rome, est une histoire simple d’artisans et d’artistes géniaux qui pendant quatre générations ont fondé, développé et fait prospérer un atelier de haute couture masculine qui est aujourd’hui considéré comme l’un des tous meilleurs au monde, en compagnie de quelques autres ateliers parisiens, italiens et britanniques se comptant sur les doigts d’une seule… main.

Au 31 de la rue Marbeuf, au premier étage, ce sont en effet pas de moins de 40 tailleurs qui chaque jour s’affairent à la production de costumes exquis dont la fabrication nécessite entre 50 et 70 heures de couture à la main, sous la direction des cousins Cifonelli, Lorenzo et Massimo (et sous l’oeil toujours très affuté et très exigeant d’Adriano Cifonelli, le père).

Depuis quelques années, et sous l’impulsion d’une communauté d’amateurs de Bespoke Tailoring très active sur l’internet, le nom Cifonelli fait ainsi ’objet d’un engouement planétaire parmi les connaisseurs et les esthètes fortunés autant pour la qualité exceptionnelle de sa production que pour son apport stylistique indéniable dans le grand débat du style masculin contemporain. Voir à ce propos un article paru dans The Rake Magazine, l’un des magazines de référence du domaine, édité à Singapour : CIFONELLI JEUNE HOMME, ALLEZ CHEZ CIFONELLI.

Et alors que de plus en plus de gentlemen dans le monde entier s’intéressent à Cifonelli, il devenait inévitable (voire urgent) pour cette petite maison familiale de leur donner la possibilité d’accéder à la marque, sans être pour autant obligé de se lancer immédiatement dans le bespoke (ce qui demande du temps et des moyens).

Depuis quelques années, la maison proposait déjà une petite gamme de costumes et de vestes en prêt-à-porter dans la petite boutique située sous l’atelier au 33 de la rue Marbeuf.

Mais depuis la semaine dernière, la maison Cifonelli est entrée dans une nouvelle ère en présentant - enfin ! - sa première (petite) collection de costumes et de vestes en prêt-à-porter : une vraie collection, dessinée, imaginée et conçue par une équipe dédiée avec de vrais moyens pour développer une gamme rendant enfin grâce au style de la maison si recherché par les nouveaux hommes élégants dans le monde entier.

Car si dans de nombreuses maisons de prêt-à-porter, parler de « style » pour un costume semble encore un rien exagéré voire artificiel, chez Cifonelli c’est une toute autre histoire. Le grand Karl Lagerfeld lui-même a un jour déclaré, alors que le petit atelier était encore très confidentiel, qu’il était capable de reconnaître une « épaule Cifonelli » à plus de cent mètres. Une affirmation qui pourrait sembler presque comique pour les profanes (une épaule ?) mais qui attirait pourtant l’attention (merci Lagerfeld) sur un élément-clé de l’élégance des hommes : la façon dont les épaules du costume sont montées.

L’épaule est en effet l’un des éléments les plus remarquables dans le style d’un costume, mais aussi l’un des plus importants en termes de silhouette et donc, d’élégance naturelle.

Sans entrer dans tous les détails (que vous trouverez dans cet article de Parisian Gentleman : LA GUERRE DES EPAULES), l’épaule est un élément qui influe fortement sur la silhouette de l’homme qui porte le costume et dont le choix peut être dicté soit par la morphologie du porteur, soit par l’utilisation visée (formelle, business ou loisirs) ou soit, bien sûr, par goût personnel.

Pour faire simple il existe trois grandes écoles dans le domaine : les tailleurs Italiens (sauf les Romains) qui fabriquent des épaules dites « tombantes », sans aucun rembourrage et parfois même cousues comme des chemises, les Londoniens qui fabriquent des épaules légèrement structurées, avec un peu de rembourrage pour donner de la prestance aux gentlemen, et les Parisiens qui aiment fabriquer des épaules très structurées, à forte personnalité.

L’épaule Cifonelli, quoi que faisant partie de l’école Parisienne, a tellement marqué les esprits qu’elle porte aujourd’hui son propre nom : très structurée sans être rigide, légèrement tournante vers l’avant pour affiner la silhouette, cette épaule « pagode » (ainsi nommée en raison de sa forme très légèrement concave) est une merveille d’équilibre et confère à celui qui la porte une prestance et un confort exceptionnels.

Cette signature stylistique très forte, à laquelle il convient d’ajouter la position très haute des emmanchures dans une veste, invitant celui qui la porte à se tenir droit, était évidemment quasiment impossible  à « copier » en prêt-à-porter industriel, même avec les machines très sophistiquées d’aujourd’hui.

Seul un montage à la main peut en effet produire ce type d’épaule, de plus en plus prisé (comme sa « concurrente », l’épaule tombante napolitaine) par les aficionados du style masculin classique. Il fallait donc, pour Cifonelli, trouver un partenaire pour développer un produit vraiment original et qualitatif avec les moyens idoines.

Après avoir collaboré avec la grande Maison Hermès pendant de nombreuses années, et avoir étudié de très nombreux projets de développement, la famille Cifonelli allait finalement trouver en 2013 un partenaire solide (familial lui aussi) pour enfin développer une ligne de prêt-à-porter digne de son nom et la mettre à la disposition de ses clients dans les grandes capitales du monde.

La petite collection (capsule comme on dit aujourd’hui) qui a été présentée la semaine dernière dans le petit salon de couture de l’institution parisienne devant un parterre de journalistes et d’éditeurs venus du monde entier, constituait donc la première « livraison » maison.

Composée de 16 ensembles, cette première collection à séduit et rassuré. Séduit les journalistes par ses silhouettes très ajustées et sa flamboyance, rassuré les puristes qui ont enfin pu voir une interprétation réussie de la fameuse épaule Cifonelli.

Les tissus sont audacieux tout en restant discrets, les coupes sont ajustées et le tout est d’une grande classe, malgré le jeune âge des mannequins (j’aurais, à titre personnel, préféré voir ces très belles pièces portées par des hommes plus aguerris, pour permettre à l’assistance se rendre compte de la force de costumes de cette qualité, mais c’est un détail).

Cette première collection a été dessinée par le célèbre designer John Vizzone (l’ex designer en chef de Ralph Lauren Purple et Black Label) avec l’aide des cousins Cifonelli, et fabriquée à Naples par un petit atelier très réputé pour la qualité de sa production faite à la main et ayant signé un contrat d’exclusivité avec Cifonelli pour le montage de ce type d’épaules (afin de garantir l’exclusivité du produit).

Cette première collection est donc une belle réussite et augure d’un bel avenir pour cette maison de couture adorée par de nombreux passionnés d’art tailleur et qui méritait depuis très longtemps une vraie reconnaissance internationale en dehors des petits cercles de passionnés, avec un projet de développement enfin digne de la réputation de son nom.

Les prochaines étapes : une deuxième boutique à Paris et la mise sur la marché des collections via un réseau de distributeurs haut de gamme triés sur le volet.

L’une des très bonnes surprises de cette « fashion week’ parisienne  et une vraie belle entrée en matière pour une maison à découvrir d’urgence pour les amateurs de (très) beaux costumes.

Hugo Jacomet

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