Comment on peut résumer trois siècles en un tour de cadran, pourquoi déchaîner le style mexicano-branché et où manifester son patriotisme footballistique c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Et aussi le retour d’une icône de l’extrême subaquatique, un pied de nez comique aux icônes de la plongée et une hyper-stylisation de l’esprit post-industriel…
Et aussi le retour d’une icône de l’extrême subaquatique, un pied de nez comique aux icônes de la plongée et une hyper-stylisation de l’esprit post-industriel…
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Et aussi le retour d’une icône de l’extrême subaquatique, un pied de nez comique aux icônes de la plongée et une hyper-stylisation de l’esprit post-industriel…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ICE-WATCH : Mieux qu’un drapeau sur le balcon, un vrai patriotisme de poignet…

Nom de cette collection : Ice-World, avec un world qui permet de faire un clin d’œil au prochain Mondial de football au Brésil, sans payer les sommes astronomiques que la FIFA impose à ses partenaires officiels.  Au cas où certains n’auraient pas compris, Ice-Watch regroupe les montres de cette collection Ice-World dans une forme de ballon où chaque supporter trouvera son bonheur – à quelques exceptions près, car il n’y aura finalement que huit drapeaux nationaux (Brésil, Royaume-Uni, Etats-Unis, Espagne, France, Allemagne et Belgique, puisque la marque Ice-Watch – qui s’est récemment permis de doubler Swatch – est belge). Deux tailles de boîtier pour un Mondial enflammé qu’on pourra donc vivre en couple. Pourquoi les Etats-Unis, et pas la Suisse ou les Pays-Bas ? Les mystères du marketing horloger sont insondables : la Coupe du monde de football est toujours un reflet de la géopolitique mondiale ! Pour ce qui est de la Suisse, l’usage du drapeau suisse et de la croix blanche sur fond rouge est tellement réglementé que Jean-Pierre Lutgen, le créateur d’Ice-Swatch, n’a pas voulu prendre le risque de se mettre en faute, alors même qu’il vient de triompher en Suisse dans les procès que lui intentait la marque Swatch [Swatch ou Ice-Watch, on pouvait effectivement confondre]. Que le sort de la France se joue ou non pour les élections européennes de ce dimanche, le sort mondial de l’équipe de France de football se jouera de toute façon dans un mois au Brésil. Allez les bleus !

BOMBERG : Vanitas Vanitatis en mode versatile et en style mexicano-branché…

Imaginez une montre-bracelet (beau format, style nouvelle génération) qu’on pourrait transformer en montre de poche (avec chaîne à l’ancienne) avant de pouvoir la poser sur le bureau, comme une pendulette : les montres de la nouvelle collection Bolt-68 de Bomberg (jeune marque indépendante Swiss Made) seraient-elles… intelligentes ? En tout cas, elles illustrent le besoin de versatilité des nouveaux consommateurs du luxe : « Ma montre, quand je veux, comme je veux ». À ce degré de tendance, il ne manque plus que le décalage impertinent qui permet de ne pas se prendre au sérieux : c’est le décor en tête de mort dans le style Dia de los Muertos mexicain, qui se prolonge sur le support de la montre de poche (les crânes sertis dans le bas de la montre). En plus, c’est un chronographe deux compteurs aux poussoirs en « cornes de taureau » : Toro de Fuego, sans doute. Mieux vaut porter cette Bolt-68 sur sa Harley-Davidson que pour un rendez-vous avec son banquier, mais les hipsters adorent vivre leur vie dangereusement. De toute façon, rien n’est plus classe que le geste auguste de l’amateur qui déploie son bras pour ôter la montre de sa poche et lire l’heure sur son cadran, avec la componction de rigueur…

SEVENFRIDAY : Des machines de poignet qui pratiquent hyper-stylisation industrielle…

C’est la marque suisse – sans Swiss Made : à moins de 1 000 euros, ce serait difficile – la plus explosive de ces dernières années. Pas un centime dépensé au publicité, un fantastique bouche-à-oreilles sur les réseaux sociaux, des achats d’impulsion qui ont déjà permis d’écouler plus de 10 000 montres et la preuve absolue qu’on peut répondre avec imagination au défi de la « créativité accessible ». L’esprit de la marque est de souligner son inspiration mécanique hyper-stylisée (ici : trois disques qui indiquent les secondes, les minutes et les heures, avec un mouvement automatique japonais) pour créer des « machines de poignet » – ici, sans tomber dans le steampunk, on retrouve à la fois le style des turbines d’usine et des compteurs techniques qui permettent de contrôler les équipements industriels. Mieux qu’une simple marque d’horlogerie, Sevenfriday s’impose comme la griffe d’un nouveau style de vie post-moderne…

ROLEX : Pour le meilleur et pour l’extrême des grandes plongées…

On n’avait pas compris pourquoi Rolex avait retiré de ses collections la Sea-Dweller, montre de plongée née en 1967 pour permettre aux plongeurs de l’extrême de descendre plus bas qu’avec une Submariner : le 4 000 du nom de cette Sea-Dweller 4 000 correspondait aux 4 000 pieds (1 220 m) de l’étanchéité annoncée. L’avancée était spectaculaire, l’innovation principale de cette montre étant une « valve à hélium » très utile pour éviter à la montre d’exploser pendant les phases de décompression. On ne comprend pas davantage les raisons qui ont poussé cette année Rolex à relancer cette Sea-Dweller, toujours en 40 mm et toujours sans cette loupe qui défigure – aux yeux de certains, dont nous – le verre saphir des Submariner à date. Pour parfaire cette renaissance d’une montre de plongée extrême en dépit de ses dimensions raisonnables, Rolex l’a dotée d’une lunette tournante en céramique inrayable et a truffé son mouvement automatique de nouveaux composants plus performants. Impossible de faire plus Rolex que cette Sea-Dweller qui, pour être moins iconique que la légendaire Submariner, n’en est pas moins le parangon des montres de plongée suisses vraiment « professionnelles » – dans la catégorie des montres « portables »…

BAMFORD WATCH DEPARTMENT : Vous êtes plutôt Popeye ou plutôt Brutus ?

L’atelier anglais Bamford Watch Department s’est spécialisé dans la « préparation » des Rolex – au sens automobile et motoriste du terme. On peut également parler de « customisation », évidemment non officielle et non autorisée par la marque. L’idée est d’améliorer esthétiquement les icônes horlogères, en ajoutant à une Rolex neuve tous les caprices possibles et imaginables. Après une Rolex « Popeye », voici la Rolex Deepsea « Brutus », le pirate costaud qui fait toujours des misères à Popeye dans les comics américains. À ce niveau de « personnalisation » d’une montre, on touche au sublime, qui n’est jamais loin de l’abomination transgressive : aiguilles en bras de Brutus auxquels il ne manque que les tatouages de vieux mataf, index réinjectés de SuperLumiNova rouge et boîtier noirci pour rendre le tout plus expressif (à comparer à la Sea-Dweller ci-dessus). Vous avez dit comique ? Pas sûr que ça fasse rigoler Rolex… Le DRx du cadran est celui de la griffe fashion californienne Dr. Romanelli, qui a commandité cette série très spéciale de montres de plongée capable de descendre à 3 900 m de profondeur : ils vont en faire une sacrée tête quand ils verront cette montre, les monstres des abysses !

DE BETHUNE : Retour vers le futur, sur une diagonale XVIIIe siècle-XXIe siècle…

Imaginons quelques instants que les grands maîtres horlogers du XVIIIe siècle [Breguet, Le Roy, Berthoud, Janvier, Lépine : tous ceux qui avaient fait de la France la première puissance horlogère du monde] reviennent aujourd’hui faire un tour dans nos boutiques de montres : c’est une De Bethune qu’ils choisiraient, comme cette DB28 Digitale, qui aurait pu être conçue par le grand Breguet lui-même. C’est du rétro-futurisme à l’état chimiquement pur : sobriété du boîtier de 43 mm en titane (pour la légèreté et l’inaltérabilité), affiche digital des minutes (par disque semi-circulaire) et des heures sautantes (par guichet), guillochage manuel « grain d’orge » d’un cadran qui ne sert qu’à piéger la lumière autour de la Lune sphérique (au centre du cadran), sous la voûte céleste bleue et clouée d’or gris. Les anses qui tiennent le boîtier et le bracelet son flexibles, ce qui permet d’adapter la montre à tous les poignets. Visible au revers de la montre, la mouvement mécanique est bourrée d’avancées néo-technologiques, avec ce qu’il faut de silicium pour la touche high-tech et ce qu’il faut de génie mécanique pour permettre à la Lune de n’afficher qu’un jour de retard sur ses phases astronomiques tous les 1 112 ans : nous ne seront plus là pour le vérifier. Les finitions sont celles des artisans du XVIIIe siècle, mais la présence au poignet est celle qu’on attend des plus belles montres du XXIe siècle…

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• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : http://www.businessmontres.com

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