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Sarkozy : la (re)conquête
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Revue de presse des hebdos

Chirac lui taille un costard dans ses “ Mémoires ” ? Qu’importe ! Armé du “ logiciel peuple ”, “ métamorphosé ”, il y croit à nouveau. Pour le faire savoir, événement !, le conseiller très secret du président fend l’armure dans “ Le Point ”.

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Une pierre dans son jardin ? Si Nicolas Sarkozy s’attendait au soutien de Jacques Chirac pour la présidentielle 2012, c’est raté. Publiées conjointement dans “ Le Point ” et “ Le Nouvel Observateur ” (qui a piqué l’exclu de l’autre, hmm ?), les bonnes feuilles du 2e tome des “ Mémoires ” de l’ancien président (éditions NiL) font apparaître l’actuel sous un jour pour le moins contrasté… 

Chirac règle ses comptes

Est-ce parce qu’au soir de sa victoire, le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy s’est abstenu de le remercier et qu’il a, “ au fond de lui, été touché ” ? Jacques Chirac multiplie les piques à l’endroit de son successeur. “ Nerveux, impétueux, débordant d’ambition, (il ne doute) de rien, et surtout pas de lui-même ”, note-t-il. Méfiant, le vainqueur du 5 mai 2002 écarte d’emblée sa candidature au poste de Premier ministre : “ La confiance ne se décrète pas mais c’est une nécessité impérative, justifie-t-il. Or il subsiste trop de zones d’ombre et de malentendus entre Nicolas Sarkozy et moi pour que ces conditions soient pleinement remplies. J’ajoute, et c’est le plus important, que nous ne partageons probablement pas la même vision de la France ”. 

Histoire d’enfoncer le clou, “ l’ex ” laisse entendre que son ancien ministre du Budget pourrait être à l’origine de “ l’affaire des terrains de Vigneux visant (sa) belle-famille, et (lui-même) ”, sortie à la veille de la présidentielle de 1995. “ Il m’a toujours manqué la preuve qu’elle avait été initiée par le ministère du Budget, comme on me l’assurait, écrit Jacques Chirac. Mais cette affaire montée de toutes pièces ne me paraissait pas étrangère à la campagne présidentielle ”. Petite revanche en forme de mise au point ? En cette période pré-électorale, l’occasion était trop belle, on dirait…

Buisson sort du bois

Avait-il devancé le coup ? Dans “ Le Point ”, qui, première !, a pu le rencontrer, Patrick Buisson, le “ conseiller très spécial ” de Nicolas Sarkozy, arbitre le match entre l’ancien et le nouveau — futur ? — président : “ Nicolas Sarkozy a ignoré la dimension sacrale de sa fonction, admet-il. Il ne sera pas un président en majesté. Et alors ? Chirac était une grande nouille solennelle. Derrière la nouille, il n’y avait rien. Sarkozy, c’est un chapitre du roman de l’énergie nationale. Très barrésien. Ce vitalisme est ébouriffant ”.

Accusé d’être “ un diablotin idéologique venu de la droite de la droite qui exercerait une emprise dangereuse sur les cinq ou six cerveaux du chef de l’Etat ”, l’éminence grise se défend d’être l’inspirateur du “ discours sécuritaire de Grenoble ” (“ Je ne l’avais pas lu ”) et de la petite phrase “ l’assistanat est un cancer ” de Laurent Wauquiez (“lI n’aurait pas dû employer le mot “ cancer ” et pas dû reprendre la phraséologie lepéniste (…) mais j’approuve totalement ses propositions ”, dit-il).

Plus troublant, le conseiller analyse “ le vote FN (comme) un vote de protection. Le potentiel de progression de Marine Le Pen se situe plutôt à gauche ”. Et d’expliquer : “ Pour le petit Blanc, l’immigré est la figure du déclassement. C’est l’effet de halo. Ce n’est pas là où il y a des immigrés que le FN progresse le plus, c’est là où ils ont peur de les voir venir. L’immigré est perçu comme le symbole de la paupérisation qui guette. Ce n’est pas un rejet raciste. (…) Poser la question en termes moraux, c’est se moquer du monde ”.

 Si Sarkozy perd, c’est que je l’aurai mal conseillé ”

A ceux qui le taxent de vouloir “ marinelepéniser ” le président, Patrick Buisson le dit haut et fort : “ Mon objectif, c’est tout sauf un second tour Sarkozy-Le Pen. S’il est élu face à elle, il sera élu sur une ambiguité. Je vivrais ça comme une calamité ”. Et de poursuivre : “ Avec Nicolas Sarkozy, nous savons comment nous allons contrer Marine Le Pen. Sans alliance, l’espérance du pouvoir est totalement exclue pour elle. Elle peut perdre sur la thématique du vote utile. Elle fait croire qu’il y a une perspective politique alors qu’il n’y en a pas ”.

Gagnant-gagnant, le duo Sarkozy-Buisson ? Ressoudé, en tout cas, comme pour la campagne de 2007, quand le “ cartomancien ” annonçait “ que la campagne se gagnerait “ au peuple ” ”, indique “ Le Point ”. Le magazine l’explique : “ Après son élection, Sarkozy n’a plus écouté personne, y compris quand son image commence de se briser dans l’opinion, à l’hiver 2008. (…) Pendant deux ans, Sarkozy aurait abandonné le “ logiciel du peuple ”. Celui que Buisson brandit en toute occasion. (…) En avril 2010, les brumes se dissipent, Sarkozy se remet à croire qu’il peut gagner et Buisson redevient cet oracle consulté par téléphone au moins une fois par jour. (…) “ Hollande serait un adversaire dangereux ”, répétait-il avant l’arrestation du patron du FMI. A présent, le discours a changé : “ A bien y regarder, Sarkozy a une toute petite chance d’être réélu. Une toute petite ”. Rire canaille. “ Si Sarkozy fait une campagne au centre, vous me foutrez tous la paix. Il se trouve qu’il n’est pas très convaincu que ça lui permette de gagner… ” Puis, très sérieusement : “ S’il perd, c’est que je l’aurai mal conseillé ” ”.

"Le nouveau masque de Sarkozy"

Coïncidence ? En même temps qu’il publie un entretien-portrait de Patrick Buisson, “ Le Point ” se fend d’un papier, plutôt piquant, sur “ Le nouveau masque de Sarkozy ”. “ Que nous joue Nicolas Sarkozy ?, s’interroge le magazine. (…) Il fallait le voir à l’œuvre, lors de son récent déplacement à Morette, dans les brumes de Haute-Savoie, tourner le dos aux caméras, chercher du regard les gens du peuple, s’incliner — la tête et le tronc — devant le drapeau, l’entendre maintes fois remercier les élus locaux ceints de leur écharpe tricolore et, enfin, s’engouffrer dans un petit restaurant de tartiflette, Chez Suzanne. Indéniablement, Sarkozy ne se ressemble plus. Et, nouveauté, il ne l’annonce plus ! ”

Même “ à l’Elysée, cette “ métamorphose ” n’a échappé à personne, note le news. (…) “ Il écoute et redonne même la parole en fin de réunion ! ”, disent (ses collaborateurs), enchantés. L’un d’eux confie l’avoir entendu développer le concept des “ zones grises ”, qui consiste à ne pas toujours agir sur tout, à laisser du temps au temps (…). Un autre jure ne pas l’avoir vu piquer de colères homériques “ depuis au moins six mois ”. (…) La fanfaronnerie, elle aussi, ne serait plus un trait sarkozien, du moins en public. Carla enceinte ? “ On ne dit rien ”. DSK hors jeu ? “ On la ferme, on ne sait pas comment ça peut tourner ”. Deux points pour lui en plus dans les sondages ? “ Laisse tomber. Aujourd’hui, ça ne veut rien dire ” ”. Ma parole, on nous l’a marabouté.

Comme son patron, le Château a changé. “ Moins dispersé, mieux organisé. L’ambiance au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré est, dit-on, paisible et studieuse. Depuis le départ de Claude Guéant, la boutique Elysée a totalement changé de mode de fonctionnement, remarque “ Le Point ”. “ Avec Xavier Musca (secrétaire général, ndlr), l’Elysée est pacifié et alvéolaire ”, se réjouit un conseiller technique. (…) Les réunions les plus décisives ont lieu en fin d’après-midi, aux alentours de 18 h 30. (…) Malgré les fortes réticences de François Fillon, un G 7, réunion des ministres les plus politiques, sera organisé une fois par semaine, à partir de la rentrée. Où l’on constate que, si le président, dorénavant, prend de la hauteur en ayant les pieds sur terre, l’homme, lui, reste un politique touche-à-tout, imprévisible et sûr de ses forces. En reconquête ”.

Hollande : Bad Vibes

Quid au PS ? Un temps “ craint ” jusqu’à Patrick Buisson lui-même (voir plus haut), François Hollande connaîtrait, d’après les “ Inrocks ”, “ une petite baisse de régime ”. “ Selon une enquête TNS Sofres pour Canal +, note le mag, Martine Aubry apparaît plus “ volontaire ”, plus “ honnête ”, davantage “ capable de rassembler ” et de “ prendre des décisions ” que (lui). Le résultat est le même chez les sympathisants socialistes. Seul le critère de la sympathie permet à François Hollande de passer devant sa “ camarade ” ”.

Camarade, Aubry ? Pour “ ciseler son profil de présidentiable ” et mieux se démarquer de son concurrent, la première secrétaire, s’inspirant du modèle Merkel, a fait connaître sa volonté de “ sortir du nucléaire ”, raconte “ Le Nouvel Obs ”. Du coup, “ François Hollande multiplie, ces derniers temps, les sorties pour vanter sa “ transition énergétique ”. Un virage à 180 degrés ”, constate le journal, motivé par les exigences des Verts. “ S’il ne bouge pas sur (le nucléaire), il est mort !, prévient l’eurodéputée Yannick Jadot, interviewée par “ l’Obs ”. Il n’a pas intérêt à laisser Martine Aubry incarner à la fois le rassemblement du PS et le rassemblement avec les écologistes ”.

Revanche ou calcul froid ? Dans “ L’Express ”, Ségolène Royal ne ménage pas son ex. “ Sur le plan économique, qu’est-ce qui vous distingue de Martine Aubry ou de François Hollande ? ”, demande le magazine. — “ Voilà précisément un point qui me distingue de François Hollande, qui a annoncé une hausse des impôts ”, répond-elle du tac au tac. — “ François Hollande est-il pour vous un candidat “ normal ” ? ”, poursuit le journal. — “ Il a le droit de se définir ainsi. Est-ce suffisant ? ”. Dire que ça ne fait que commencer.

A lire, encore

Villepin veut un “ printemps français ” (“ Les Inrocks ”) ; "Les nouveaux réseaux et les 20 cercles les plus influents dans les affaires" ("Challenges") ; “ Médecins : pourquoi ils craquent ” et “ Grèce : la descente aux enfers ” (“ L’Express ”) ; “ Les nababs de la vieillesse ” et “ Gilbert Collard “ mariniste ” ” (“ VSD ”) ; “ Terreur à Ciudad Juarez ” au Mexique, “ Zuckerbeg, l’hygiène du carnivore ”, “ Le grand retour des protectionnistes ” et “ L’avocat qui veut se payer DSK ” (“ Le Point ”). Dans le “ Nouvel Obs ” qui organise, les 17 et 18 juin, les “ Journées de Strasbourg, pour lancer le débat sur les présidentielles ”, “ Sécheresse : peur pour les bêtes ”, “ Les profits fous des grands crus ”, “ Le tombeur de Berlusconi ” et “ Joseph (membre du trio Les Prêtres) quitte la Céne ”. Un séminariste qui veut fonder une famille ? Enfin, une bonne nouvelle ! 

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