Dans quelles conditions les Roms vivent-ils au Kosovo ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Carte du kosovo.
Carte du kosovo.
©Sémhur / Creative Commons

Des faits

Selon les associations internationales, les Roms expulsés vers le Kosovo vivent dans des conditions qui s'apparentent à une violation des droits de l'Homme.

Que va-t-il advenir de Leonarda et sa famille, expulsés le 9 octobre dernier vers le Kosovo ? "On dort sous les ponts, je n'ai même pas le droit d'aller à l'école", raconte aux médias français l'adolescente de 15 ans. La situation des Roms dans ce pays de l'ex-Yougoslavie est en effet dénoncée par les ONG internationales depuis de nombreuses années. En octobre 2010, un rapport de Human Rights Watch dénonçait "la discrimination" et le "profond dénuement" subis par les Roms et les autres groupes minoritaires de ce pays. Mais qu'en est-il en 2013 ? 

Selon l'association Human Rights Watch, les Roms connaissent de grandes difficultés pour obtenir des papiers d'identité, accéder au logement, aux soins de santé, à l'emploi, à l'éducation et à la protection sociale. "Les pays européens renvoient les gens les plus vulnérables du Kosovo vers une situation de discrimination, d'exclusion, de pauvreté et de déplacement à l'intérieur de leur propre pays d'origine", déplorait alors Wanda Troszczynska-van Genderen, chercheuse sur les Balkans de l'Ouest chez Human Rights Watch. Bien souvent, les Roms vivent dans des camps tels que ceux situés à Obilic, Plementina et Mitrovica, la ville dans laquelle se trouve Leonarda depuis le 9 octobre.

Selon Pierre Péan (auteur de Kosovo: Une guerre juste pour créer un État mafieux) que nous avons joint, la situation des Roms au Kosovo ne cesse de s'aggraver et n'a jamais été aussi grave que depuis la signature des accords de Kumanovo en juin 1999. Selon lui, "la communauté internationale est en partie responsable de ce qui arrive aux Roms et autres minorités du Kosovo puisqu'elle ne les a pas protégées. Les Kosovars ont pourchassé et massacré ces minorités sans que personne n'intervienne".

Selon les estimations de Human Rights Watch, plus de 50 000 Roms, serbophones et albanophones, ont été déportés au Kosovo depuis 1999, date de la fin de la guerre. Minorité la plus marginalisée du pays, les Roms ont, en plus, été accusés d'avoir collaboré avec les forces serbes, obligeant 80% d'entre eux, selon Irka Cederberg, une journaliste suédoise spécialiste de cette région du monde, à fuir principalement vers l'Allemagne, la Belgique, la Suède et le Danemark. "Cette accusation de collaboration est une histoire inventée a posteriori pour justifier l'injustifiable. Il n'y a, à ma connaissance, jamais eu la moindre alliance de ce type. C'est une invention des Kosovars", dénonce Pierre Péan. S'il est difficile d'établir un chiffrage précis, les Roms seraient moins de 40 000 à vivre actuellement au Kosovo alors qu'ils étaient entre 150 000 et 200 000 à la fin des années 1990. Selon Amnesty International, la France compterait environ 15 000 Roms migrants originaires des pays de l'est, dont le Kosovo.

Le gouvernement kosovar signe depuis 2009 des accords de réadmission avec de nombreux pays - dont la France - dans le but de renforcer ses liens avec l'Union européenne. Les associations s'en inquiètent, ces accords ouvrant, selon elles, la voie à des retours forcés vers le Kosovo sans évaluation préalable des conditions d'accueil des Roms. "Il y a un consensus de plus en plus fort pour dire que ces déportations mettent les Roms, les Ashkalis et les Égyptiens (les autres minorités du pays, ndlr) en danger, et rendent la vie plus difficile encore à ceux qui sont déjà au Kosovo, estime Wanda Troszczynska-van Genderen. Les responsabilités des gouvernements de l'UE ne s'arrêtent pas à leurs frontières. Ces gouvernements doivent consacrer leurs efforts à améliorer la situation sur le terrain, au lieu de renvoyer des gens vers une situation désespérée".

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