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Anne Lauvergeon tacle Sarkozy
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Paf

L'ancienne dirigeante d'Areva revient sur ses rapports avec le président et Henri Proglio.

Elle publie un livre, La Femme qui résiste. Elle a donc des choses dire, et quelques comptes à régler. Dans un entretien à L'Express, l'ancienne patronne d'Areva, qui a du quitter son poste en juin 2011, révèle notamment quelques unes de ses conversations avec Nicolas Sarkozy. Avec qui elle n'est pas tendre. 

Selon elle, le président de la République lui avait proposé, avant son élection en 2007,  d'entrer dans son gouvernement, au poste qu'elle souhaitait. "Il ne composait pas un gouvernement, il recrutait pour un casting !", écrit l'ancienne dirigeante d'Areva. "Je remplissais nombre de cases : femme, monde économique, industrie, international, Mitterrand, moins de 50 ans... et Areva libérée", explique-t-elle.  Elle assure  également que le président de la République lui avait confié en 2007 , "qu'il ne ferait qu'un mandat, puis qu'il irait gagner de l'argent chez Bouygues". Visiblement, il a changé d'avis, en tout cas sur son nombre de mandat.   

Anne Lauvergeon reproche cinq choses à Nicolas Sarkozy : "avoir voulu fusionner Areva et Alstom pour le compte de Bouygues", ce qui n'a pas eu lieu ; "avoir créé, avec la commission Roussely, une opération détestable pour l'image internationale de la filière nucléaire française" ; "la nomination de Proglio" à la tête d'EDF,avec qui elle n'a pas de bonnes relations (voir plus loin) ; quatrièmement "avoir laissé s'organiser un système de clan, de bandes et de prébendes" ; et enfin "vendre du nucléaire à des pays où ce n'est pas raisonnable". Interrogée sur ce dernier point, elle cite la Libye, estimant que Nicolas Sarkozy a beaucoup insisté pour commercer avec le colonel Kadhafi, jusqu'à l'été 2010, ce qu'Anne Lauvergeon désapprouvait : "la vente de nucléaire s'accompagne de la création d'une autorité de sûreté capable d'arrêter la centrale en cas de problème. Or, dans un tel régime, un président de l'autorité de sûreté qui n'obéit pas est au mieux jeté en prison, au pire exécuté! ".

Selon elle, le chef de l'Etat lui avait proposé également "la direction d'Air France"qu'elle a refusée"puisque Alexandre de Juniac, un des grands amis [de Nicolas Sarkozy], était candidat pour le poste. Il m'a dit : 'Alexandre est un ami, mais il n'a pas le niveau, il ne sera jamais président d'Air France. Il faut être sérieux'", rapporte Anne Lauvergeon.

L'ancienne sherpa de François Mitterrand est également interrogé sur ses relations avec le président socialiste. Et est amenée à le comparer avec l'actuel chef de l'Etat : sous Mitterrand, l'entourage du président avait "une plus grande liberté de parole et d'actes" dit-elle. A l'inverse, elle estime que "Nicolas Sarkozy a des intuitions globales, mais, en même temps, il veut faire du micromanagement. Et il ne s'entoure, contrairement à François Mitterrand, que de personnalités venant du même moule, préfets, inspecteurs des finances - à quelques exceptions près. Je crois qu'il a un vrai problème : il place tout sur le terrain de l'affectif". C'est de là que vient, selon Anne Lauvergeon, "l'allergie profonde" du président pour "les contre-pouvoirs, les corps intermédiaires, les contradicteurs".

Enfin, Anne Lauvergeon ne manque pas non plus d'écorcher Henri Proglio, actuel patron d'EDF. Selon elle, à sa nomination, "il est arrivé en se proclamant capitaine (de l'équipe de France nucléaire), en refusant systématiquement de passer le ballon et en taclant ses coéquipiers. A peine nommé, il a critiqué publiquement la filière, qu'il connaissait fort peu, prônant le démantèlement d'Areva. Pour se sentir aussi fort, il fallait bien qu'un axe d'airain se constitue, fait de politiques et d'intermédiaires afin de servir ses intérêts".

Lu sur l'Express

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