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Mohamed Merah, de la prison au djihad : itinéraire d'un fanatique
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Portrait

Le suspect de la tuerie de Toulouse, connu des services de renseignements, se serait radicalisé en prison avant de se rendre au Pakistan et en Afghanistan.

Qui est Mohamed Merah ? Après plus de dix jours de traque et 32 heures de siège, l'auteur présumé des sept meurtres commis à Toulouse et à Montauban est mort dans de très violents échanges de tirs avec les policiers.

On sait de source sûre que le jeune homme était âgé de 24 ans. Il se revendiquait d’Al-Qaïda et du djihad pour justifier la mort de trois militaires, le 11 mars à Toulouse et le 15 mars à Montauban, ainsi que du meurtre d'un rabbin et de trois enfants dans une école juive de Toulouse lundi dernier.

Mohamed Merah, qui a déjà sa page de présentation sur Wikipédia, est né à Toulouse au milieu des années Mitterrand, le 10 octobre 1988, de parents arrivés d'Algérie en France, rapporte Le Monde. Sa mère élève presque seule cinq enfants, trois garçons et deux filles. Dans la fratrie, Mohamed occupe la place de celui sur lequel on ne s'attarde pas, quatrième de cinq enfants, petit frère à la remorque des deux "grands", coincé entre deux sœurs.

Mohamed n'a pas 14 ans lorsqu'il fugue pour la première fois. Un soir de janvier 2005, il tient tête à l'une des éducatrices du foyer Mercadier, lui décoche un coup de poing à l'œil. Son premier réflexe ? Se réfugier chez sa "grande sœur", celle qui, comme souvent dans les cités, joue les parents de remplacement et laisse toujours sa porte ouverte.

Le tueur présumé de Toulouse était carrossier de formation, sans emploi depuis quelques mois, selon Le Point. Petit délinquant connu des services de police locaux, il aurait, d'après le site de l'hebdomadaire, 18 faits de violence à son actif, entre 2007 et 2009.

Cailloux lancés contre un bus municipal, en 2004, qui lui valent une simple "admonestation", vol de portable en 2006, de moto, insultes, conduite sans permis... du classique, en somme. Sauf que les peines s'alourdissent, et que, passé 18 ans, les mois de sursis se transforment en mois fermes. A la sortie de la prison, on ne retrouve pas forcément la vie professionnelle qu'avant. A l'époque, rapporte La Dépêche du Midi, l'expert judiciaire Alain Pénin notait chez Merah "des dispositions antisociales", faute de formation aboutie, et conseillait "un suivi psychologique" lors de sa remise en liberté.



C’est à cette époque qu’il aurait basculé dans l’islam radical. Mohamed Merah aurait été arrêté en 2007 en Afghanistan après avoir posé des bombes dans la région de Kandahar, mais se serait évadé quelques mois plus tard, a déclaré mercredi à Reuters le directeur des prisons de cette ville du Sud afghan. Condamné à trois ans de prison, il s'est enfui à la faveur d'une intervention commando menée en juin 2008 par des taliban qui avait permis l'évasion d'un millier de détenus. Toujours selon Le Point, il aurait fait deux séjours dans les zones tribales côté pakistanais (frontière afghane) en 2010 et 2011.

"Sur les questions de religion et de politique, il avait dressé une muraille et n'abordait jamais le sujet. M. Merah gardait sa part d'ombre", raconte son avocat, Me Christian Etelin cité par Le Monde. Ces virées, il les a même tues à sa mère: "Il lui disait qu'il partait en Algérie. En Algérie ? Au Pakistan, oui, raconte, pas dupe, un ami de la famille. A son retour, sa mère disait : "En Algérie, on lui a fait des sorcelleries."

Avant de rejoindre l’Afghanistan, Mohamed Merah a postulé deux fois pour entrer dans la Légion étrangère et dans l’armée, en 2010, selon Europe 1. Il n'a pas été retenu en raison de ses antécédents judiciaires et de son instabilité psychologique.

A partie de ce moment, Mohamed Merah a été sous surveillance de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour appartenance à un mouvement salafiste. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a toutefois précisé qu'aucun élément ne permettait de penser qu'il était sur le point de passer à un acte criminel.

Son avocat, Me Christian Etelin, a déclaré sur BFM-TV que rien dans son comportement ne laissait penser qu'il avait un engagement politique, "dont il n'a pas voulu me parle". "C'était quelqu'un de souple, courtois, pas rigide au point de laisser penser à un certain fanatisme", a-t-il dit, précisant qu'il avait défendu le jeune homme pour de petites infractions.

Le site de Libération rapporte que le père d'un voisin le décrit comme une "personne normale", tandis que son avocat parle d'un homme "poli et courtois", n'ayant jamais été "dans une délinquance deviolence". Selon Samir, l'ami d'enfance, "c'est quelqu'un de gentil, de calme, le plus jeune de la fratrie. Il aime le foot, la moto, les voitures, les filles. Il n'avait aucun lien particulier avec la religion, ne portait pas de barbe, il allait en boîte. Je l'ai vu dimanche, il était très calme, normal. On ne parlait pas de politique".

A l'inverse, le procureur de Paris, François Molins, au cours de la conférence de presse mercredi décrit  "un homme au profil violent, qui a manifesté des troubles psychologiques étant mineur. Il a un parcours de solitaire. Il peut rester enfermé chez lui pendant longtemps et regarder des vidéos de décapitations sur Internet. Tout ceci est d’une extrême violence".

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