Affaire Jouyet/Fillon : comment le scandale fait resurgir le soupçon d'un "cabinet noir" à l'Elysée

Depuis la révélation du déjeuner entre François Fillon et Jean-Pierre Jouyet, le 24 juin, au cours duquel l'ancien Premier ministre aurait demandé au secrétaire général de l'Elysée d'accélérer le rythme des affaires visant Nicolas Sarkozy, la droite est de plus en plus persuadée de l’existence « cabinet noir » atour de François Hollande. Si ce dernier scandale a fait ressurgir cette rumeur, elle ne date pas d’hier. Déjà en 2013, après que des recherches avaient été effectuées dans ses archives électroniques, Nicolas Sarkozy avait accusé, à tort, le président de la République disposait d’un « cabinet noir » destiné, entre autre, à lui nuire. Mais, l’Elysée s’était contenté de répondre à trois réquisitions envoyées par des juges d’instruction.

En France, le cabinet noir est une vieille institution, qui remonte au Cardinal Richelieu. Disparu pendant des années, il a refait son apparition sous François Mitterrand quand celui-ci a ordonné l’écoute des conversations de plus d’un millier de personnes dans le but de protéger ses secrets de famille. Puis, sous le gouvernement Chirac, le patron des Renseignements généraux, Yves Bertrand, avait rempli des carnets entiers de note sur la vie de Lionel Jospin et de Nicolas Sarkozy.

Toutefois, ce dernier n’est pas non plus exempt de tout soupçon. En effet, c’est quand il était au pouvoir qu’a eu lieu l’affaire des fadettes. Le successeur d’Yves Bertrand, Bernard Squarcini avait ordonné que l’on piste les appels d’un journaliste du Monde, Gérard Davet, alors à l’origine des révélations sur l’implication louche du pouvoir dans le dossier Bettencourt. Ironie du sort, c’est aujourd’hui ce même Gérard Davet qui est l’un des deux auteurs du « scoop » Fillon Jouyet.