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House of Cards : 10 (+2) des meilleures leçons de vie de Frank Underwood
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Toi aussi tu es cynique et sanguinaire

"Les amis font les pires ennemis" ou "L'argent est comme une maison neuve bas de gamme qui tombe en morceaux au bout de 10 ans. Le pouvoir c’est la vieille maison en pierre de taille qui tient des siècles" : autant de citations pour comprendre les arcanes du pouvoir, grâce à la série « House of cards » dont la saison 2 est en cours de diffusion en France.

Lloyd Cerqueira

Lloyd Cerqueira

Lloyd Cerqueira est chargé de mission auprès du groupe UDI-UC du Sénat.  Spécialisé dans l'analyse des questions budgétaires et fiscales, il n'en reste pas moins amateur de séries télévisées.  Observateur anonyme de la vie politique, ses écrits n'engagent que son opinion personnelle.

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Vous ne comprenez plus rien aux « couacs » au sein du Gouvernement ? La « recomposition » de la droite et les bisbilles à l’UMP entre Copé et Fillon vous dépassent alors que vos cours de sciences politiques sont déjà loin ?

Plus la peine de vous astreindre à lire « Le Prince » de Machiavel ou de vous infliger la chaine parlementaire une heure par jour. Pour accéder aux arcanes du pouvoir, il suffit maintenant d’écouter attentivement les leçons de Francis J.Underwood, le protagoniste principal de la série « House of cards » dont la saison 2 est actuellement en cours de diffusion en France sur Canal+ en attendant que son producteur, le site américain « Netflix » arrive en France.

L’oncle Franck vous explique en 10 citations les 10 règles cardinales de la conquête du pouvoir. Utile pour celui qui croit encore que la politique est faite d’engagement et de bons sentiments comme pour celui veut faire un tabac aux prochaines élections municipales !

  1. 1.   « Les amis font les pires ennemis. »
  2. C’est aujourd’hui, sans aucun doute, ce à quoi Nicolas Sarkozy pense le matin en se rasant. Vous pensiez avoir des lieutenants fidèles, eh bien non ! Partout autour de vous, on ne songe qu’à vous mettre des bâtons dans les roues. Avec des amis comme Jean-François Copé et François Fillon, pas besoin d’ennemis ! Quant à ceux qui vous sont restés fidèles, ils ne font que vous nuire. Il suffit de penser aux primes de Claude Guéant ou à François Pérol, acteur majeur de l’affaire BPCE et de l’affaire Tapis pour s’en convaincre. Un seul conseil si vous ne pensez qu’au sommet du pouvoir : ne laissez personne vous approcher. Vous êtes une île. Vous naissez seul, vous mourrez seul. Tous ceux que vous croiserez entre ces deux évènements sont soit, d’inutiles distractions, soit des appuis dont vous devez vous servir. Ils connaissent vos faiblesses, vos failles, vous ont approché de trop près et n’hésiteront pas à s’en servir contre vous. Tirez le premier !



2. « Je ne prends jamais de grandes décisions trop longtemps après le coucher du soleil, et trop loin de l’aube. »

Dans le monde de Francis, la nuit, c’est le théâtre du cauchemar. On planifie, on organise, on complote, on agît, on tue, on cache, on efface mais on ne décide pas. La nuit est trop précieuse pour être gâchée par des heures perdues à prendre des décisions. En France, c’est moins glamour, on reçoit Alain Minc et les fameux « visiteurs du soir » à l’Elysée, on passe des coups de fil, on fait passer tout et n’importe quoi en séance de nuit au Parlement. La démocratie est toujours surestimée la nuit.

3. « L'argent est comme une maison neuve bas de gamme qui tombe en morceaux au bout de 10 ans. Le pouvoir c’est la vieille maison en pierre de taille qui tient des siècles. »

Eteignez BFM business, ça ne sert à rien. On vous explique depuis des années que la politique ne peut rien, que les entreprises décident de tout. Vous avez déjà vu une statue de Bernard Tapis ? Même Serge Dassault a dû plier devant la pression des juges. Le pouvoir n’a fondamentalement rien à voir avec l’argent. Le pouvoir, c’est une logique propre qui entraine tout sur son passage. Vous avez du charisme, les idées claires, un sens aigu du pragmatisme le plus froid ? Ne vous préoccupez pas de l’argent, c’est lui qui vous trouvera. Il a davantage besoin de vous que l’inverse. Si c’est l’argent que vous cherchez, vous terminerez dans les chaînes de plus puissant que vous.


4. « Un grand homme a dit une fois, tout est une question de sexe. Sauf le sexe. Le sexe est une question de pouvoir. »

Se mettre à nu, au propre comme au figuré, c’est se rendre vulnérable. C’est le théorème DSK : à trop tirer sur la corde, vous finirez pas vous l’enrouler autour du cou. Les femmes l’ont compris depuis des millénaires, même Valérie Trierweiler. Le sexe donne l’illusion du pouvoir, il n’est pas le pouvoir.

L’Homme de pouvoir n’est pas en demande. Il consent éventuellement à octroyer l’illusion de l’égalité à ce qui n’est finalement qu’un jouet entre ses mains.

5. « Faire du surplace c’est la même chose que la noyade pour des gens comme vous et moi »

En politique, le statu quo, c’est la mort. Vous avez été élu pour vous bouger ! Même le Président normal l’a compris. On vous annonce une pause fiscale, puis le pacte de responsabilité, on crée 25 commissions qui ne servent à rien si ce n’est à gagner du temps. Quand vous ne savez pas quoi faire, faîtes semblant ! C’est aussi bien et en plus, vous ne prenez pas de risques !

La véritable course est ailleurs. Il faut conquérir ou conserver le pouvoir. Le succès appelle le succès. Un bon sondage, puis un deuxième, un troisième et vous voilà ministre de l’intérieur, Premier ministre, candidat à a présidentielle… Dans l’esprit de Manuel Valls en tout cas !

L’ambitieux est donc passé maitre dans l’art de la planification, et de l’organisation. Il n’y a pas une minute à perdre : restez concentré sur votre objectif et concentrez toute votre énergie et votre pensée dessus, sinon c’est l’échec – et l’ennui - assuré.


6. « Il n’y a pas de réconfort ailleurs. Seulement nous, petits et solitaires, s’entretuant les uns les autres. Je prie pour moi. Pour moi-même. »

Ne croyez pas en Dieu. Ne croyez pas dans les institutions. Ne croyez pas dans les règles. Croyez en vous. La COCOE  peine à décider qui a gagné la primaire de l’UMP en novembre 2012 ? Qu’a cela ne tienne ! Accusez votre adversaire de tricherie, proclamez-vous vainqueur et renvoyez vos adversaires dans les cordes. On ne joue pas collectif : Fabius veut prendre la tête de Bercy ? Au diable la solidarité gouvernementale, il tire à coup de canon sur la direction du ministère des Finances. Tirez la couverture, pompez l’oxygène de vos rivaux et votre côte de popularité s’envolera. Vous êtes l’étalon de vos propres valeurs, le sujet de toutes vos attentions. C’est à vous de vous faire vos propres cadeaux. Ayez confiance en vous. Ayez foi en vous. En politique, vous êtes la seule clé de votre rédemption. Personne ne vous aidera sans vous soumettre, ou vous plonger la tête sous l’eau.


7. « L’insécurité m’ennuie »

Quand on est Président de la République, il est fâcheux de se faire huer pendant les cérémonies du 11 novembre. Pour Jean-Marc Ayrault, il est dommageable de voir la ville dont on a été le maire être livrée à des scènes de guérilla, surtout quand on est aux prises avec une bande de hippies défendus par Cécile Duflot. Ambition rime avec préparation. Ne laissez rien au hasard. Calculez tout, prévoyez toutes les éventualités. Ne laissez pas l’insécurité vous rendre nerveux. L’insécurité est un signe de faiblesse. L’échec appelle l’échec.


8. « Il n'y a pas de meilleure façon de dissiper un doute qu'avec un flot de vérité. »

Le bon mensonge est celui qui a toutes les apparences de la vérité. Soignez les détails, racontez une histoire comme si vous l’aviez vraiment vécue. Soyez visuel ! Le chômage augmente ? La courbe ne s’inverse pas ? Foutaises ! Faîtes comme Michel Sapin : vous êtes sur le terrain, vous avez visité tous les centres Pôle Emploi de France au moins trois fois et vous savez, vous, que les emplois d’avenir montent en puissance et que le CICE marche. Ceux qui vous contrediront passeront pour de sombres technocrates et vous pour un homme de terrain. Evitez de sourire pendant votre récit tout de même. La politique, c’est aussi un art du spectacle.


9. « C’est tellement rafraichissant de travailler avec quelqu’un prêt à monter un canasson sans d’abord regarder ses dents »

La politique, c’est la guerre, et par tous les moyens ! Vos collaborateurs ne sont pas vos amis, ils sont vos soldats. Et comme tout bon soldat, ils doivent être prêts à tout pour votre réussite et sans poser de questions. Ils ont une confiance aveugle en vous, ils dépendent de vous. Vous êtes en délicatesse avec les sondages ? Envoyez un « porte flingue » faire le tour des plateaux télévisions. De Gaulle avait Pompidou. Giscard avait Raymond Barre. Chirac avait Juppé. Nicolas Sarkozy avait Rachida Dati, Christian Estrosi et même (attention …) Nadine Morano. A défaut d’une telle équipe, si vous n’avez que ça sous la main, eh bien faîtes comme les socialistes : envoyez Harlem Désir deux fois par semaine répondre à Jean-Jacques Bourdin… c’est déjà ça.

10. « Il existe deux types de douleur. Le genre de douleur qui vous rend fort, ou la douleur inutile. Le genre de douleur qui est seulement la pour la souffrance. Je n’ai pas le temps pour les choses inutiles. »

La soif du pouvoir est au-dessus du plaisir, elle est aussi au-dessus de la douleur. Il n’y a qu’une seule chose qu’elle ne tolère pas, c’est le gaspillage. Aussi, soignez vos apparitions en public ! Un tremblement de terre à l’étranger n’est pas très rentable en termes médiatiques. Trop d’associations sur place, on vous piquerait la vedette et votre inutilité serait trop criante. Une canicule ou une catastrophe sanitaire ? Trop risqué. On pourrait croire que c’est de votre faute.

Non, un bon fait divers c’est l’idéal. C’est fédérateur, c’est visuel et tout le monde s’y reconnaît. Le ministre de l’intérieur est trop haut dans les sondages ? Heureusement que le bijoutier de Nice est venu redonner des couleurs à l’opposition sur le thème de la sécurité ! Vous voulez taper sur les musulmans pour rappeler à la France éternelle ses valeurs de toujours ? Il y a la crèche « Baby-loup » !

Bonus

« La nature des promesses, Linda, est qu’elle reste à l'abri de l'évolution des circonstances. »

Vous n’avez qu’une seule parole, c’est pourquoi vous avez tout intérêt à la reprendre souvent. Le tout, c’est que personne ne s’en rende compte. Aussi, évitez les promesses à l’emporte pièce et surtout les engagements chiffrés. A l’image d’Ayrault et de Moscovici au sujet de la « pause fiscale », soyez flous ! Dites quelque chose comme « On va stabiliser la dynamique de l’augmentation à moyen terme de l’horizon de la fin de l’année 2015… ». Vous pouvez vous engager là-dessus sans risque. Comme ça ne veut rien dire, vous êtes sûr et certain de gagner à tous les coups, quoi qu’il arrive.

« A quoi un martyr aspire plus que tout : qu’une épée lui tombe dessus. Donc, aiguisez bien la lame, trouvez le bon angle, et puis ... 3,2,1… »

Mieux qu’un soldat, vous avez besoin de victimes télécommandées. C’est du donnant/donnant : vous avez besoin qu’elles soient prêtes pour l’autodestruction, elles attendent le coup de grâce. On vous trouve trop de droite pour un ministre de gauche ? Tapez sur l’antisémite de service et refaites-vous une santé sur le dos de la lutte contre le racisme : attention, ça ne marche pas à tous les coups !

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