Egalité : entre les efforts législatifs de Najat Vallaud-Belkacem et les incitations de Sheryl Sandberg à davantage s’imposer au quotidien, où est l’efficacité pour les femmes ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La loi pour l'égalité hommes-femmes devrait être votée ce mardi 28 janvier par les députés.
La loi pour l'égalité hommes-femmes devrait être votée ce mardi 28 janvier par les députés.
©Reuters

A quel sein se vouer

Le projet de loi sur l'égalité hommes-femmes devrait être voté ce mardi 28 janvier par les députés avant d'être examiné par le Sénat. Politiques de quotas, sanctions financières, déconstruction des stéréotypes de genre, etc. La question est de savoir quels types de législations aideront les femmes à s'imposer davantage.

Jean-François Amadieu

Jean-François Amadieu

Jean-François Amadieu est sociologue, spécialiste des déterminants physiques de la sélection sociale. Directeur de l'Observatoire de la Discrimination, il est l'auteur de Le Poids des apparences. Beauté, amour et gloire (Odile Jacob, 2002), DRH le livre noir, (éditions du Seuil, janvier 2013) et Odile Jacob, La société du paraitre -les beaux, le jeunes et les autres (septembre 2016, Odile Jacob).

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Atlantico : La loi pour l'égalité hommes-femmes devrait être votée ce mardi 28 janvier par les députés. Le texte prévoit notamment des pénalités financières pour les entreprises ne la respectant pas et met en place une réforme du congé parental pour inciter davantage de pères à en prendre. Peut-on compter sur la loi pour améliorer le sort des femmes ? Quelles sont les limites d'une telle approche ?

Jean-François Amadieu : Les écarts de salaire injustifiés relevant de la discrimination doivent être sanctionnés. Ce qui est en revanche plus discutable et que l'on retrouve dans ce projet de loi, est le renforcement de la logique de quotas ou de parité. Au départ, la parité était appliquée à la vie politique et a ensuite été transposée dans le monde professionnel. Cela revient à traiter les femmes comme des personnes en situation de handicap. Un raisonnement de ce type appliqué aux femmes pose des problèmes. 

Un système de quotas s'applique bien en politique où il est question de représentation. La logique de l'entreprise est différente et elle n'a pas vocation à refléter la diversité sociologique d'un pays. Une entreprise recrute en fonction des compétences dont elle a besoin. La logique de reflet de la population utilisée dans le domaine politique ne peut pas être utilisée de la même manière dans le monde professionnel. Le risque c'est la multiplication des critères de quotas (minorités visibles, âge, etc.).

Le livre de Sheryl Sandberg, à la tête de facebook, a fait grand bruit en 2013. L'auteure suggérait, entre autres, que les femmes possédaient une part de responsabilité dans le maintien des inégalités hommes-femmes en entreprise, notamment parce que ces dernières n'osaient pas suffisamment s'affirmer. Que peut-on face à ce genre de constats ?

C'est un sujet auquel on s'attaque déjà, notamment certains chantiers entrepris par la ministre des Droits des femmes. Il faut travailler à la socialisation des jeunes filles, déconstruire les stéréotypes de genre auxquels. Et ce dès le plus jeune âge pour renforcer l'estime de soi de certaines jeunes filles. De fait, elles développeront une personnalité plus forte, elles oseront davantage demander, réclamer. Certes, certaines femmes possèdent cette capacité à dépasser cette éducation et à être forte malgré tout. Je dirais que cela n'enlève rien au fait que l'éducation des jeunes filles dans le monde entier ne favorise pas l'affirmation d'elles-mêmes. Manque de confiance qui a un impact sur leur carrière.

Faut-il davantage miser sur les efforts individuels fournis par les femmes plutôt que sur un encadrement législatif ?

Tout dépend de l'encadrement législatif dont il est question. Les politiques qui restaurent les conditions de l'égalité des chances me semblent être les plus pertinentes. Favoriser l'accès aux études, favoriser un égal accès au marché de l'emploi. Je pense que le débat ne peut se réduire à "faut-il une intervention du législateur ?". Le débat est de savoir quelle est l'intervention dont il est question.

La France est allée chercher l'idée des quotas de femmes dans les administrations auprès des pays scandinaves, mais tous les pays ne traitent pas ce problème de la sorte. Il existe plusieurs moyens de faire progresser la question de l'égalité hommes-femmes. Le CV anonyme est ainsi préférable aux politiques de quotas. Tout ne doit pas relever de l'initiative de chaque femme. Le CV anonyme est généralement profitable aux femmes. Il suffirait donc d'appliquer la loi de 2006.

Quelle est la marge de manœuvre dont disposent les femmes pour faire évoluer leur statut ? Que peut faire chacun de nous à son niveau pour améliorer cette situation ?

Il faut agir sur la socialisation pour ne pas maintenir les stéréotypes. Néanmoins, certains phénomènes relèvent de l'inertie de la structure sociale et ne sont pas uniquement liés à l'éducation. Ces derniers compliquent également les carrières de femmes. Par exemple, dans tous les pays du monde, les femmes se marient toujours plus jeunes que les hommes. Les femmes vont avoir tendance à renoncer plus facilement relativement à une personne qui est plus avancée dans sa carrière. Cela ne relève pas forcément de stéréotypes mais d'une structure plus profonde de la société. Ce n'est pas uniquement parce que les femmes ne s'affirment pas.  

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