Ce qu'un neuroscientifique ayant découvert qu'il était psychopathe en étudiant son propre cerveau nous apprend sur la capacité à maîtriser nos prédispositions<!-- --> | Atlantico.fr
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James Fallon a étudié de près son cerveau de psychopathe.
James Fallon a étudié de près son cerveau de psychopathe.
©DR

Cordonnier mal chaussé

Il n’a pourtant "jamais tué ni violé qui que ce soit". Il fait partie des "bons psychopathes", ceux dont l'environnement a réussi à impacter sur les gènes.

D’un côté il y avait les scans du cerveaux de la famille de James Fallon, prédisposée à la maladie d’Alzheimer, de l’autre ceux de tueurs psychopathes. Le neuroscientifique James Fallon travaillait dans son laboratoire quand, dans la pile de scans de cerveaux de sa famille, l’un d’entre eux a attiré son attention. Les zones du cerveau liées à l'empathie, à la moralité et au contrôle de soi, montraient une faible activité... Or, ce sont ces zones qui sont en jeu dans la psychopathie. Fallon a alors immédiatement comparé ce scan avec celui des tueurs. Ce cerveau était bien celui d’un psychopathe et c’était… le sien. Il comprend une série d’allèles génétiques provoquant de la sérotonine une hormone à l’origine de pulsions violentes et agressives.

Mais James Fallon n’a pourtant jamais "tué ni violé qui que ce soit", selon ses propres termes. C’est un "bon psychopathe". Celui dont l’environnement sain a réussi à impacter sur les gènes. Il a eu une enfance heureuse, des parents aisés et attentionnés.

Pour autant, il a toujours été manipulateur et froid. Alors qu’il écrivait son livre The Psychopath Inside: A Neuroscientist's Personal Journey Into the Dark Side of the Brain, sa mère lui a avoué qu’elle s’est posé beaucoup de questions pendant son enfance, tant il était parfois étrange. "Certains parents ne voulaient pas que leurs enfants jouent avec moi", a raconté Fallon dans une interview pour The Atantic.Ses amis, lui confirmèrent que oui, il avait souvent eu des comportements "psychotiques"et dangereusement irresponsables. Ils lui ont souvent fait part de leurs inquiétudes mais lui n’avait jamais rien voulu entendre.

Des psychiatres ont étudié son cerveau et lui ont dit sans détours que s’il n’avait pas été aussi bien entouré, il n’aurait pas dépassé le stade de l’adolescence. Il aurait fini par se tuer ou par être tué. "Ce à quoi je répondais "je m’en fous". "C’est justement ce qui prouve que vous avez une dose de psychopathie", rétorquaient les médecins",a-t-il raconté. 

"J'ai toujours su que j'étais instable, j’ai toujours eu besoin de danger", a-t-il ajouté. Quand il travaillait au centre de recherche de l’hôpital de Nairobi, des collègues lui ont parlé d'une cave, où un de leur patient avait attrapé le virus de Marbrug. Il a alors voulu y aller et a emmené son frère avec lui, lui vendant un treck sur la piste des éléphants.

Mais depuis qu’il a découvert la vérité sur lui-même, Fallon a décidé "pas de changer, car je n’y crois pas, mais d’évoluer", pas à pas, en mieux. Il essaye d’être plus attentionné envers sa sœur, sa mère, sa femme, qui lui reprochent de les traiter comme des étrangères.

Mais attention : "Je ne fais pas ça parce que je suis soudainement sympa, je fais ça par fierté - parce que je veux montrer à tout le monde et à moi-même que je peux me sortir de là."

                                                                                                                                                                      Raphaëlle de Tappie 

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