Flambée des angoisses alimentaires : comment rationaliser notre rapport à la nourriture <!-- --> | Atlantico.fr
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Les troubles alimentaires les plus fréquents sont l’hyperphagie (le fait de se remplir), le grignotage, le fait de sauter des repas et le fait d’avoir des impulsions et des compulsions alimentaires.
Les troubles alimentaires les plus fréquents sont l’hyperphagie (le fait de se remplir), le grignotage, le fait de sauter des repas et le fait d’avoir des impulsions et des compulsions alimentaires.
©Reuters

Miam !

Végétarien, végétalien, boulimique, anorexique, compulsif… L'anxiété face à notre assiette, qui provoque nos troubles alimentaires, semble se développer. Halte, il est encore temps d'apprendre à mieux manger.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Atlantico : Quelles sont aujourd’hui les manifestations de troubles du comportement alimentaire les plus courantes ? A quoi ces troubles sont-ils imputables ?

Arnaud Cocaul : Les troubles alimentaires les plus fréquents sont l’hyperphagie (le fait de se remplir), le grignotage, le fait de sauter des repas et le fait d’avoir des impulsions et des compulsions alimentaires.

Tous ces troubles sont principalement imputables aux régimes, notamment aux régimes restrictifs qui frustrent les personnes qui les font. C'est quelque chose qui malheureusement se répand à grande vitesse.

Avons-nous développé une réelle forme d’anxiété à l’égard de la nourriture ? A qui la faute ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Oui, tout à fait. On peut très facilement développer une anxiété à l’égard de la nourriture, surtout si on a fait des régimes restrictifs. Les régimes à répétition amplifient l’anxiété à l’égard de la nourriture.

Or, quand on est anxieux par rapport à la nourriture, il faut absolument consulter et avoir un soutien psychothérapeutique.Comme je l’ai dit, c’est largement à cause des régimes restrictifs qu’on en est arrivés là : les gens sont de plus en plus perdus. Ils ne savent plus à quel Saint se vouer sur les questions alimentaires tant ils entendent des conseils et des idées de régimes toutes plus contradictoires les unes que les autres.

Un élément important explique également l’anxiété ambiante à l’égard de la nourriture : les crises alimentaires. A cause des crises sanitaires répétitives, les gens ne savent plus quoi manger, ils sont anxieux de ce qu’ils vont mettre dans leurs assiettes.

En conclusion, le terrorisme alimentaire s’ajoute au fait que les gens soient perdus.

Attrait grandissant pour le bio, le local, le végétalisme, l’évolution des comportements alimentaires permet-elle aujourd’hui de lutter efficacement contre cette anxiété ou, au contraire, l’entretien-elle ? Pour quelles raisons ?

Ces attraits entretiennent l’anxiété alimentaire plus qu’autre chose !

Les troubles du comportement alimentaires sont en train de s’accentuer avec des dérives et avec des comportements jusqu’au-boutistes comme la montée en puissance des gens qui se disent intolérants au gluten et au lactose, par exemple, alors que ces dires ne reposent, la plupart du temps, sur rien. Également, des gens se détournent de la viande parce qu’ils ont peur suite à la vache folle. D'autres se détournent aussi du poisson car ils ont peur de consommer des métaux lourds.

En conclusion, les gens ne savent plus quoi manger ce qui leur créé une pression énorme.

Comment réapprendre à manger ? L’alimentation intuitive représente-t-elle le meilleur remède pour se réconcilier avec la nourriture ? Quelles seraient les conséquences positives de manger ce que l’on veut quand on le veut, sans se soucier de ce qui est dans notre assiette ?

Le meilleur des conseils est surtout d’arrêter les dictats alimentaires et d'apprendre à se faire plaisir. Il faut écouter ses sens et manger un peu comme le repas gastronomique français : manger à table, manger avec ses amis, prendre du bon temps, cuisiner… Il faut se faire plaisir !

Il est important de prendre des produits locaux et frais. Il faut éviter au maximum les produits qui viennent de loin car ils ont été transportés par avion ou ont des consignes vétérinaires différentes de celles en France (pesticides…).

Également, il faut éviter le plus possible les produits transformés (préparations industrielles par exemple).  

En résumé, il faut privilégier le local, le frais, ce qui est français et aller, autant que faire se peut, vers une alimentation basique.

Naturellement l’alimentation intuitive est une solution. Elle permet d’enlever une pression en étant plus équilibré dans notre alimentation et dans notre vie. L’alimentation intuitive ne constitue pas un paradoxe, au contraire, ses bienfaits s’expliquent facilement : on n’a pas l’impression de se priver donc on n’exagère pas, on mange moins et plus sain, par la force des choses. L’idée est de manger moins, de mâcher, de manger lentement.

Propos recueillis par Marianne Murat

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