Comment se protéger de Cryptolocker et autres virus qui cryptent vos fichiers pour vous rançonner<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Cryptolocker chiffre les données personnelles et demande ensuite une rançon contre leur déchiffrement.
Le Cryptolocker chiffre les données personnelles et demande ensuite une rançon contre leur déchiffrement.
©Reuters

Coup d'Etat sur votre PC

Les "rançongiciels" sont des virus qui rendent l'ordinateur qui en est victime inutilisable, et ce jusqu'à ce que paiement soit effectué...

Romain Castel

Romain Castel

Romain castel est expert référent en sécurité informatique chez Atheos dans le pôle "Audit et Conseil technique". Il travaille depuis trois ans dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information avec pour secteur de prédilection l’analyse des failles applicatives et des malwares.

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Atlantico : Depuis quelques temps semble apparaitre une recrudescence d'attaques informatiques d'un genre assez nouveau pour le grand public : celles des ransomware, ou "rançongiciels", dont le plus célèbre est Cryptolocker, qui chiffre les données personnelles et demande ensuite une rançon contre leur déchiffrement. Que sont ces logiciels "preneurs d'otages" et comment fonctionnent-ils ?

Romain Castel : Les ransomware sont à la mode car il permettent de gagner de l'argent facilement en profitant de la crédulité ou de l'impuissance des gens face à des problèmes informatiques. En effectuant une petite rétrospective ont peut distinguer trois types de ransomware :

- Les premiers sont ceux qui sont apparus à la fin des années 80. A cette époque ils ne prenaient pas le contrôle complet de l'ordinateur cible. Ils indiquaient simplement que la licence d'un logiciel lambda était expirée et qu'il fallait la renouveler. Évidemment le malware indiquait une adresse de paiement différente de celle du logiciel.

- Ensuite, vers la fin des années 2000, un autre type de ransomware est apparu : ceux qui ont pour but de bloquer complètement le fonctionnement de l'ordinateur infecté en remplaçant un élément primordial du système. Par exemple, le ransomware dit de la "gendarmerie nationale" qui affirme qu'une infraction a été commise sur l'ordinateur infecté et qu'il faut payer une amende immédiatement pour pouvoir continuer à l'utiliser. Pour fonctionner, ce malware remplace le bureau Windows par une image conçue pour tromper l'utilisateur et l'induire a payer la fausse amende sur le compte bancaire indiqué.

- Enfin le troisième type de ransomware que l'on peut observer aujourd'hui est celui de type Cryptolocker, qui n'a pas vocation à verrouiller complètement le fonctionnement de l'ordinateur mais rend inutilisable toutes les données (photo, vidéo, document, sauvegarde, etc.) stockées sur le disque dur. Cela donne au concepteur du malware un moyen de pression fort, car si la victime ne paye pas elle risque de perdre toutes ses données. En réalité, dans le cas ou le déchiffrement se fait avec la même clef que celle utilisée pour le chiffrement, un expert en sécurité informatique pourra retrouver la clef permettant de déchiffrer les données et, éventuellement, publier un outil qui permettra aux victimes de récupérer leurs données.

Quelles formes prennent les attaques des ransomware ? Comment les détecter et les prévenir en amont ?

Les vecteurs d'infection des ransomware ne sont pas différents des autres virus. En effet, comme la plupart d'entre eux, ils se propagent grâce a deux moyens principaux :

- Le premier vecteur d'infection virale est le téléchargement de données depuis Internet. Ce téléchargement peut être initialisé par l'attaquant au moyen d'une campagne de fishing mail (ce type d'attaque consiste à envoyer un grand nombre de mails en espérant qu'un pourcentage des receveurs effectuera les actions décrites dans le mail). Dans le cas d'un malware, l'objectif est de faire télécharger le logiciel malveillant par l'utilisateur. Le mail va donc soit contenir une pièce jointe à télécharger, soit envoyer l'utilisateur sur un site Web pour qu'il y télécharge le fichier. Dans les deux cas, l'utilisateur récupère le malware déguisé en quelque chose de cohérent qui, une fois le fichier utilisé, s'injecte et effectue ses "actions malveillantes" au redémarrage de l'ordinateur. Mais le téléchargement du ransomware peut également se faire sans aucune intervention de l'attaquant, par exemple lorsqu'un utilisateur télécharge un logiciel (légalement ou illégalement) et l'installe.

- Le deuxième vecteur d'infection est la navigation Internet. En effet, lorsqu'un utilisateur utilise un navigateur Web qui n'est pas à jour, il s'expose au risque qu'un site web qu'il va visiter exploite une faille de son navigateur et injecte le malware, et ce absolument sans action de l'utilisateur.

Afin de prévenir les infections virales, quelle qu'en soit l'origine, il est important de respecter quelques principes :

- Il faut avoir la plus grande vigilance face aux mails qui demandent d'effectuer des actions ou de télécharger un logiciel même si le mail provient d'un ami. Il faut se demander si l'expéditeur a une raison et/ou si il est légitime pour vous de demander de réaliser ce genre d'action. En cas de doute, il ne faut pas hésiter a se renseigner sur Internet, sachant qu’il est en général assez facile de trouver des informations concernant les attaques importantes de fishing.

- Le deuxième point de vigilance pour éviter les infections virales est d'effectuer toutes les mises à jours des principaux outils qui communiquent avec Internet (les navigateurs web, le java, le flash, etc...)

Il est également possible d'installer des logiciels de type antivirus ou anti-spyware qui vont ajouter un niveau de surveillance supplémentaire sur les fichiers téléchargés ou sur le comportement des programmes qui s'exécutent sur le système.

Si toutefois on a été infecté, comment faut-il réagir ? Est-il nécessaire de payer la rançon pour récupérer ses données ou existe-t-il d'autres moyens ?

En cas de rançonnage, il ne faut en aucun cas payer car il n'existe aucune garantie que le malware cessera sont activité. Par exemple, de nombreux ransomware qui se font passer pour une entité gouvernementale ne rendent jamais la main à l'utilisateur. Même dans le cas ou l'utilisateur a l'impression d'avoir réglé le problème en payant la rançon, il y a de forte chance pour que le malware soit toujours présent sur le système et qu'il soit programmé pour se relancer quelques mois plus tard ou pour espionner les utilisateurs du système.

La meilleure façon de réagir dans ce genre de cas est de prendre le temps de se renseigner, en cherchant sur Internet, car il existe très souvent des explications permettant de se débarrasser de ce type de malware. Il peut également être intéressant de se renseigner auprès des personnes qui vous entourent. Il est en effet rare qu'un malware de ce type ne touche pas quelqu'un parmi vos connaissances. Cette personne aura peut être trouvé une solution efficace pour éradiquer le problème. Il faut par contre se méfier des outils automatisés qui proposent des solutions toutes faites car ce sont souvent des malwares eux mêmes.

En ce qui concerne la récupération des données, si elles ont été chiffrées les chances de les récupérer sont à peu prés nulles. A moins qu'un expert en sécurité informatique n’ait publié un outil qui permette de déchiffrer les données a partir de l'analyse qu'il aura faite du virus. Si le système était simplement verrouillé, alors les données ne seront pas altérées et à la suppression du problème l'utilisateur les retrouvera.

Enfin, si il n'y a rien d'efficace sur Internet et qu'aucun de vos proches n'a pu vous aider, le meilleur moyen pour se débarrasser du malware est de réinstaller le système d'exploitation. Mais cela entraîne forcément la perte d'une partie des données du disque dur.

Même une fois sorti d'affaire et les données récupérées, existe-t-il un risque pour nos données personnelles ? Peuvent-elles par exemple être revendues ? Comment faire pour ne plus être ainsi soumis à une telle prise d'otage des données informatiques ?

Le risque, pour les données personnelles, dépend du ransomware. Si il a été conçu pour demander une rançon et également pour exfiltrer des données, alors oui, il y a un risque pour qu'elles soient revendues et réutilisées. Dans ce genre de cas, il est toujours conseillé de changer tout les mots de passe qui pourraient être stockés sur le disque dur, dans les navigateurs Web par exemple.

Afin de diminuer les risques d'être soumis à ce genre de rançonnage, il est nécessaire d'appliquer les recommandations faites plus haut : Mettre à jour le système d'exploitation et les différents éléments software (navigateur, java, flash...), être prudent avec les mails qui demandent de télécharger une pièce jointe ou un fichier. Il faut être extrêmement prudent avec les logiciels illégalement téléchargés, le crack permettant de faire marcher le logiciel contenant souvent du code malveillant. Un bon moyen pour se prémunir des ransomware est également de faire des sauvegardes régulières, ainsi la perte de données est minime et l’agresseur n'aura pas de moyen de pression.

Il est important de garder a l'esprit qu'il ne faut pas faire confiance au ransomware, que le seul moyen d'être tranquille est d'éradiquer le malware, pas de payer la rançon. Plus généralement il est utile de rappeler qu'il ne faut pas accorder une confiance aveugle a ce qui provient d'Internet car il est difficile d'en connaitre l'origine. 

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