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Les vœux de François Hollande : un zeste de mea culpa, deux ou trois engagements, et toujours tout pour l’emploi !
©Reuters

Bonne année... ou pas

Comme chaque année, le président de la République s'est livré à l'exercice traditionnel des vœux présidentiels aux Français après une année faite d'une impopularité historique et de promesses pour le moins surprenantes. Anita Hausser nous livre son analyse sur la prestation et les souhaits de François Hollande.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Présenter ses veux aux Français est un des exercices les plus délicats du mandat présidentiel, car les paroles prononcées le 31 décembre à 20H deviennent la référence absolue pendant toute l’année qui suit. En ce début 2014 François Hollande est un Président sous pression. Les objectifs qu’il s’était fixé pour 2013, (inversion de la courbe du chômage et véritable amorce d’une baisse de la dépense publique), n’ont pas été atteints... Parce que "la crise est plus longue et plus profonde qu’il l’avait prévu", et peut-être aussi parce que les remèdes appliqués n’étaient pas les bons. Pourtant, s’il veut, comme cela est probable, et en dépit de son impopularité actuelle, briguer un second mandat, le chef de l’État a, cette année, une obligation de résultats. Qu’il cherche à s’en donner les moyens pour y parvenir, rien de plus normal .Qu’il y parvienne et que ces remèdes soient efficaces, est une autre affaire! Et c’est là que la politique reprend ses droits : son camp approuve (dans un premier temps du moins, ) et ses opposants critiquent , voire dénigrent, parce que c’est la loi du genre.

Hier François Hollande n’a pas manqué d’habileté en esquissant un mea culpa avant de présenter des propositions dont certaines constituent de véritables révisions doctrinales pour un président qui a assis son ascension sur l’appui des élus locaux. A l’erreur d’appréciation qu’il reconnait sur l’ampleur de la crise, il a ajouté, en la reprenant à son compte, l’idée de « ras le bol fiscal » énoncée abruptement par son ministre des Finances l’été dernier. "Les impôts sont lourds, trop lourds", ose celui qui assumait jusqu’alors les hausses de la fiscalité.  

Ce constat  l’amène à  dire clairement qu’il  veut parvenir à faire baisser  les impôts. Un propos moins anodin qu’il n’y parait, puisqu’il recadre ainsi la remise à plat de la fiscalité  lancée par le Premier Ministre, dont l’objectif n’était pas clairement défini.  

Mais cette baisse ne pouvant  intervenir qu’après que la France ait réduit ses déficits, François Hollande  prône un certain nombre de réformes structurelles auxquelles il s’était toujours refusé jusqu’à présent : "L’Etat (…) doit se concentrer sur ses missions essentielles, (…) les collectivités locales (…) doivent voir leurs compétences clarifiées ; et la Sécurité sociale, qui est notre bien le plus précieux (…) doit en terminer avec les excès - nous les connaissons - et les abus. Parce qu’ils mettent en cause l’idée même de solidarité". Vaste programme, encore flou, mais qui, pour être mis en œuvre,  exigera à la fois une grande cohésion de la majorité (pour voter les réformes structurelles ) et une adhésion des syndicats, car ces réformes devraient logiquement passer par des réductions d’effectifs dans les collectivités territoriales.

Or,  pour François Hollande la bataille pour l’emploi reste "la mère des batailles". Le "pacte de responsabilité" qu’il s’apprête à proposer aux entreprises (embauches contre réduction des charges), semble logique en théorie, mais en théorie seulement .Pas sûr que les entreprises, qui se plaignent d’être écrasées de charges et de règlementations en tous genres , et qui sont contraintes dorénavant de mettre en place des contrats de génération, applaudissent à ce donnant-donnant qui sera inscrit dans la loi. François Hollande aura le loisir de préciser ses intentions tout au long de la séquence des vœux du mois de janvier, ainsi qu’à l’occasion de sa conférence de presse . On l’attend aussi sur l’initiative qu’il entend prendre avec Angela Merkel "pour donner plus de force à notre Union". Une confirmation du réchauffement des relations franco-allemandes, pivots de la construction européenne . Sur l’attractivité de l’Europe, il faut rendre cette justice à François Hollande : il s’est toujours élevé contre la politique d’austérité  infligée aux Européens. A quelques mois du renouvellement du Parlement européen, l’annonce n’est pas anodine. François Hollande se sent "légataire de toutes les  générations qui se sont battues pour l’Europe", et en déclarant  qu’il ne "laissera  pas faire ceux qui nient l’avenir de l’Europe, qui veulent retourner dans les vieilles frontières en pensant qu’elles les mettraient l’abri, qui veulent sortir de l’euro", il annonce qu’il se mêlera à  la bataille des élections européennes, pour contrer l’offensive des anti-européens qui rencontrent un écho grandissant dans le pays. On le verra peut-être aussi à la manœuvre pour les municipales de mars… Comme l’ont fait ses prédécesseurs à leur époque. Normal, non ?

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