Pourquoi la décision de la FED de réduire sa politique de rachats d'actifs n'est pas du tout assimilable à la fin de son soutien à l'économie<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la Fed Ben Bernanke a annoncé qu'il décidait de faire passer le montant du programme de soutien à l'économie de 85 à 75 milliards de rachats d'actifs mensuels.
Le président de la Fed Ben Bernanke a annoncé qu'il décidait de faire passer le montant du programme de soutien à l'économie de 85 à 75 milliards de rachats d'actifs mensuels.
©Reuters

Bien joué Maestro

Le président de la Fed, Ben Bernanke, a annoncé lundi 18 décembre qu'il décidait de faire passer le montant du programme de soutien à l'économie de 85 à 75 milliards de rachats d'actifs mensuels. Aussi étrange que cela puisse paraître de prime abord, les marchés ont accueilli la nouvelle avec sérénité.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Ben Bernanke a pu annoncer le 18 décembre qu’il réduisait le montant du programme de soutien à l’économie. Mais ce n’est pas tout, car la déclaration faite hier au soir est beaucoup plus favorable qu’elle n’y paraît.

Le montant du  Quantitative Easing, ou assouplissement quantitatif, passe ainsi d’un montant de 85 milliards de rachats d’actifs mensuels à un montant de 75 milliards, soit une réduction de près de 12 % du montant alloué.  Malgré cela, le Tapering, nom donné au ralentissement du programme, n’a pas eu l’effet escompté sur les marchés financiers, car celui-ci a plutôt bien pris la nouvelle.

Alors que s’est-il passé ? En réalité, Ben Bernanke est en train de troquer une méthode de relance monétaire contre une autre. C’est là qu’intervient la notion de Forward Guidance, qui n’est rien d’autre qu’une méthode permettant aux banquiers centraux de communiquer avec plus de précision les objectifs qu’ils se fixent, afin de donner aux acteurs économiques les moyens de "deviner" les prochaines actions de la Banque centrale.

Cette méthode a été introduite au mois de septembre 2012, et consistait alors à fixer une limite de taux de chômage à 6.5 % ainsi qu’une limite d’inflation à 2.5 %. Dès lors que l’un de ces deux objectifs est atteint grâce au soutien monétaire, les acteurs économiques doivent s’attendre à un resserrement monétaire. Ce qui donne une visibilité accrue aux investisseurs, qui peuvent ainsi compter sur le soutien de leur banque centrale aussi longtemps que ces deux points ne sont pas atteints. L’intérêt de cette méthode est que si l’économie est parvenue à réduire le chômage et revenir à une situation de plein emploi, les investisseurs auront tout intérêt à poursuivre leurs investissements, et ce, même sans un soutien monétaire. Car si le plein emploi est restauré, à quoi bon ne pas profiter de "l’économie réelle" ?

Et cette méthode a fonctionné à plein régime. Et même de façon bien plus efficace que les trois plans d’assouplissement quantitatifs d’ores et déjà déployés, dont les effets étaient mal jaugés par les investisseurs. Au bout de 15 mois d’action, le forward guidance a permis de faire baisser le taux de chômage à un niveau de 7 %.

Mais cette baisse du chômage devenait la source d’inquiétudes pour le marché. Le taux de 6.5 % s’approchait et l’économie n’était pas encore en situation de réelle stabilisation. En effet, le taux de chômage de 6.5 % n’était finalement pas assez ambitieux pour une économie américaine qui a déjà connu un taux de chômage proche de 4 % avant la crise.

C’est ainsi que le comité monétaire a déclaré dans son communiqué "Maintenant, le comité anticipe qu’il est approprié de maintenir la politique actuelle bien après que le taux de chômage est parvenu à passer sous la barre de 6.5 %, surtout si l’objectif de taux d’inflation continue à se maintenir sous le niveau fixé à long terme de 2.00 %."

L’objectif de taux de chômage disparait et les acteurs économiques peuvent compter sur leur banque centrale pour ne pas retirer son soutien, et ce aussi longtemps que le plein emploi n’est pas effectivement atteint et aussi longtemps que les chiffres de l’inflation ne viennent pas menacer le taux à long terme de 2.00 %. Inflation qui atteint actuellement un niveau de 1.2 %. Ce qui est une marge confortable.

La baisse du montant de quantitative easing n’est qu’un leurre, Ben Bernanke et la Fed sont bien là, et ils n’ont pas l’intention d’arrêter leur soutien, et ce aussi longtemps que le chômage ne sera pas totalement résorbé. La BCE mériterait d’apprendre la leçon.

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