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Avant la génération Y, connaissez-vous la génération X, ces "jeunes seniors" pour qui la pilule est amère ?
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Bonnes feuilles

Dans notre société, le jeunisme est de mise. Passé 45 ans, on est "vieux" et soupçonné de graves maux : rigidité, lenteur, ancrage dans le passé, négativisme, manque d’inventivité, ignorance des outils numériques, etc. Cet ouvrage vise à valoriser la place des séniors dans la société comme dans leur entreprise. Extrait de "Senior, bats-toi !" (2/2).

Alexandre Ginoyer

Alexandre Ginoyer

Alexandre Ginoyer est un jeune soixantenaire au cœur de l’action et de la ré-flexion. Consultant-coach indépendant, il accompagne les entreprises dans des projets de changement pour lesquels l’optimisation des ressources humaines prend une part de plus en plus importante. Il conçoit et anime des actions formatives pour les salariés, notamment à l’affirmation de soi, au management et à la communication, et accompagne depuis 7 ans, des chercheurs d’emploi de tous âges, métiers, niveaux, cultures. Il est Délégué Général du Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie, ONG internationale en lien avec l’UNESCO.

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Selon nos sociologues, cette génération aurait notamment été influencée par :

°° la succession de crises économiques et politiques,

°° les débuts de l’Internet,

°° la fin de la guerre froide.

Ce qui la caractérise :

°° un manque de confiance dans les leaders, les gouvernants, les institutions,

°° l’augmentation du nombre de divorces,

°° l’accroissement du nombre de femmes sur le marché du travail,

°° la disponibilité de la pilule contraceptive.

En fait, cette génération a dû faire face à des conditions beaucoup plus difficiles que celle de ses parents : difficulté pour obtenir un diplôme, pour entrer dans la vie active, percevoir un bon salaire, évoluer dans sa carrière. Le chômage de masse des jeunes s’est accru : de 6 % en sortie d’études en 1973, il est passé à 36 % en 1985, puis stagne à présent au-dessus de 20 %. Souvent, des promesses de progression à l’ancienneté lors des embauches n’ont pas été tenues. Cette génération a dû se battre pour faire sa place.

Pour les « jeunes seniors », la « pilule » est amère : ils assistent au démembrement de droits pour lesquels ils avaient pourtant cotisé toute leur vie.

Le X travaille dur, est très exigeant avec lui-même, ne s’accorde pas le droit à l’erreur. Il est en rupture avec le côté « baba cool » de ses parents. Ayant dû se battre pour la sécurisation de sa vie d’adulte, il aurait développé : °° l’individualisme, °° la compétition, °° la recherche d’un maximum de sécurité par l’argent, le diplôme, la carrière, la place…

Le collectif, chez les X, est conçu à travers des règles précises et des structures dans lesquelles chacun a sa place. Les relations humaines sont tendues. Ils ont peu d’amis dans l’entreprise, et souvent font une séparation très nette entre leur vie au travail et leur vie privée.

Dans ce portrait (caricaturé, mais intéressant tout de même), l’X représentatif ne se préoccupe généralement pas de ce qu’il consomme, ni de ce qu’il laisse aux autres (déchets). Il est dans le « toujours plus », et non dans le partage, si ce n’est avec ses très proches. Il préfère jouer la fourmi que la cigale. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’X prenne le rôle du parent de ses parents !

En tant que grand-parent, l’X est très différent du PB : il estime ne pas avoir à jouer les nounous. Il ne voudra pas modifier son emploi du temps prévu. Ses petits-enfants l’intéressent à partir du moment où il peut avoir des activités avec eux.

La cinquantaine : démon de midi, virage ?

La cinquantaine, c’est souvent l’accès à une bonne aisance financière : la maison est payée ou presque, les enfants sont installés. Mais c’est aussi parfois la période des crises : le couple se retrouve en tête-à-tête et, dans 18 % des cas, cela ne marche pas. En dix ans, séparations et divorces ont augmenté de plus d’un tiers. L’enquête SHARE (Survey on Health Ageing and Retirement in Europe), menée depuis 2002 auprès de 12 000 ménages dans dix pays d’Europe sur la santé et la retraite, montre que la France, si elle est le pays d’Europe où on vit le plus vieux, détient le record des quinquas (presque un sur trois) qui présentent au moins trois symptômes évocateurs de dépression : sentiment dépressif, pessimisme, idées suicidaires, sentiment de culpabilité, difficultés de sommeil.

Signe qu’ils sont bien la génération martyre, coincée entre des jeunes retraités sexagénaires au destin plus enviable, des jeunes qui veulent leur place et des employeurs qui les considèrent comme des employés en fin de parcours..

En famille aussi, ils sont coincés au carrefour des jeunes et anciennes générations : ils en sont le pivot. Les quinquas représentent aujourd’hui la clé de voûte économique du pays : avec 31 000 euros en moyenne par ménage et par an, il sont au sommet des dépenses de consommation en matière de transports, restauration, communication, habillement, loisirs…

Relations entre les papy-boomers et les X dans les entreprises

Les PB ont souvent une mauvaise image des X : ils trouvent que « leurs dents rayent le parquet », qu’ils sont trop dans la compétition, sont très durs, trop rationnels.

Les X qui ont des collaborateurs PB les trouvent souvent mous, lents, trop résistants aux changements, « fonctionnarisés », trop affectifs.

Il y a ici un exemple évident de « fracture générationnelle » entre les papy-boomers qui ont connu une situation enviable et les X qui ont eu la vie moins facile et ont dû lutter pour arriver à leurs fins.

Extrait de "Senior, bats-toi !", Alexandre Ginoyer, (Ixelles édition), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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