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Les Français jugent que le gouvernement ne fait pas assez d'efforts pour réduire le déficit de l'Etat.
Les Français jugent que le gouvernement ne fait pas assez d'efforts pour réduire le déficit de l'Etat.
©Reuters

Sondage exclusif Atlantico-Ifop

Majoritairement critiques envers le gouvernement, 56 % des Français se disent réticents à l'idée de contribuer personnellement à l'effort de redressement des comptes du pays.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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A la suite des polémiques sur le ras- le-bol fiscal et de la mobilisation contre l’écotaxe en Bretagne, l’idée était de savoir quelle était la proportion de Français prêts à faire des efforts pour redresser les comptes du pays. Une minorité de Français, 44 %, sont prêts à redresser les comptes du pays : un chiffre moins mauvais que ce à quoi on aurait pu s’attendre dans le contexte actuel. Cela témoigne d’une prise de conscience de la gravité de la situation par l’opinion publique et de la nécessité de faire des efforts pour redresser les comptes.

Question :Vous savez que le gouvernement a présenté un plan de réduction des déficits et de redressements des comptes publics. Vous personnellement, êtes-vous prêt à faire des efforts pour redresser les comptes du pays ?

Néanmoins, sur la période qui nous sépare de l’élection de François Hollande, on constate un vrai glissement puisqu’en juillet 2012, 67 % de Français étaient favorables à des efforts supplémentaires. Ce chiffre est tombé à 54 % en novembre, après les premières annonces fiscales. Aujourd’hui, on a de nouveau perdu 10 points, mais le chiffre reste stable par rapport à août 2013. Alors que les polémiques continuent d’enfler sur le consentement des Français à l’impôt, il semble donc qu’on ait atteint un premier palier dans le mécontentement.

Question : Vous savez que le gouvernement a présenté un plan de réduction des déficits et de redressements des comptes publics. Vous personnellement, êtes-vous prêt à faire des efforts pour redresser les comptes du pays ?

Néanmoins, sous cette apparente stabilité, il y a des changements en profondeur dans la société française. On observe que les différentes catégories sociales n’ont pas réagi au même rythme à la hausse de la pression fiscale. Le premier décrochage, et le plus violent, est intervenu chez les CSP+ dès l'automne 2012, car ils ont été les premiers visés par l’alourdissement de la fiscalité. Entre juillet  2012 et novembre 2012, on passe de 82 % à 54 % chez les cadres supérieurs, soit 28 points de perdus, tandis que chez les ouvriers, on passe de 57 % à 41 % soit "seulement" 16 points de perdus. Les CSP+, qui étaient plus à l’aise financièrement, et donc plus enclin à faire des efforts, ont été douchés dès l’automne dernier par les premières hausses des impôts et le débat sur les allocations familiales. Mais depuis août 2013, on constate une remontée de la propension à faire des efforts chez cette catégorie. En revanche, depuis cette même  période la baisse est plus spectaculaire dans les milieux populaires, avec une chute de 30 points chez les ouvriers et les employés. Les CSP+ commencent à digérer les hausses d’impôts tandis que le consentement à faire des efforts s’effondre de manière constante dans les milieux populaires.

Question : Vous savez que le gouvernement a présenté un plan de réduction des déficits et de redressements des comptes publics. Vous personnellement, êtes-vous prêt à faire des efforts pour redresser les comptes du pays ?

Si les premières annonces ont clairement ciblé les hauts revenus, il y a aussi toute une série de dispositions qui ont eu une assiette beaucoup plus large et qui ont touché de très nombreux ménages dans les milieux populaires. Il y a notamment une proportion très importante de personnes assujetties à l’impôt sur le revenu qui y sont tombés cette année. La fin de la défiscalisation des heures supplémentaires a été annoncée dès 2012, mais ses effets ont été seulement ressentis sur les fiches de paie du début de l’année 2013. C’est aussi dans les milieux populaires que la hausse des dépenses contraintes (hausse du prix des carburants et de l’énergie) est la plus durement ressentie. Jamais dans les milieux populaires la propension à faire des efforts n’avait été aussi faible. Le ras-le-bol fiscal qui a d’abord touché les entrepreneurs avec le mouvement des pigeons puis les classes les plus aisées  est aujourd’hui diffusé à l’ensemble de la société, particulièrement dans les milieux les plus défavorisés. Ceci explique notamment le succès du mouvement des bonnets rouges qui fait hurler certains à gauche, Jean-Luc Mélenchon ayant notamment souligné que les salariés défilaient pour les droits de leurs patrons. Ce mouvement révèle effectivement que certains d’entre eux pensent qu’ils ont des intérêts communs.

Ce sondage révèle également  que 84% des Français ont le sentiment que l’État ne fait pas de son côté sa part du travail pour réduire les dépenses. Ce chiffre traduit le cœur du débat actuel. Les Français sont prêts à faire des efforts à plusieurs  conditions. La première est que ces efforts soient partagés par tout le monde, y compris les plus riches. La deuxième condition est que ces efforts ne soient pas vains et servent réellement à pérenniser l’avenir du système. La troisième condition est liée à la deuxième : la société civile est prête à faire des efforts si l’État et les pouvoirs en font eux aussi de leur côté, pour notamment répondre à la deuxième condition : faire refluer la dette et les déficits sous l’effet des efforts conjugués.

Question : Et d’après vous, est-ce que de son côté le gouvernement fait actuellement suffisamment d’efforts pour réduire les dépenses de l’État ?

Aujourd’hui, le rejet du consentement à l’impôt s’explique par le fait qu’une partie des Français pensent que le pacte est rompu et que l’État ne sait jouer que sur le levier de la fiscalité, sans être capable de jouer sur l’autre, qui est celui de la réduction des dépenses. C’est la clef de compréhension de la crise actuelle. Les Français attendent du président de la République et du gouvernement qu’ils leur disent où ils vont couper dans les dépenses et comment ils vont redresser la situation. Pour l’instant, il n’y a qu’un versant de l’ordonnance : l’augmentation des impôts. Le niveau est tel que l’acceptation de l’impôt ne peut plus se faire dans de bonnes conditions. Pour recréer un lien entre le citoyen et l’impôt, il faut que l’État montre l’exemple et entreprenne sa propre réforme de manière tout à fait visible et spectaculaire.

Méthodologie : Échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing), du 31 octobre au 4 novembre 2013.

[1] Sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche réalisé par téléphone du 5 au 6 juillet 2012 auprès d’un échantillon de 1005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[2] Sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche réalisé par téléphone du 6 au 7 septembre 2012 auprès d’un échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[3] Sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 15 novembre 2012 auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[4] Sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 12 au 24 août 2013 auprès d’un échantillon de 993 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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