Toujours plus de temps pour Internet, moins pour nos proches : le Web s'installe au cœur de nos vies<!-- --> | Atlantico.fr
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Les loisirs de la vie réelle et le travail pâtissent particulièrement de l'oisiveté sur Internet.
Les loisirs de la vie réelle et le travail pâtissent particulièrement de l'oisiveté sur Internet.
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C'est le temps qui court

Une étude a quantifié le temps que le Web nous fait perdre en termes de travail, de socialisation, d'éducation et d'activités hors-ligne diverses.

Chaque minute passée à traîner sur Internet est une perte de temps. Ce n'est pas un membre de votre famille, agacé par votre (in)activité qui vous le dit, mais le Bureau National américain de Recherche Économique (NBER). Selon son étude, une minute passée sur Internet à ne rien faire d'important représente une perte de 0,05 minutes de socialisation, de 0,27 minutes de travail, de 0,04 minutes de détente (hors ordinateur) et de réflexion ainsi que de 0,12 minutes de sommeil.

Cette étude se base sur l'enquête américaine sur l'utilisation du temps, qui suit 13 000 Américains durant 24 heures et détaille la manière dont ils passent leur journée. Elle a permis à Scott Wallsten, son auteur, de déterminer comment le temps passé à traîner sur Internet "prend le pas sur les autres formes de loisirs, telles que regarder la télévision, la socialisation, assister à des fêtes ou à des manifestations culturelles".

Si cette perte de temps est de plus en plus importante, elle n'est pas forcément le signe d'une addiction à proprement parler. Selon Elisabeth Rosset, psychologue à l'hôpital Marmottan de Paris que nous avons contactée, "nous sommes dépendants d'Internet, comme nous le sommes de nos portables. L'addiction induit une notion de souffrance et de comportement que l'on ne peut pas arrêter de reproduire alors qu'Internet fait tout simplement partie d'un certain nombre d'éléments que nous avons intégrés à nos vies et dont nous ne pouvons nous passer parce que beaucoup de nos actions en dépendent". 


Les activités qui pâtissent du temps perdu à ne rien faire sur Internet.

Pourquoi, dans ce cas, préférer ce média à des loisirs pratiqués dans la vie réelle ? "Parce que l'ordinateur est à portée de main, explique-t-elle simplement. L'accès à un produit est la première cause de sa consommation. De plus, Internet ne requiert aucun effort physique". S'il est mauvais de s'enfermer, "gaspiller" du temps sur le Net ne serait, en revanche, pas forcément mauvais : "On a besoin de temps pour couper de sa famille ou de son travail".

L'étude a également démontré qu'Internet était principalement utilisé de 9h à 17h, avant de culminer autour de 22h. Mais, plus étonnant, les travaux de Wallsten révèlent que le temps passé à s'amuser sur Internet varierait en fonction de la catégorie sociale, du niveau d'études et de l'ethnie. Ainsi, plus les revenus d'une personne sont élevés, plus elle va passer de temps à se détendre sur Internet. A contrario, ceux qui disposent de revenus compris entre 5 000 dollars et 15 000 dollars par an n'usent pas vraiment de ce média. L'étude suggère que ce constat s'explique tout simplement par l'absence d'accès à Internet chez les membres de ce groupe.


Le temps passé à socialiser "hors-ligne" a fortement diminué ces dernières années.

Le temps gâché sur Internet diminue en revanche en fonction des diplômes. Les titulaires d'un doctorat ne perdent par exemple que très peu de temps sur le Web, au contraire des sans diplôme et des diplômés du secondaire. "On peut penser que les plus diplômés utilisent Internet dans un but précis, suggère le Dr Rosset. Ils viennent chercher une information, la trouvent et s'en vont".

La répartition ethnique de cette consommation d'Internet - un classement qui serait impossible en France - montre, enfin, que les blancs-asiatiques-hawaïens passent près de 50% de leur temps libre sur Internet. Un taux supérieur à celui des blancs-asiatiques, des noirs et des blancs caucasiens.

Selon le Dr Rosset, "cette étude prouve surtout que nous sommes tous un peu dépendants à Internet sans que cela soit forcément un problème et que son usage n'est pas aussi défini qu'on ne le pense. La majorité d'entre nous va sur Internet sans savoir à l'avance ce qu'il va y faire. C'est un univers accessible dans lequel il est finalement très facile de traîner et, donc, de 'perdre du temps'".

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