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Accueil des immigrés en France : ce qui fonctionnait avant et qui a été abandonné
©Reuters

A l'ancienne

En France, l'immigration est un phénomène qui ne date pas d'hier. Le XXe siècle a vu défiler des vagues migratoires qui n'ont pas toujours engendré des problèmes d'intégration.

Atlantico: Le naufrage de Lampedusa et l’affaire Leonarda cette semaine ont mis en lumière la question de l’accueil des immigrés en Europe et en France. Un système qui a largement évolué au cours du XXème siècle. Mais justement, comment s’effectuait l’accueil des immigrés en France au début du siècle ? Quelles ont été les grandes évolutions du système, et étaient-elles liées aux différentes vagues d’immigration ?

Maxime Tandonnet: Dans la première moitié du XXème siècle, il n’existait pas à ma connaissance de politiques spécifiquement dévolues à l’intégration des étrangers. Le véritable clivage se situe entre les périodes d’expansion économique où les migrants s’insèrent dans la société par le travail et celles où le chômage de masse condamne beaucoup d’entre eux à l’exclusion. Dans les périodes de reconstruction et de croissance (années 1920, années 1950 et 1960), l’adaptation des étrangers est facilitée par leur participation à la vie économique. Les périodes de fort chômage, comme celle qui sévit depuis 1974, entraînent une marginalisation, voire une ghettoïsation d’une partie des populations migrantes et des conséquences désastreuses pour la cohésion sociale des pays d’accueil.

En 2009, le taux de chômage en France des populations étrangères non communautaires atteignait 24%. Disons que jusqu’à 1974, les autorités françaises facilitaient l’accueil d’un grand nombre de travailleurs migrants, venus tout d’abord d’Algérie, employés dans l’industrie automobile, puis de l’ensemble du Maghreb, d’Afrique et d’Asie. Depuis la crise de 1974 et la poussée du chômage, les politiques consistent grosso modo à contenir le plus possible toutes les formes d’immigration, de travail, familiale ou d’asile et à combattre l’immigration illégale. Il est en effet vital pour un pays d’adapter son flux d’immigration à ses capacités d’accueil, et notamment à sa capacité de permettre le travail des migrants qu’il accueille. Force est de constater qu’aucun gouvernement n’est réellement parvenu à maîtriser une pression migratoire croissante, due aux inégalités planétaires, au désœuvrement et aux guerres.

Si l’on pointe du doigt aujourd’hui la politique d’immigration, y avait-il au cours du XXème siècle des règles et des lois plus effectives qu’actuellement ? Quelles ont été, a contrario, les mesures qui se sont révélées improductives et ont été abandonnées ?

Cette question dépasse celle des règles et des lois en vigueur. Le contexte général des sociétés européennes se prêtait sans doute mieux, au milieu du siècle dernier, à l’intégration de populations étrangères. Le rapport à la loi, à l’autorité, le respect du policier ou du professeur, les valeurs patriotiques, l’existence du service national par exemple, la force des solidarités familiales, constituaient de solides repères dans lesquels pouvaient se retrouver les populations étrangères s’installant en France. Sans vouloir magnifier le passé, la déstabilisation des valeurs traditionnelles et de l’autorité de l’Etat a privé les migrants d’un socle sur lequel construire leur parcours d’intégration. La pire des erreurs a été commise dans les années 1960 et 1970, où les autorités françaises ont favorisé ou laissé faire la construction de "cité-dortoirs" à la périphérie des grandes villes, dans lesquelles se sont accumulé les vagues d’immigration successives. Cette pratique explique encore aujourd’hui une bonne partie de nos difficultés liées aux échecs de l’intégration.

Comment pourrait-on améliorer ce système, au regard de cette évolution, et obtenir à terme un système plus juste et opérationnel ?

Il n’existe évidemment pas de solution miracle et de court terme, sauf pour les démagogues. Il est fondamental de rétablir le dialogue Nord-Sud en faveur du développement économique et social des pays du Sud, même si cette perspective ne se conçoit que sur le long terme. Le véritable scandale, c’est l’effroyable inégalité planétaire et non la volonté des Etats d’accueil de contrôler leurs frontières.

Par ailleurs, sans détailler un catalogue de mesures, je crois qu’il est essentiel de changer d’état d’esprit et de sortir d’une logique axée sur la compassion et l’émotionnel. Des règles claires doivent être établies sur les conditions d’accueil des migrants et elles doivent être ensuite respectées et mises en œuvre. Ce principe est dans l’intérêt des migrants comme des Etats d’accueil. Nous devons être un pays ouvert en fonction de nos capacités d’accueil, mais la loi, qui prévoit des limites à l’accueil des migrants, doit impérativement s’appliquer. Je crois à un effort massif pour aider les pays d’origine à créer des emplois et à offrir des conditions de vie décentes à leurs habitants, mais en contrepartie, nous devons exiger le respect de nos frontières et de nos règles sur l’entrée et le séjour.

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