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Pourquoi la téléphonie mobile reste-t-elle épargnée par le principe de précaution ?
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Ondes de choc

Bien qu'aucun "effet avéré" des ondes électromagnétiques n'a été indiqué dans le rapport rendu mardi 15 octobre par l'Agence nationale sanitaire (Anses), il est toutefois recommandé de limiter l'exposition aux ondes.

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.

Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle, il est resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent la qualité des soins.

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Le principe de précaution ne peut être invoqué pour la téléphonie mobile parce qu’il n’y a pas grand-chose dans l’analyse des données sur l’utilisation du portable qui aille dans le sens d'un danger. Il ne faut pas tomber dans l’angélisme, il n’y a pas zéro risque.Le risque qui existe est faible et sans doute noyé dans les statistiques car il concerne des humains dans des situations particulières, qu’il s’agisse par exemple de cerveaux en croissance, d'utilisateurs très intensifs, d’oreille interne plus ou moins susceptible, de risques à très long terme ou de susceptibilité génétique qui pourrait se faire jour si on avait des outils plus précis.

La deuxième raison pour laquelle personne n’ira devant le Conseil Constitutionnel à ce sujet est qu’aujourd’hui le téléphone mobile fait partie de notre vie quotidienne. On a dépassé le basculement, il y a plus de téléphones mobiles que de lignes fixes aujourd’hui en France. Par-là même, le téléphone mobile sauve des vies et aujourd’hui, on peut même être en danger sans téléphone portable. Il y a fort à parier que la suppression du téléphone mobile serait source de morts nombreuses alors que les vies éventuellement sauvées par sa suppression ne sont pas mesurables.

Il y a peu de doutes à l'heure actuelle sur le risque des ondes électromagnétiques des téléphones mobiles : le risque est faible. Mais du fait de l'adoption du principe de précaution dans la Constitution nous avons rendu les juges maîtres de la limite entre le risque et le non-risque, et le public a perdu la notion de risque résiduel ce qui peut être dangereux. C'est pourquoi il faut éviter l'usage intensif sans kit mains libres, éloigner le mobile dans les conversations longues et d'une manière générale éviter une exposition des enfants en croissance. En voiture, l'utilisation doit être très limitée à cause des risques d'accident par distraction et on peut avancer que ce risque a déjà causé plus de morts que les ondes électromagnétiques elles mêmes si l'on croit les plus pessimistes !

Pour autant, il faut étudier ces risques résiduels pour mieux les prévenir. Ce n’est pas parce qu’une technologie n’est pas censurée par le principe de précaution qu’elle ne recèle aucun risque. Quand une Agence d'Etat rassemblant des experts dit qu'il n'a pas été prouvé de risque sanitaire cela ne signifie pas qu'il n'y en ait pas, cela signifie qu'il n'a pas été possible de le mettre en évidence. Il est important de continuer la veille scientifique et surtout de faire des études prospectives sur des sujets ciblés, cette recherche en santé publique est essentielle et soit dit en passant elle ne peut se développer sans l'open data des données de l'assurance maladie.

Par ailleurs, reconnaissons qu'on ne peut que très difficilement échapper aux ondes électromagnétiques. Un individu qui veut accéder à sa musique à partir de sa connexion internet, qui utilise un mobile plutôt qu’un téléphone fixe va utiliser beaucoup de transmissions par ondes. Ce champ est extrêmement étudié par les constructeurs de téléphone ou d’équipements wifi qui sont très attentifs à toute découverte permettant de mettre en évidence un risque.

Mais le pire n'est jamais sur. Comme pour le nucléaire, notre vision de la nature est souvent erronée. Il y a une radioactivité naturelle. Lorsqu’on vit dans un environnement avec une radioactivité faible, on peut voir apparaître des phénomènes de moindre risque de tumeurs. Pourquoi ? L’organisme s'adapte par des mécanismes complexes de régulation génomique et répare les lésions engendrées par cette faible irradiation. Ainsi, il est plus apte à faire face à des dommages cellulaires liés à la radioactivité que s’il vivait depuis toujours dans un environnement sans radioactivité. Ce phénomène est l’hormesis ou l’hormèse et disons le il n'est pas facile à mettre en évidence. Comme pour le stress ou d'autres rencontres, de faibles doses de radioactivité peuvent avoir un effet positif. Or, il y a des ondes électromagnétiques naturelles en provenance du soleil, de la terre et de la ionosphère. Il n'est donc pas impossible qu'une hormésis existe pour les ondes électromagnétiques.
Enfin insistons sur un point, dans cet exemple on comprend très bien le caractère artificiel voire trompeur d'un "principe de précaution". Et du même coup l'approche prudente et responsable des innovations dans notre vie quotidienne, expérience humaine ancestrale individuelle et collective se trouve mise en exergue et doit être rappelée.

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