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Alerte au ménage : passer l’aspirateur rend (vraiment) malade
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Pollution domestique

Deux études, l'une australienne et l'autre canadienne, démontrent que l'aspirateur aggraverait les allergies en créant un brouillard de bactéries et de moisissure.

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris est médecin généraliste.

Enseignant à Paris, il participe à de nombreuses émissions de radio et de télévision sur les questions de santé. Il est l'auteur de plusieurs livres médicaux dont "Santé : la démolition programmée", aux Editions du Cherche Midi.

Il a écrit  "Médicaments génériques, la grande arnaque" aux Editions du Moment.

Son dernier livre s'intitule "La fabrique des malades" aux Editions du cherche midi.

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Atlantico : Selon deux études, passer l’aspirateur peut être dangereux en inhalant l’air qu'il propage. Qu’en est-il exactement ? 

Sauveur Boukris : Ces études confirment mes impressions cliniques et mes expériences de médecin. De plus en plus de patients consultent leur médecin à cause de l’utilisation d’appareils domestiques. Les pathologies se manifestent chez les patients par des toux, des irritations oculaires, des éternuements ou des maux de tête ; c’est-à- dire toutes les manifestations allergiques.

Pourquoi les transferts de l’air qui émane des aspirateurs peuvent-ils être si nocifs ?

L’air passe par un système mécanique qui modifie sa composition chimique à sa sortie de l’appareil. Il y a également d’autres facteurs associés : d’une part,  la pollution extérieure à l’appareil dégagée par les moquettes ou les tapis ; et d’autre part, il y a la vulnérabilité individuelle : chacun respire différemment.

Quels sont les types de population les plus exposés à ce type de risques ?

Toutes les personnes atteintes de fragilités respiratoires telles que l’asthme, les rhinites, les bronchites et les insuffisances respiratoires. Toutefois, deux types de personnes vulnérables se distinguent : les enfants asthmatiques et les personnes âgées bronchitiques chroniques ou cardiaques. Ces deux catégories associent deux facteurs de fragilité : l’âge et maladie.

L’aspirateur est-il la principale source domestique d’agents pathogènes nocifs ?

Pas seulement. Il faudrait considérer la pollution domestique dans son ensemble. Les vaporisateurs, les parfums d’intérieurs, les déodorants, les produits contenant de la javel, les décapants sont tous des produits qui rejettent des gaz allergisants qui constituent cette pollution domestique. Elle est d’ailleurs plus nocive que la pollution émise par les usines ou par les gaz d’échappement.

Cela a été démontré : l’exposition à ces produits, à laquelle nous sommes confrontés, est quasi permanente. Les facteurs allergisants y sont fixes et constants alors que la pollution extérieure varie au cours des journées selon d’autres facteurs que sont la météo et l’intensité du trafic routier par exemple.

Comment se fait-il que ce genre de questions ne se pose que maintenant alors que l’invention de l’aspirateur électrique date de 1906 ?

Je pense que c’est en partie dû au fait qu’au début du siècle, on prêtait plus d’attention à la pollution industrielle, en particulier dans les usines. D’autre part, on s’intéressait davantage à d’autres pathologies plus lourdes telles que les pathologies pulmonaires, les cancers, et la tuberculose.

Aujourd’hui, les allergies augmentent de 10% par an et le nombre d’allergiques a presque doublé en dix ans. De nos jours, elles touchent davantage la vie quotidienne des gens alors qu’auparavant, elles affectaient des catégories de population bien précises comme les ouvriers et les mineurs. Depuis l’apparition de la pollution domestique, elle touche le tout-venant et cela est facilement démontrable.

Sous-estime-t-on ce danger en termes de santé publique ?

Les aspirateurs seuls ne suffisent pas à déclencher une manifestation pulmonaire. C’est un ensemble d’éléments combinés auquel nous sommes tous exposés qui demande du temps pour être maîtrisé et compris. Il y aussi le fait que les consommateurs n’ont pas la connaissance suffisance sur les ingrédients qui composent les produits que nous utilisons au quotidien. En tant que médecin, je peux en tout cas vous témoigner d’une augmentation constante des consultations liées à ce type de pathologies.

Propos recueillis par @Sacha CONRARD

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