Et Obama s'adressa à Hollande : "François…"<!-- --> | Atlantico.fr
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"La pitié et la charité sont des sentiments assez rares de nos jours pour que M. Obama soit félicité de les avoir manifestés".
"La pitié et la charité sont des sentiments assez rares de nos jours pour que M. Obama soit félicité de les avoir manifestés".
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Le prénom

Au sommet du G20, le président américain fut très affectueux avec son homologue français. L’amour ? Non, juste de la compassion !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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"J’apprécie la position de mon ami François sur la Syrie ", a déclaré Barack Obama à Moscou. Des mots doux susceptibles de mettre du baume au cœur de notre chef de l’État. Pauvre François, isolé et vilipendé dans un monde de brutes… La pitié et la charité sont des sentiments assez rares de nos jours pour que M. Obama soit félicité de les avoir manifestés.

Et au fait, quelle est la position de M. Hollande qui lui vaut la tendresse du président américain ? C’est la très connue position du missionnaire (armé). Elle consiste à dire à Bachar al-Assad : "Je vais vous punir." Comment ? Ah, ça, Hollande ne le sait pas. Quand ? Ça, il ne le sait pas non plus. Avec qui ? Là non plus ce n’est pas très clair, les Anglais nous ayant perfidement lâchés. À quelle condition ? Ah ça, il sait. À condition que les Américains y aillent.

Grande est donc la détresse du président Hollande. Immense est son désarroi. Clemenceau disait : "La guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée aux militaires." Il pourrait dire aujourd’hui, en pensant à François Hollande, qu’elle est aussi une chose trop sérieuse pour être laissée à certains hommes politiques. Car l’affaire syrienne, s’agissant de la France, un pays moyen (ex-grand) devenu depuis quelques jours un petit pays, tourne à une pathétique pantalonnade. Petit François, petit pays…

David Cameron, favorable à des frappes sur la Syrie, avait demandé, sachant qu’il pouvait essuyer un refus, l’approbation de son Parlement. Elle lui a été refusée. Cela n’a en rien affecté la position digne et honnête du Premier ministre britannique. Barack Obama, que rien n’y oblige, a demandé la même chose au Congrès et au Sénat. Comme Cameron, il prend le risque d’un échec politique. C’est, l’exemple anglais est là pour le montrer, une attitude respectable et courageuse.

Et la position de M. Hollande ? Elle n’est ni courageuse, ni honnête, ni digne, ni respectable. Le président français ne demandera pas l’autorisation de l’Assemblée. Par respect de la Constitution qui l’en dispense ? Allons donc… Pour des raisons parfaitement médiocres de survie politique. Les députés de l’aile gauche du PS, les élus écologistes et ceux du Front de gauche ont déjà fait savoir qu’ils voteraient contre. Un refus annoncé et un résultat couru d’avance. Ce ne serait pas très grave car il s’agirait là juste d’un échec politique qui entérinerait la désagrégation de la majorité gouvernementale.

Et le pire, l’abomination de la désolation, l’enfer de la damnation, serait que des frappes sur la Syrie soient validées avec des voix de l’opposition UMP et centriste contre la frange la plus à gauche de l’Assemblée. Un désastre pour François Hollande. Et voilà pourquoi il ne veut pas, mais pas du tout, de vote à l’Assemblée. Voilà pourquoi Obama, qui sait tout cela, a ouvert pour lui le registre compassionnel en l’appelant "François". Mais dès que la crise syrienne sera passée, il reviendra à son habituel et froid "monsieur le président Hollande".

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