Non, il ne s'agit pas que de résister à la tentation, certains produits alimentaires sont vraiment addictifs<!-- --> | Atlantico.fr
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Une récente étude assure que certains aliments riches en sucre activent une zone du cerveau également stimulée par les drogues dures
Une récente étude assure que certains aliments riches en sucre activent une zone du cerveau également stimulée par les drogues dures
©Reuters

Impossible de s'en passer

Certains experts estiment qu'il n'est pas approprié de parler d'addiction à la nourriture. En effet, celle-ci est essentielle à la vie et n'est pas quelque chose dont on peut se sevrer. Mais une récente étude assure que certains aliments riches en sucre activent une zone du cerveau également stimulée par les drogues dures telles que l’héroïne ou la cocaïne.

Qu'est-ce que l'addiction ? Quels en sont les symptômes ? Difficile de répondre à ce genre de questions. En effet, l'addiction est avant tout quelque chose de subjectif, de propre à chacun. Selon le dictionnaire du Larousse en ligne, "l’addiction est un processus par lequel un comportement humain permet d’accéder au plaisir immédiat tout en réduisant une sensation de malaise interne. Il s’accompagne d’une impossibilité à contrôler ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives". Dès lors, dans la société moderne, parler d'addiction est devenu courant. Une personne peut ainsi être accro aux jeux, à la cigarette, aux jeux, aux drogues, à l'alcool et même au shopping. Mais est-il possible de parler d'addiction à la nourriture ?

Cette question a longtemps fait débat. Ainsi, certains experts estiment qu'il n'est pas approprié de parler d'addiction pour la nourriture. En effet, celle-ci est essentielle à la vie et n'est pas quelque chose dont on peut se sevrer. Pourtant, il est possible de manger pour de nombreuses raisons sans rapport avec un besoin énergétique quotidien. Ainsi, certaines personnes se nourrissent pour compenser le stress, la frustration ou tout simplement par plaisir. Et par "dépendance" ? Selon une récente étude oui. En effet, une analyse assure que certains aliments riches en sucre activent une zone du cerveau également stimulée par les drogues dures telles que l’héroïne ou la cocaïne. En ingérant ce type d'aliments, notre cerveau deviendrait donc dépendant et exigerait, comme pour les drogues, sa "dose" quotidienne.Cette recherche, reprise par Business Insider, a été menée par Belinda Lennerz, chercheuse en endocrinologie pédiatrique à l'Université de Harvard. Celle-ci a tenté de comprendre pourquoi tant de personnes qui essayent en vain de perdre du poids sont incapables de le faire.

Selon elle, en théorie, perdre du poids est quelque chose de scientifiquement simple : il suffit de modérer le nombre de calories consommées. Cependant, elle s'est rendue compte que beaucoup de personnes à la diète continuaient à trop manger. Cette incapacité à résister lui a donné l'idée de tester certains types d'aliments afin de savoir s'ils pouvaient entraîner une "dépendance". Avec son équipe, selon le Daily Mail, elle a donc analysé des denrées "savoureuses" ayant un indice glycémique élevé (les féculents, les confiseries, les barres chocolatées...). Les scientifiques ont constaté que ces aliments provoquent une augmentation rapide du taux de glycémie dans le sang. Ce qui a pour conséquence de déclencher la faim et parfois l'irritabilité.

Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont préparé deux sortes de milkshakes différents : l'un contenant des produits à indice glycémique élevé et l'autre avec des aliments à faible niveau glycémique. Par ailleurs, ces milkshakes avaient le même goût et possédaient le même nombre de calories. Pendant plusieurs jours et de manière aléatoire, les boissons ont été distribuées à 12 individus sains ou en surpoids. Force est de constater que quatre heures après leur ingestion, les personnes ayant pris le milkshake à l'indice glycémique élevé avaient plus faim que les autres.

Des IRM ont aussi été pratiquées sur l'ensemble des participants. Les images montrent, chez les personnes ayant goûté au milkshake à indice glycémique élevé, une intense activité au niveau du noyau accubems. Il s'agit d'une zone du cerveau qui joue un rôle important dans le système de la récompense, du plaisir, du rire et de la... dépendance. Le niveau d'activité relevé est similaire que celui observé chez des individus venant de consommer des substances addictives, telles que l'héroïne ou la cocaïne.

Dès lors, le Dr Lennerz affirme que cette découverte "apporte un argument de poids pour la théorie affirmant qu'il est possible d'être dépendant à la nourriture". Elle a ajouté: "alors que l'alimentation est nécessaire à la vie, nous mangeons parfois pour des raisons indépendantes de nos besoins énergétiques quotidiens. Lorsque la suralimentation devient un modèle qui est difficile à briser, nous disons que quelqu'un est "accro" à l'alimentation". Toutefois, la scientifique se garde bien de donner un terme définitif aux résultats obtenus. Elle assure que des recherches complémentaires sont nécessaires afin de valider ce concept d'addiction à la nourriture.

Pour mieux expliquer le sujet, nous avons posé quelques question à Catherine Grangeard est psychanalyste spécialisée dans les questions de nutrition.

Atlantico : Est-ce que certains aliments sont addictifs ? Lesquels ?

Catherine Grangeard : L’étude de Belinda Lennerz montre des zones de cerveau activées par des aliments à indice glycémique élevé. Ces zones sont aussi celles de la dépendance. Et, dans toute addiction, il s’agit d’une satisfaction que l’on se donne. Cette puissance rassure, si par ailleurs on est en souffrance, s’en décoller est difficile. D’où cette perspective que je propose : s’intéresser davantage aux raisons pour lesquelles l’addiction trouve son nid…

Sommes-nous incapable ou trop faible pour résister à la tentation ? Qu'est ce qui est le plus tentant le sucré ou le salé ?

La tentation est à la fois dans le produit et dans le comportement visant l’auto satisfaction. La tentation interne se trouve renforcée si la tension est forte. Nous ne sommes pas tous dans la même démesure soumis aux tentations alors que les effets des produits sont identiques dans tous les cerveaux. C’est la mémoire affective, celle du souvenir lié à l’aliment, qui diffère. Le sucré est chronologiquement le premier, c’est peut-être une raison pour laquelle il est tant recherché.

Peut-on parler de "dépendance" voir d'addiction à la nourriture? Comment s'en défaire?

« J’ai besoin de.. ; pour me sentir bien », indépendamment des propriétés de x, c’est la conviction qui a ce pouvoir. Dans les placébos, c’est aussi de cela qu’il s’agit. Alors oui, si l’on pense à telle nourriture de manière obsessionnelle, on est devenu dépendant.

Devenir abstinent de chocolat, par ex, n’est pas ne plus manger ! Bien sûr que l’on peut appliquer l’abstinence par rapport à tel aliment.

Remplacer une dépendance par une autre est une solution très courante ! Sans plaisanter, combien de fumeurs décrochent en remplaçant par des sucreries ou être amoureux rend possible le sevrage … On peut aussi creuser ce qui est dessous cette nécessité. Et alors, s’éloigner du produit et même du comportement, et revenir à la personne. C’est encore le mieux !


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