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Droit d'inventaire ? Peut-être pour les Français mais pas pour les 96% de sympathisants UMP qui jugent le bilan de Nicolas Sarkozy positif
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Sondage exclusif Atlantico/Ifop

Ce sondage exclusif réalisé par l'Ifop pour Atlantico révèle que si les sympathisants UMP jugent à 96% positif le bilan de Nicolas Sarkozy, les Français dans leur ensemble sont plus réservés. 54% l'estiment en effet négatif contre 46% de satisfaits.

A nouveau divisée, l'UMP l'est cette fois par la volonté de nombreux cadres du parti réclamant un droit d'inventaire des années de la présidence de Nicolas Sarkozy. C'est dans ce cadre que l'Ifop a réalisé un sondage exclusif pour Atlantico.fr pour connaitre l'opinion des Français sur ce mandat avec un an de recul.

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Jérôme Fourquet : On a ici une opinion publique qui est relativement partagée sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy un an après la défaite de ce dernier : 54% d'entre eux estiment ainsi que le bilan est négatif contre 46% qui le jugent positif. La France continue donc de se diviser en deux blocs sur le sujet, et bien que comparaison ne soit pas raison, on remarque en analysant les résultats du second tour de 2012 (48,5% pour Sarkozy contre 51,5% pour Hollande) que le temps n'a pas généré d'indulgence supplémentaire à l'égard de l'ancien Président.  Si l'on se penche sur les détails de cette enquête, on note que le regard que portent les Français sur cette période est très fortement indexé sur la sensibilité politique de chacun.

A gauche, seuls 11% des sympathisants pensent que le bilan Sarkozy est globalement positif contre 96% à l'UMP et, chose étonnante, 64% au Front national. Ce dernier score est un des principaux enseignements que l'on peut tirer du sondage, en particulier lorsque l'on connait la rhétorique adoptée par les dirigeants du FN à l'égard de l'UMP. Ce résultat fait cependant probablement écho à une évolution des consciences puisque l'électorat frontiste s'était nettement détourné du candidat de l'UMP en 2012 après avoir eu le sentiment d'avoir été dupé en 2007. Ce regard actuel sur l'action de l'ancien locataire de l'Elysée peut s'expliquer par l'impact des premiers mois d'un quinquennat Hollande qui semble inciter les électeurs FN à revisiter leurs vision de l'époque Sarkozy.

A l'inverse au Modem, on totalise deux tiers de mécontents, fait qui sous-entend qu'il n'y a eu aucun changement majeur depuis la présidentielle. Cela confirme une tendance politique symbolisée par le ralliement de François Bayrou à François Hollande, qui a fait basculer les électeurs Modem davantage vers la gauche. On voit donc ici une traduction concrète du changement d'orientation que M. Bayrou et son entourage on fait prendre à une partie de l'électorat centriste, bien que celui reste globalement critique à l'égard de François Hollande.

Pour ce qui est de l'UMP, le résultat est d'autant plus intéressant qu'il intervient à une période où de nombreuses voix s'élèvent pour demander un droit d'inventaire sur ce qui a été fait pendant ces cinq années. Comme déjà dit plus haut, 96% des sympathisants UMP jugent le bilan positif, ce qui relativise très fortement la demande d'une remise en perspective de la politique menée jusqu'en 2012. Ce score est assez spectaculaire, mais il n'est pas négligeable de noter que seulement 10% de l'électorat UMP estime que le bilan est "très positif" contre 86% qui affirment que tout n'a pas été réussi mais que ce n'était pas si mauvais compte tenu du contexte économique. On peut ici confronter deux lectures qui ne sont d'ailleurs pas forcément contradictoires :

  • Les plus "sarkozystes" en feront une lecture très positive en claironnant que l'électorat UMP reste soudée derrière son ancien leader tout en étant conscient des difficultés qu'il a traversé. Autrement dit, il aura réussi a mener le bateau à bon port en dépit de la tempête qu'il a essuyé.
  • A l'inverse, les partisans du droit d'inventaire retiendront d'avantage la première partie des résultats en déclarant que tout n'a pas été réussi et que l'on peut mieux faire afin d'éviter une prochaine défaite. 
Eric Verhaeghe : Dans ce sondage d’opinion réalisé par l'Ifop auprès de 992 personnes sur leur perception du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Si 46% des Français en ont une opinion favorable, dont 3% seulement une opinion très favorable, ce chiffre explose auprès des sympathisants UMP: 10% d’entre eux en ont une opinion très favorable, et 86% une opinion globalement favorable. Soit un total de 96% de sympathisants satisfaits du mandat de l’ancien président de la République. Ce chiffre soulève évidemment des questions essentielles pour l’actuel secrétaire général de l’UMP, Jean-François Coppé, qui s’est lancé peut-être un peu vite dans un projet d’inventaire du quinquennat. Nicolas Sarkozy apparaît en effet rétrospectivement comme une figure éminemment légitime du parti, et c’est la droite tout entière qui devrait se méfier des effets induits par un déboulonnage hâtif de la statue.

En fait, Nicolas Sarkozy bénéficie aujourd’hui de la légitimité de celui qui a gouverné et qui a tenu les rênes du pays durant une crise difficile. L’examen après-coup de son bilan risque de percuter une référence désormais, semble-t-il, bien ancrée dans l’esprit des militants. De façon tout aussi significative, Nicolas Sarkozy apparaît comme une figure capable de regrouper une majorité de droite autour de sa personne. Il est même à son insu une sorte de point d’ancrage dans la polarisation du débat politique.

Ainsi, son bilan est perçu comme positif par 88% des sympathisants de l’UDI, par 96% des sympathisants de l’UMP et par 64% des sympathisants du Front National. En revanche son score est inférieur à 25% à gauche (7% au PS, 15% parmi les sympathisants du Front de Gauche...), et de 35% parmi les sympathisants du Modem.

C’est peut-être, paradoxalement, le plus bel enseignement de ce sondage : la ligne de fracture entre le Modem et la droite passe désormais par Nicolas Sarkozy, qui agit comme le révélateur d’une incompatibilité entre le Modem et l’UDI, comme s’il avait fallu la mise en exergue d’une personnalité clivante pour dévoiler des oppositions latentes.

Au passage, on notera que si 35% seulement des sympathisants du Modem ont une opinion favorable du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ce chiffre monte à 50% parmi les électeurs de François Bayrou. Cette forte différence montre que François Bayrou attire, au-delà du Modem, un certain nombre d’électeurs dont la sensibilité est plutôt à droite, mais qui ne trouve pas dans celle-ci une offre suffisante au moment des présidentielles.

Le phénomène inverse se produit au Front National : 58% seulement des électeurs de Marine Le Pen ont une opinion favorable du mandat de Nicolas Sarkozy, alors que 64% des sympathisants de ce parti sont positifs vis-à-vis de lui. Signal supplémentaire d’une capacité d’attraction de Marine Le Pen sur des terres de gauche. 

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