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L'essoufflement 
de la lutte anti-tabac
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Tropisme du cancer

A partir de ce mercredi, les photos choc deviennent obligatoires sur les paquets de cigarettes. Mais, pour le pneumologue Albert Hirsch, la prévention anti-tabac devrait surtout passer par une politique plus incisive que celle menée ces dernières années.

Albert  Hirsch

Albert Hirsch

Albert Hirsch est professeur de médecine, ancien chef de service de pneumologie à l'hôpital Saint-Louis à Paris, administrateur de la Ligue nationale contre le cancer et vice-président de l'Alliance contre le tabac.

 

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La mise en œuvre des « images chocs » sur les paquets de cigarettes, bien que tardive - il aura fallu un an à l’industrie pour adopter cette disposition que le Canada mettait en place dés 2000 - s’insère dans le dispositif global du contrôle du tabac. En effet, une image vaut mieux qu’un discours, mais on ne peut que regretter qu’elle n’apparaisse que sur moins de la moitié de la surface d’une seule face des paquets.  

Cette mise en oeuvre timide et tardive ne suffira hélas pas à casser l’évolution inquiétante de cette épidémie industrielle. En effet, dans les cinq dernières années, la prévalence du tabagisme a augmenté de 2 points chez les adultes et chez les femmes entre 45 et 65 ans le gain est de 7 points. Cette évolution est à rapprocher de la hausse dramatique de la mortalité par cancer du poumon chez les femmes de 35 à 44 ans qui, dans les 15 dernières années, a été multipliée par 4.

Les lobbyistes de l’industrie jouissent en effet d’une oreille attentive dans les sphères les plus proches de l’Elysée. Contrastant avec les années 2003-2004 où le président Chirac, à l’occasion du premier plan cancer, avait «  déclaré la guerre au tabac » en augmentant le prix de vente du paquet de 40% - ce qui avait entraîné l’arrêt chez 1,5 million de fumeurs - le prix a été gelé jusqu’en fin 2007.

Depuis on a enregistré à 3 reprises une hausse de 6% que l’on sait être insuffisante pour diminuer les ventes et qui n’aboutit qu’à accroître le profit des cigarettiers. Quant à l’interdiction de fumer dans les lieux publics, force est de constater qu’elle est de moins en moins respectée, faute de la mise en mouvement des corps de contrôle.

A l’heure où le scandale du Médiator éclate sur fond d’invocation incessante du principe de précaution, les associations sauront se mobiliser à l’occasion de la campagne présidentielle pour réactiver la lutte contre un produit qui, en tuant chaque année 60 000 Français, est le premier facteur des inégalités sociales de santé.

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