Ce qui pourrait vraiment aider l'artisanat français (et donc 20% du PIB de l'Hexagone)<!-- --> | Atlantico.fr
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L'artisanat contribue de manière significative à la production de richesses en France.
L'artisanat contribue de manière significative à la production de richesses en France.
©Reuters

Pilier de l'économie

Sylvia Pinel, la ministre de l'Artisanat, a présenté mercredi un projet de loi visant a aider l'artisanat en France. Il comporte notamment la réforme du régime de l'auto-entrepreneur, qui fait débat.

Sophie Boutillier

Sophie Boutillier

Sophie Boutillier est maître de conférences habilitée à diriger des recherches en économie à l’Université de littoral Côte d’Opale-Lille Nord de France et docteur en sociologie, et chercheur au Clersé (UMR-CNRS 8019). Elle est directrice du master Stratégie d’innovation et Dynamiques entrepreneuriales.

Ses travaux de recherche portent principalement sur la théorie économique de l’entrepreneur et de l’innovation et sur les changements économiques et sociaux qui en découlent.

Elle a été conseiller scientifique pour l’exposition « Innovation et artisanat » à l’Observatoire des innovations à la Cité des sciences et de l’industrie.

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Atlantico : Sylvia Pinel, la ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, a présenté le projet de loi "artisanat, commerce et TPE" en Conseil des ministres le mercredi 21. Que représente aujourd'hui l'artisanat dans l'économie française ?

Sophie Boutillier Comme le montrent clairement les chiffres de la Chambre de métiers et de l'artisanat (et de l'Insee), l'artisanat contribue de manière significative à la production de richesses en France, mais également à la création d'emplois dans une gamme de métiers très large, des métiers traditionnels aux activités de haute technologie (informatique, robotique ou autres) [selon les chiffres publiés par le Fonds national de promotion et de communication de l’Artisanat, il représente 300 milliards d'euros de chiffres d'affaires et 1 million d'entreprises, dont 41% implantées dans les villes inférieures à 200 000 habitantspour 3,1 million d'actifs répartis dans quatre secteurs clés : l'alimentation, le bâtiment, la fabrication et les services, ndlr].

Au même titre que l'ensemble de l'économie, les entreprises artisanales évoluent fortement. Elles ne sont pas imperméables au progrès technique, même si l'adjectif "artisanal" fait d'emblée référence à une vague idée de tradition, qui existe certes, mais qui ne représente qu'une partie de la réalité. Les entreprises artisanales participent de cette façon fortement à la compétitivité de l'économie française, par le biais notamment de relations de sous-traitance qu'elles peuvent entretenir avec des grandes firmes.

Les entreprises artisanales ne constituent pas un monde clos, extérieur à celui des grandes entreprises. D'autant plus que les grandes entreprises ont largement modifié leur organisation depuis ces vingt dernières années en privilégiant le recours à la sous-traitance au détriment de la production intégrée. Il importe aussi de souligner que l'artisanat en tant que tel remonte aux années 1920 (période de difficultés économiques après la première guerre mondiale), et qu'il a fait l'objet de réformes, notamment à la fin des années 1990. Mais, le principe reste le même : métier et nombre de salariés (pas plus de dix salariés, sauf droit de suite).

D'un autre côté, des entreprises artisanales se situent dans des niches d’activité bien particulières. C'est notamment le cas dans le secteur alimentaire, en lien avec le souci actuel de nombre de nos contemporains de se soucier de leur santé en consommant des produits "de proximité".

Quelles sont les difficultés rencontrées aujourd'hui par les artisans ?

Il y a deux difficultés majeures auxquelles fait face l'artisanat

  • la gestion et l'organisation de l'entreprise (les "gens de métier" ne disposent pas forcément des qualifications nécessaires en termes de gestion)

  • la réglementation est de plus en plus complexe dans tous les domaines (économique, technique, social, etc.).

L'entreprise artisanale manque souvent de ressources humaines dans ces domaines.

Entre une plus ferme réglementation quant à l'utilisation du terme "artisan" ou encore une réforme du statut d'Entrepreneur indépendant à responsabilité limité (EIRL), le gouvernement penche sur plusieurs pistes. Quelles mesures permettraient vraiment d'aider les artisans français ? Quelles doivent êtres les priorités ?

Cette question est davantage politique qu'économique. C'est une question de rapport de forces entre différentes catégories professionnelles. Mais, on peut aussi souligner que la France est parmi les pays industrialisés celui dont la définition de l'artisanat est la plus stricte. Est-ce un moyen de contrôler la concurrence ? C'est difficile à dire.

La question est de ne pas pénaliser des entreprises qui créent des richesses, et des emplois et qui contribuent à la création du lien social tant dans l'espace urbain que rural. D’où l’urgence de trouver un arrangement institutionnel permettant aux entreprises artisanales de continuer à se développer.

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