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Ces maladies moyenâgeuses dont on n'arrive pas à se débarrasser
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Tenaces !

Une nouvelle épidémie de gale sévit dans l'est de la France. Au mois de juin, c'est dans un collège d'Evry (Essonne) que 29 cas de tuberculose ont été détectés.

Didier  Che

Didier Che

Didier Che est épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire (InVS). 

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Atlantico : La gale fait son retour dans l'est de la France. La tuberculose, elle, fait régulièrement parler d'elle avec quelques cas isolés chaque année. Ces maladies sont connues, et peuvent être soignées efficacement. Pourquoi arrivent-elles pourtant à se maintenir à travers les siècles dans un pays comme la France ?

Didier Che : Pour ce premier point, focalisons-nous principalement sur la tuberculose (la gale étant causée par un parasite, ndlr). Il y a quelques décennies, la tuberculose représentait des centaines de milliers de cas par an. Si l'on regarde l'incidence de la maladie sur le long terme, on voit que celle-ci recule nettement. On récence chaque année des cas de tuberculose car on est en présence d'une maladie contagieuse. Mais les traitements et l'organisation de la prévention font régresser la maladie.

Quand on parle de la tuberculose dans les journaux, c'est sous l'angle de son "retour". Alors qu'il y a une trentaine d'année, on avait encore une soixantaine de cas de tuberculose pour 100 000 habitants, on est aujourd'hui à moins de 10. Même si cette pathologie peut, de temps en temps, créer un petit foyer épidémique chez des populations à risque, la France est considérée comme un pays à faible incidence. Ce n'est pas le cas en Europe de l'est, où le nombre de cas a fortement augmenté depuis la chute du bloc soviétique.  

Qu'est-ce qui différencie une maladie que l'on a éradiquée - comme par exemple la poliomyélite - d'une maladie qui malgré l'amélioration de l'hygiène et des traitements parvient à se maintenir ?

Ce qui distingue la maladie qui va être éradiquée de celle qui va persister, c'est un ensemble de facteurs. Il y a l'efficacité du vaccin, mais aussi la qualité des mesures de contrôle autour de l'apparition d'un nouveau cas. On le voit par exemple actuellement avec les mesures drastiques que l'on met en place lorsqu'il y a un nouveau cas de coronavirus pour éviter la survenue de cas secondaires. Il existe des pathologies plus faciles à éradiquer que d'autres et la tuberculose fait partie de celles qui sont plus difficiles car elle prend son temps pour évoluer, avec un diagnostic difficile, ce qui favorise l'apparition de cas secondaires par contagion. 

Le vaccin BCG, qui permettait notamment une couverture contre la tuberculose, n'est plus obligatoire depuis 2007 (devenant juste "fortement recommandé"). Les autorités et le grand public négligent-ils les risques ?

Les critères ayant mis fin à l'obligation du BCG ont été établis par l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Il se trouve que la France a rempli tous les critères pour commencer à lever l'obligation vaccinale. Il y a juste des recommandations pour les populations considérées comme les plus à risque : celles qui résident en Ile-de-France et en Guyane, les deux régions où l'on observe une incidence plus élevée, ainsi que les personnes ayant des caractéristiques individuelles les plaçant dans les publics à risque. 

Ces maladies se maintiennent, tout en restant généralement assez confinées géographiquement. Une épidémie est-elle cependant possible ou les progrès de la médecine en France rendent-ils cette perspective improbable ?

Au niveau national c'est très peu probable car on a des systèmes de surveillance et de contrôle qui permettraient d'endiguer le phénomène. Il est toujours possible d'avoir des cas groupés si un premier cas a été diagnostiqué en retard. A partir du moment où une personne est considérée comme contagieuse, il y a tout un système qui se met en place pour retrouver l'ensemble des personnes de son entourage pour identifier celles qui ont été infectées. 

Là encore, le cas de la tuberculose est problématique car c'est une pathologie où l'on peut être infecté sans être malade. Le temps entre l'exposition du patient et le déclenchement de la maladie peut aller de quelques mois à plusieurs dizaines d'années. C'est aussi pour cela que, concernant cette maladie, on a des cas qui apparaissent malgré toutes les mesures mises en œuvre. 

Quelles sont les maladies quasiment éradiquées dont le retour vous semblerait plausible ? Les progrès de la médecine et l'hygiène peuvent-ils nous prémunir à 100% du retour de certaines maladies du passé (du moins en France) comme la peste, le typhus ou la variole ?

C'est une question très compliquée. Pour qu'une pathologie apparaisse, il faut qu'il y ait un agent infectieux qui circule. Cet agent doit rencontrer une population, et cette dernière doit être susceptible. Donc, dans le cas d'un agent qui a disparu, il faut déjà qu'il réapparaisse, il doit être réintroduit dans un territoire donné, et doit rencontrer une population qui n'est pas protégée de celui-ci. Il faut donc que toutes ces conditions soient réunies. On peut citer l'épidémie de chikungunya à La Réunion où il y avait une situation à peu près similaire, même si le germe restait encore connu et n'avait pas totalement disparu de la surface du globe. Il est difficile d'imaginer un tel scénario pour un virus que l'on aurait complètement éradiqué. 

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