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Affluence record lors des pèlerinages catholiques : révélateur d’un nouveau rapport à la spiritualité chez les chrétiens y compris les non pratiquants
©REUTERS/Ueslei Marcelino

Jésus revient

La forte fréquentation du sanctuaire de Rocamadour pour l'Assomption a soulevé la question d'un retour de la ferveur catholique française. Si le phénomène s'explique surtout par une mode spirituelle, le catholicisme n'est pas mort pour autant.

Jean-Claude  Barreau

Jean-Claude Barreau

Jean-Claude Barreau est essayiste. 

Il est conseiller de François Mitterrand sur les questions d'immigration, puis de Charles Pasqua. En 1989, il devient président de l’Office des migrations internationales et président du conseil d'administration de l’Institut national d’études démographiques.

Il est l"auteur de "Liberté, égalité, immigration ?" (éditions de L'Artilleur) et a également publié "Sur la route de Kandahar" (François Bourin, en avril 2014).

 

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Atlantico : Le sanctuaire de Rocamadour a connu à l'occasion de la fête de l'Assomption un très forte affluence, un phénomène qui évoque la hausse de la fréquentation des sites religieux depuis une petite dizaine d'années. Peut-on dire que ce fait illustre un regain de la ferveur catholique en France ?

Jean-Claude Barreau : Cela fait d'avantage écho à une mode qui est celle des pèlerinages mais qui est en réalité assez déconnecté du fait religieux. Ces nouveaux pèlerins sont souvent des laïcs, à l'image de Jean-Christophe Rufin, ancien diplomate et académicien qui avait écrit un livre assez populaire sur le sujet ("Immortelle randonnée, Compostelle malgré-moi" [Guérin, 2013]). On peut effectivement parler d'une certaine attente de renaissance spirituelle chez certaines couches de la population, mais en parallèle la situation de l'Eglise est de plus en plus catastrophique dans l'Hexagone. J'avais écris dans un livre baptisé "l'Eglise va t-elle disparaître ?" [Seuil] que l'on comptait 50 000 prêtres pour 1 000 ordinations annuelles il y a cinquante ans, pour seulement 10 000 prêtres et 75 ordinations aujourd'hui. Contrairement à ce que l'on pense généralement, cet effondrement se constate aussi dans le tiers-monde, où l'Eglise Romaine est concurrencée par l'émergence des sectes pentecôtistes.

Néanmoins, l'arrivée du nouveau Pape suscite beaucoup d'espoir, et la pression de l'Islam semble générer une tendance à la résurgence catholique qui n'est plus le simple apanage des courants intégristes comme cela à pu être le cas. L'affaire du Mariage pour Tous, quoi que l'on en pense sur le fond, a aussi joué un rôle, par effet de provocation, bien qu'une bonne partie des manifestants n'était probablement pas pratiquante. Cela démontre que la France reste assez chrétienne sur le plan des mentalités, mais beaucoup moins sur le plan de la pratique. On peut en déduire qu'une véritable résurgence catholique est possible si François engage les réformes nécessaires : statut des divorcés, révision de la Curie, instauration d'un clergé non-professionnel pour les prêtres.

Doit-on en déduire que l'attachement à l'Eglise est culturel avant d'être réellement spirituel ?

Il est effectivement principalement culturel, mais il ne faudrait pas oublier que l'on peut partir du culturel pour construire une foi personnelle. L'éventuelle renaissance d'une Eglise vivante, telle que je l'ai connu quand j'étais jeune prêtre ne pourrait guère se baser sur une population de culture bouddhiste ! Les signes de résurgences, comme ceux de Rocamadour, sont assez intéressants dans le sens où ils tendent à démontrer que l'Eglise n'est plus habitée par cette image ringarde qui l'a caractérisé pendant un temps.

Vous évoquiez la popularité du Pape François. Le bain de foule des JMJ de Rio dont on a beaucoup parlé, a parfois été analysé comme un retour de la jeunesse vers le discours clérical. Ne s'agit-il pas d'un effet trompe-l'œil ?

Absolument. Les JMJ sont clairement des illusions, en particulier à une époque où l'on peut réunir 1 million de personnes sans qu'il y ait pour autant une grande signification derrière l’événement. En vérité ces grand-messes masquent la disparition des mouvements de jeunes chrétiens qui étaient très puissants par le passé. Cependant, il faut reconnaître que le ton adopté par le Pape François ainsi que sa simplicité sont effectivement annonciateurs de renouveau. Au-delà de la réforme du sacerdoce, déjà évoqué plus haut, l'instauration d'un dialogue avec les autres christianismes, en particulier avec les Orthodoxes m'apparaît clairement possible. 

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