Augmentation des tarifs EDF : comment faire jouer la concurrence pour ne pas se ruiner ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Logo de l'entreprise EDF.
Logo de l'entreprise EDF.
©Reuters

Nous vous devons plus que la lumière

Tandis que la Commission de Régulation de l'Énergie avait d'abord envisagé une hausse des tarifs réglementés de 6,8 % à 9,6 %, le gouvernement a pris la décision de limiter cette augmentation à 5 %. Et la tendance devrait se poursuivre. Face à cette montée des prix, des fournisseurs alternatifs proposent des offres à prix fixe sur deux ans.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

Voir la bio »

Atlantico : À la mi-juillet, les pouvoirs publics ont annoncé une double augmentation des prix de l'électricité : une première hausse de 5% a pris effet le 1er août, elle sera suivie d'un second mouvement au 1er août 2014. Une troisième augmentation (toujours de 5) est également prévue. À l'arrivée, l'électricité pourrait donc s'apprécier de plus de 15%. Depuis 2007, le marché s’est ouvert à la concurrence et les concurrents d’EDF proposent des offres à prix fixe pendant deux ans. Faut-il faire jouer la concurrence pour enrayer cette hausse ?

Erwan Le Noan : La concurrence a cet avantage qu’elle incite l’ensemble des acteurs à être le plus efficace possible. Les hausses de tarifs d’EDF sont peut être justifiées : le problème, c’est que les consommateurs en doutent légitimement car l’entreprise ne subit pas vraiment de pression concurrentielle.

Il faut rappeler que cette hausse porte sur les tarifs réglementés, c'est-à-dire des prix qui ne correspondent pas à ceux du marché mais qui sont fixés par les pouvoirs publics. Il est donc encore plus difficile de juger de leur pertinence. Jusqu’à maintenant, on n’a rien trouvé de mieux que le marché pour savoir si un prix est "juste" ou non...

Ces offres à coût fixe sur deux ans sont-elles avantageuses pour le consommateur ou un rattrapage sur les prix est-il attendu passé ces deux ans ? Comment est-ce possible d’être moins cher ?

Les offres à prix fixe rassurent les consommateurs qui ont souvent en tête l’idée que des prix libres de l’énergie, ce sont des prix qui fluctuent très fortement. Dans le secteur de l’électricité, le fonctionnement du marché a ceci de particulier que c’est la dernière unité produite qui détermine le prix du marché. Ce qui permet aujourd’hui à l’électricité française de ne pas être trop chère, c’est le nucléaire : la construction d’une centrale est  coûteuse, mais l’énergie produite ensuite ne l’est pas trop. Par contre, quand arrive un pic de demande, les producteurs ont recours à des sources plus coûteuses, comme les énergies renouvelables, ce qui fait grimper les prix. Les partisans de la fin du nucléaire oublient souvent de rappeler que moins de nucléaire, ce sont des prix de l’électricité plus chers…

Il n’y a pas que la production qui entre en compte pour déterminer le prix au consommateur, mais aussi le transport et la distribution. Là, les différents acteurs du secteur peuvent se distinguer les uns des autres – même s’il est vrai que l’accès à la ressource première qu’est la production d’électricité est essentielle… et EDF n’est pas vraiment toujours très coopératif !

Encore peu de foyers osent opter pour un fournisseur alternatif. 6,2% des Français se sont tournés vers un concurrent d’EDF. Comment expliquer cette réticence ? Y a-t-il un manque d’information des consommateurs ?

Il est difficile d’expliquer ce phénomène par un seul critère. Le maintien des tarifs réglementés, relativement peu élevés et stables, joue certainement un rôle essentiel : il permet à EDF de capter des clients. D’autres facteurs entrent en jeu : l’image d’EDF dans l’esprit public français, c’est un peu l’entreprise publique par excellence, à qui on passe tout, alors même qu’elle aurait beaucoup à se faire pardonner (il suffit d’aller regarder du côté de son comité d’entreprise ou de lire les rapports de la Cour des comptes) ; le discours politique qui présente la concurrence comme étant la pire chose qui soit jamais arrivée sur terre depuis la disparition des dinosaures, alors même que c’est elle qui permet la croissance, a sorti des milliards de gens de la pauvreté et favorise le pouvoir d’achat et l’emploi …

Comment bien choisir son fournisseur et ainsi réduire sa facture d’énergie ?

Comme pour tous les produits : en comparant les prix, la qualité des offres… De nombreux sites existent qui accompagnent les consommateurs. Il ne faut pas avoir peur de la concurrence, ni des "nouveaux entrants", qui sont maintenant des entreprises bien installées, de grande qualité et de confiance. A chacun de prendre le temps de comparer.

Propos recueillis par Karen Holcman

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !