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Et selon vous, Benoît Rayski, quelle est la plus grosse connerie de l’année?
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Le meilleur du pire

Aujourd'hui, c'est au ministre de la Ville que revient la palme. Troisième épisode de notre série.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C’est un des jobs les mieux payés, les plus enviables et les plus inutiles de la République : ministre de la Ville, c’est-à-dire en français normal, des cités. Depuis plus de vingt ans qu’il existe, ce boulot consiste à avoir une idée dont on parle pendant quelques jours dans les journaux.

Pendant longtemps la muse de ce ministère fût Harlem Désir qui, du temps où il était patron de SOS Racisme, avait préconisé qu’on rafraichisse la peinture des cages d’escaliers des HLM pour mettre fin à quelques fâcheux désordres qui s’y déroulaient. Les cages d’escaliers ont été repeintes avec de joyeuses couleurs vives : on y trouve toujours autant de guetteurs qui préviennent les dealers en chef de l’arrivée des acheteurs…

Vint Bernard Tapie, nommé à ce poste par Mitterrand. Nanard eut une idée de génie : apprendre aux gamins des cités à taper dans un ballon, une dépense d’énergie qui les dispenseraient de taper les gens. Des stades de foot furent construits : les jeunes des cités tapent sur un ballon et, ainsi entrainés, ne se privent pas de donner des coups de pieds aux importuns… D’autres titulaires de ce portefeuille ministériel initièrent, à grand renfort d’argent, l’institution des "grands frères". Ces derniers devaient surveiller les petits et les maintenir dans le droit chemin : les "grands frères" se sont surtout employés à voiler leurs petites sœurs…

L’actuel titulaire du poste s’appelle François Lamy. Et il n’a pas dérogé à la règle. Pour en finir avec la délinquance, la misère et la violence il a estimé qu’il fallait "homogénéiser  les quartiers". Comme c’était tout nouveau, tout frais, les médias y ont donné quelques échos. Homogène, selon tous les dictionnaires, veut dire en français normal "de même nature, semblable, de la même sorte, de la même race". Quoi de plus homogène dès lors que le Val Fourré, les quartiers Nord de Marseille, Trappes, le Mirail ?

Il se peut – c’est une excuse possible - que M. Lamy n’ait jamais mis les pieds dans les quartiers qu’il veut "homogénéiser" encore plus. Il est possible également qu’il ait un problème avec la langue française, ce qui le rapprocherait beaucoup de ceux qui font l’objet de sa sollicitude. Mais le ministre est un être complexe, rempli de contradictions. Il veut aussi de la "mixité" dans ces quartiers. Mais que deviendra alors "l’homogénéité" à laquelle il parait tenir ? Reste que sur ce sujet délicat le ministre n’a pas encore livré le fond de sa pensée. Souhaite-t-il qu’on déporte une partie des habitants du ghetto NAP (Neuilly-Auteuil-Passy) pour les installer à la Courneuve ?

Mais le plus hilarant dans cette histoire (mieux vaut en rire qu’en pleurer) c’est quand même l’intitulé du ministère dont dépende celui de la Ville. A sa couronne déjà très riche, François Hollande a rajouté un diamant rare : le ministère de l'Egalité des territoires (et du Logement) ! Et on se prend à rêver – égalité, égalité ! – d’une chaleureuse étreinte entre l’hôtel particulier de Liliane Bettencourt et la cité des 4000 à la Courneuve. Alphonse Allais (à moins que ça ne soit Henry Monnier) avait eu cette phrase célèbre : "il faut construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur". M. Lamy a fait mieux et plus fort : "il faut installer la cité des 4000 à Neuilly car l’ambiance y est plus calme".

S’agissant de l’utilité de ce fabuleux (du mot  "fable") ministère, une petite anecdote concernant François Hollande. Un vieux militant socialiste corrézien, Gérard, est reçu à l’Elysée. "François, ça fait 30 ans que je me dévoue pour toi. Tu pourrais quand même me donner un ministère." Le Président embarrassé : "Mais Gérard, tous les ministères sont pris". "Qu’à cela ne tienne, tu n’as qu’à en créer un pour moi".  Hollande de plus en plus embarrassé : "Mais lequel ?". Réplique de Gérard : "J'chais pas moi. N’importe lequel. Par exemple le ministère des kangourous". Hollande : "Enfin Gérard tu sais bien qu’il n’y a pas de kangourous en France". Gérard, superbe et dominateur : "Et alors ? On a bien un ministère de la Justice !".

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Eyrolles éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

vous pouvez achetez Pourquoi vous vous trompez tout le temps (et comment arrêter) Partie 1 & Partie 2, sur Atlantico Editions.
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