"Un avenir brillant pour la zone euro" : Christine Lagarde confond aller mieux et aller bien<!-- --> | Atlantico.fr
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Christine Lagarde a déclaré lors d'un déplacement en Lituanie qu'elle voyait un "avenir brillant pour la zone euro"
Christine Lagarde a déclaré lors d'un déplacement en Lituanie qu'elle voyait un "avenir brillant pour la zone euro"
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A double tranchant

Prévoyant une récession de 0,6 % en 2013 et une croissance de 0,9 % en 2014, Christine Lagarde a déclaré lors d'un déplacement en Lituanie qu'elle voyait malgré tout un "avenir brillant pour la zone euro".

Andrea Tuéni

Andrea Tuéni

Diplômé du Master en Finance de marché de Sup de Co Reims, Andrea Tuéni rejoint Saxo Banque en tant que Sales Trader il y a 2 ans.

Ce spécialiste des devises et matières premières est rapidement devenu un analyste reconnu par les médias financiers de référence (BFM, Reuters, Le Figaro,…) et participe au rayonnement de l’activité du département de Sales Trading de Saxo Banque France.

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Atlantico : Christine Lagarde, la présidente du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré lors d'un déplacement en Lituanie le 18 juillet qu'elle voyait un "avenir brillant pour la zone euro". Quel bilan pouvons-nous tirer de la santé économique de la zone euro à l'heure actuelle ? Comme se porte vraiment la zone euro ?

Andréa Tuéni : La zone euro est dans une phase de stagnation. On ne peut pas parler de reprise alors que plusieurs économies restent fragiles mais certains progrès ont pu être constatés. On pense par exemple à la situation des comptes extérieurs qui se redressent, signe d’un regain de compétitivité des pays. L’Espagne a vu son déficit commercial fondre au mois de mai grâce à une reprise des exportations. Par ailleurs, les derniers PMI manufacturiers, bien que restant pour la plupart sous la zone des 50, montrent une dynamique intéressante.

Il est toutefois difficile de prétendre aujourd’hui que la zone euro est sortie de la crise. Plusieurs zones d’ombre persistent. La capacité de production de certains pays comme l’Espagne, l’Italie ou encore le Portugal a été très sévèrement touchée par la crise. Aujourd’hui, la capacité de production de l’industrie ne permet pas de répondre à la fois à une demande intérieure soutenue et à une augmentation des exportations. Le circuit de la croissance reste donc grippé.

Par ailleurs, si le chômage ne grimpe plus, il reste à des niveaux élevés. L’Espagne qui a fait des efforts en matière de réformes structurelles souffre toujours d’un des taux de chômage les plus élevés d’Europe.

Enfin, la situation politique de plusieurs pays en difficulté est alarmante. C’est le cas du Portugal où la défection de plusieurs ministres met en péril la légitimité du Premier ministre. Dans un contexte où les mesures entreprises sont difficiles à accepter par les populations, des élections anticipées laissent craindre une remise en question des mesures entreprises. Même son de cloche en Espagne où le Premier ministre, Mariano Rajoy, ne cesse d’être attaqué.

Pour conclure, on ne peut pas nier les progrès accomplis par certains pays dont la Grèce, l’Espagne et l’Italie (pour ne citer qu’eux) mais les efforts restent considérables preuve en est la Banque centrale européenne se réserve le droit d’intervenir à nouveau pour soutenir l’économie là où la Fed pense à un retrait progressif des politiques accommodantes.

Les efforts d'assainissement budgétaire et de redressement économique entrepris depuis trois ans peuvent-ils permettre à la zone euro de rebondir et de sortir renforcée de la crise ? En ressortira t-elle davantage réformée que les Etats-Unis ?

L’austérité, certes nécessaire qui prédomine ces dernières années a miné la croissance à court terme mais devrait avoir des effets bénéfiques sur le long terme. Le chemin du retour à la croissance est encore long. On a vu à quelle vitesse les marchés obligataires peuvent s’emballer signe d’une défiance pas totalement disparue. Comme nous l’avons rappelé plus haut, certains pays ont encore des défis importants à surmonter.

Les mesures d’assainissement des budgets entreprises depuis le début de la crise étaient incontournables. L’idée est de créer une base saine pour un redémarrage progressif.

Les réformes doivent être poursuivies tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle de l’Europe. Il faut réfléchir à plus d’homogénéité, les pays membres de la zone doivent davantage se ressembler pour avancer ensemble. Les rôles de l’Allemagne dans sa vision de la rigueur mais aussi de la France seront très importants.

Union bancaire ou convergence économique... Quelles sont les priorités restantes pour la zone euro ?

Il existe trois priorités majeures pour la zone euro et ses dirigeants :

  • Une réforme du système bancaire paraît indispensable afin d’éviter de nouveaux risques d’effondrement du système. Les banques sont encore une menace à la stabilité de nos économies et un levier de transmission de la crise, il est donc impératif de s’attaquer à cette réforme.

  • Une réforme et modernisation du marché du travail : le chômage est un fléau pour l’Europe. Il faut revoir le marché du travail mais aussi le système fiscal afin d’alléger le coût du travail et de doper les embauches.

  • La convergence économique est un étape importante : on parlait déjà plus haut d’homogénéité et il s’agit là d’un thème important. Il est nécessaire de mieux intégrer l’ensemble des économies qui forment la zone. Les pays doivent se rassembler mais aussi se compléter pour donner un sens à l’Europe.

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