Ces parents en lutte contre l'inexplicable blocage français dans les méthodes de traitement de l'autisme<!-- --> | Atlantico.fr
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La mère d'une petite fille autiste de 7 ans a entamé une grève de la faim le 9 juillet
La mère d'une petite fille autiste de 7 ans a entamé une grève de la faim le 9 juillet
©Reuters

Retard

La mère d'une petite fille autiste de 7 ans a entamé une grève de la faim le 9 juillet. Elle refuse les soins psychanalytiques que les médecins lui proposent et souhaite que sa fille puisse continuer à suivre un programme d'apprentissage comportementaliste.

Daniele   Langloys

Daniele Langloys

Daniele Langloys est Présidente de Autisme France. 

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Atlantico : Jacqueline Tiarti observe depuis le 9 juillet une grève de la faim pour que sa fille autiste Mélissa, 7 ans obtienne un éducateur à domicile. Pourquoi l’approche psychanalytique demeure actuellement privilégiée dans la prise en charge de l’autisme en France ? 

Danièle Langloys : Mélissa attend surtout une place en SESSAD - Service d'Education Spécialisée et de Soins à Domicile -  depuis deux ans et demi. En fait, c’est scandaleux : les familles ne peuvent accéder aux services nécessaires et on leur interdit le financement en libéral qui pourrait pallier l’absence de services.

La psychanalyse - qui prétend que l’autisme est un choix du sujet et qu’il a son origine dans le refoulement sexuel, alors que c’est une pathologie des synapses - a eu 50 ans pour bâtir une véritable dictature. Elle a notamment permis le noyautage de toutes les formations des professionnels, celui des médias et des instances décisionnaires. Elle a exercé un véritable terrorisme qui marginalise les professionnels de santé qui souhaiteraient mettre en oeuvre d’autres pratiques. La nécessaire révolution culturelle en la matière va prendre du temps.

Alors qu'elle se pratique dans certains pays tels que les Etats-Unis, Israël, ou au Canada et dans certains pays nordiques, la méthode comportementaliste reste encore controversée en France, même si le troisième "plan autisme", présenté le 2 mai 2013, favorise cette méthode au détriment de la psychothérapie institutionnelle. Comment peut-on encore expliquer cette réticence ? 

Il ne faut pas dire méthode comportementaliste mais programmes d’apprentissage. Il ne s’agit pas de recettes mais de programmes toujours conçus de manière unique pour une personne précise, après une évaluation rigoureuse.

Les psychanalystes qui ont tout le pouvoir dans les hôpitaux, les CMP, les CAMSP, tiennent à garder leur pouvoir et leur fonds de commerce et présentent exprès les programmes d’apprentissage développementaux et comportementaux de manière caricaturale comme du dressage. ABA (dans sa version moderne), TEACCH et PECS sont des programmes utilisés en milieu naturel, pour donner aux personnes des outils de communication et de socialisation, développer leurs interactions sociales et leur autonomie. On ne guérit pas l’autisme mais on peut vivre avec son autisme, comme avec un autre handicap en le contournant par des stratégies de compensation.

De manière générale, l'autisme est-il toujours un tabou en France ? 

L’autisme reste un tabou. Les psychanalystes le présentent comme une "folie" qui nécessite l’hospitalisation en psychiatrie, souvent à vie. Les enseignants ont peur de nos enfants, qui pourtant seraient plus socialisables, s’ils avaient droit dès 18 mois à des interventions éducatives,  le grand public ignore l’autisme car les pouvoirs publics n’ont jamais fait de campagne de sensibilisation alors qu’une personne sur 100 est concernée. Chacun doit apprendre à identifier et savoir accompagner les personnes autistes.

Les pays qui pratiquent la méthode comportementaliste ont-ils observé de réels résultats  ? 

Les programmes d’apprentissage développementaux et comportementaux sont d’autant plus efficaces qu’ils sont mis en oeuvre précocement. Il faut cependant trouver le bon pour chaque personne, car chaque cas est unique. On ne guérit pas l’autisme au demeurant : on sait seulement donner des chances plus ou moins grandes, en fonction des profils légers ou sévères, de développer la communication, la socialisation et l’autonomie. Avoir les moyens de dire qu’on a mal ou qu’on se sent mal, surtout si on est non-verbal, est une priorité absolue. Ne pas le faire c’est non-assistance à personne en danger, et c’est indigne.

Outre la méthode psychanalytique et la méthode comportementaliste existe-t-il d'autres méthodes reconnues ? 

La psychanalyse n’a jamais fait la preuve d’une quelconque efficacité : aucune étude n'a d'ailleurs prouvé son efficacité. Les programmes d’apprentissage ont, eux, été évalués. Il en existe plusieurs. Leur efficacité n’est pas magique, mais les progrès peuvent être parfois spectaculaires et on peut toujours aider une personne autiste, à tout âge.

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