Pourquoi la perte de notre dernier triple A ne changera rien à la situation financière de la France sur les marchés<!-- --> | Atlantico.fr
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La France vient de perdre son dernier triple A.
La France vient de perdre son dernier triple A.
©DR

Effet neutre

Les incertitudes qui planent sur les perspectives de croissance de la France ont justifié la décision de l'agence de notation Fitch de retirer à la France son dernier triple A. Une décision qui pourrait bien n'avoir absolument aucun effet.

Manuel Maleki

Manuel Maleki

Manuel Maleki est Docteur en Sciences Economiques à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Il est spécialiste des questions de réformes. Il a travaillé à Londres dans une grande institution financière avant de rejoindre les équipes de la recherche économique du groupe ING en tant que Senior Economiste.

Il s'exprime sur Atlantico à titre personnel.

 

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Atlantico : L'agence de notation Fitch Ratings, inquiétée par les perspectives de croissance de l'héxagone, a abaissé la note souveraine de la France de "AAA" à "AA+", note assortie d'une perspective stable. Cette annonce va t-elle affecter l'économie française ? 

Manuel Maleki : Cette décision ne changera pas grand chose pour l'économie française puisque les deux autres grandes agences internationales de notation, qui par ailleurs sont les leaders du marché, que sont Moody's et Standard and Poor's avaient déjà toutes deux dégradé la note souveraine de la France. Fitch Ratings ne fait donc que confirmer avec retard le mouvement estimant que la France n'a pas fait suffisamment de progrès pour rétablir l'état de ses finances publiques. Le résultat final n'est pas très bon pour le pays.

Cela peut-il modifier les taux auxquels s'endette le pays sur les marchés ?

La décision de l'agence ne devrait avoir aucune conséquence importante à court terme sur les marchés, ni changer les taux obligataires du pays (les taux auxquels l'Etat s'endette, NDLR) car les marchés sont alimentés par les liquidités versées par les banques centrales, notamment la Fed, la banque centrale américaine, et la Banque du Japon. Par conséquent, les investisseurs ont beaucoup d'argent à placer et, du fait d'un haut niveau d'incertitude et de contraintes réglementaires dû entre autres à Bâle 3 (l'accord sur la réglementation bancaire, ndlr), ne veulent pas investir dans des actifs trop risqués et continuent de se tourner vers des pays jugés sûrs dont la France fait partie : une économie diversifiée, résiliente, une main d’œuvre qualifiée avec un haut niveau de productivité, un système étatique et de gouvernance solide et une situation politique stable.

Si la Fed venait à limiter sa politique monétaire de planche à billet, comme l'a laissé supposer son président Ben Bernanke, cela pourrait avoir un impact sur les taux français. Mais dans ce contexte, le passage de la note française de AAA à AA+ n'est pas pour sa part un signal majeur pour être pris en compte par les investisseurs.

Les grandes agences de notation ont-elles perdu avec la crise leur rôle de juges suprêmes de l'économie ?

Les agences de notation avaient un fort pouvoir d'influence sur les marchés au plus haut de la crise en montrant les difficultés de la Grèce, des difficultés qui se sont confirmées par la suite. Mais les acteurs ne sont aujourd'hui pas surpris par une telle annonce puisque la dynamique était déjà enclenchée. Les marchés savent désormais où l'on en est économiquement, il y a moins de flou. L'impact des agences de notation est par conséquent plus faible qu'il y a quelques années.

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