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6000 euros par mois, 1 million de patrimoine : mais qui sont vraiment ceux que les Français voient comme des riches
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Tout est relatif

D'après un sondage BVA pour BFM Business, publié ce jeudi 4 juillet, les Français considèrent une personne comme riche si elle a un revenu d'au moins 6.000 euros par mois et un patrimoine d'un million d'euros. Mais, contrairement à François Hollande qui "n'aime pas les riches", les Français sont indifférents à 68% à ceux qu'ils considèrent comme ainsi.

Nathalie  Cariou

Nathalie Cariou

Nathalie Cariou est consultante en intelligence financière. Elle accompagne les particuliers et les professionnels dans leur relation à l’argent et sur le chemin de leur indépendance, financière ou professionnelle. Elle est l’auteur de deux livres : Prenez la responsabilité de vos finances et Oser devenir riche, aux Editions Jouvence, et depuis 2009, elle dirige la société qu’elle a créée : les Clefs de la Réussite.
Conceptrice d’un programme en ligne pour apprendre la liberté financière
et organisatrice des Rendez-vous de l’indépendance financière , elle intervient régulièrement en conférences et dans les média en tant que coach financier. Vous pouvez retrouver ses tribunes sur l’argent et la liberté financière sur son site : www.clefsdelareussite.fr

 

 

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  1. Atlantico : Cette vision de ce qu'est être riche en France est-elle pertinente ? Qui sont vraiment les riches en France et quels sont leurs profils ?

Nathalie Cariou : Le salaire médian des Français est de 1 675 €uros : cela signifie qu’un français sur deux gagne moins de 1 675 euros nets par mois.
Et le patrimoine médian (un français sur deux a moins ; un français sur deux a plus) est de 88 000 euros. A partir de là, qui devons-nous considérer comme riches ? Ceux qui sont dans les 10% les mieux payés : ils gagnent en moyenne 3 000 euros par mois (le double du salaire médian) ? Ou ceux qui sont dans le 1% supérieur, qui gagnent en moyenne 7 350 euros par mois (88 000 euros par an) mais ne sont plus que 650 000 ?

Doit-on considérer comme riches les 10% des ménages dont le patrimoine est supérieur à 552 300 euros ? Les 3% dont le patrimoine dépasse le million (1 044 500) ou le 1% des ménages français dont le patrimoine est supérieur à 1 885 200 euros ? Je trouve raisonnable d’arrêter le curseur de la richesse aux 10% des Français les plus riches.De manière à éviter une comparaison outrancière et bien peu significative avec des ultra-riches (0,001% de la population française) dont le patrimoine moyen est certes de 123 millions d’euros, mais qui sont en tout et pour tout 300. Exemple ou repoussoir ? ils n’en sont pas moins une exception qui confirme la règle !

10% des français gagnent donc 88 000 euros ou plus et/ou affichent un patrimoine de 1 885 000 d’euros. A ce niveau, nous trouverons une majorité masculine, composée de dirigeants d’entreprise ou de cadres de haut niveau, ainsi que des professions libérales choisies (professions libérales de santé essentiellement).

  1. Les riches sont-ils devenus de plus en plus riches ? Comment ont-ils subi la crise ? Comment s'y sont-ils adaptés ?

Les écarts entre les 10%, voir les 1% les plus riches des Français et les autres se creusent de plus en plus. Et plus encore par temps de crise. A ceci une explication simple : la fortune des très riches est essentiellement constituée de revenus du capital (les revenus du capital représentent 27% du capital des 1% les plus riches ; 53% des 0,1% et 89% des 0,001% !).Quand celle des plus pauvres est constituée pour l’essentiel de revenus du travail. Quand il ne s’agit pas de la totalité de leurs revenus : 20% des Français ne disposent en effet d’aucun patrimoine. Et ceux dont le patrimoine est essentiellement constitué de leur résidence principale (situation courante dans les ménages français), n’en tirent eux non plus aucun revenu. Or, les revenus du travail ne peuvent augmenter indéfiniment, en particulier dans un marché du travail sous tension. Et travailler plus donne rarement la possibilité de gagner plus, alors que, qui a des revenus « autres » (financiers ou immobiliers), aura toujours la possibilité de réorienter ses investissements en fonction de la conjoncture ; et donc de s’adapter à la crise.

  1. Quel indicateur choisir pour mesurer la richesse ?

Dès que l’on pose la question de la richesse, chacun peut constater la difficulté à définir un seuil et un indicateur. En particulier parce que la richesse est subjective ; que notre niveau de vie s’adapte « naturellement » à notre niveau de richesse et qu’en fin de compte, les riches, ce sont toujours « les autres ». Bien sûr, nous pourrions retenir, pour mesurer la richesse, des indicateurs traditionnels tels que les revenus nets ou la valeur du patrimoine.

Il y a d'autres facteurs externes qui entrent en ligne de compte. Par exemple, les conditions de vie sont parfois très différentes selon notre lieu de vie (Paris, la province, l’étranger ...) ; notre situation familiale : le pouvoir d’achat d’une famille avec un enfant en bas âge peut s’avérer beaucoup plus bas que ne le laissent présager les revenus encaissés, voire les investissements préalablement réalisés.

Autrement dit, à revenus comparables, une famille de trois personnes avec un enfant de 15 mois, vivant à Paris et s’étant endettée pour acheter son appartement, sera bien moins riche qu’une famille de trois personnes, avec un enfant d’une quinzaine d’années, vivant en province et dont la résidence principale est totalement payée !

Plus que le patrimoine ou le revenu, qui ne veulent pas dire grand-chose comme le montre l’exemple ci-dessus, il serait bon de mesurer, pour comparer leur richesse, le niveau de vie des uns et des autres. Que l’on appelle parfois le pouvoir d’achat. Même si le critère n’est pas tant ce qui est consommé que ce qui reste, en épargne ou en investissement, après avoir assuré son niveau de vie.

  1. La vision de ce qu'est être riche diffère-t-elle en France des autres pays ? cette notion nous pose-t-elle problème ?

On a longtemps répandu le bruit que les Français n’aiment pas les riches, obligeant ainsi ces mêmes Français à devenir un tantinet schizophrène : celui qui n’aime pas les riches quand ses collègues de bureau l’interrogent dans la journée est aussi celui qui jouera au loto le soir même dans l’espoir de devenir l’un de ces riches qu’il est supposé haïr.

La réalité est peut être différente : 68% des français, selon un récent sondage CSA pour BFM Business, seraient tout simplement indifférents à l’état de fortune de leur voisin. Est-ce à dire qu’ils se transformeraient progressivement en Américains à qui l’on attribue  généralement une grande facilité à parler d’argent ? Pas encore, car ce même sondage révèle que moins d’un tiers des Français éprouve du respect pour celui qui a fait fortune. Autrement dit reconnait les talents particuliers des « faiseurs d’argent » que sont la grande majorité des riches qui, lorsqu’ils sont capitaines d’industrie (0,01% des plus riches) sont aussi créateurs d’emploi. Bien qu’ils paient plus d’impôts que la moyenne des Français (5% pour l’ensemble des foyers ; 18% pour les 1% les plus riches) – et même si ce taux est historiquement l’un des plus bas de notre histoire.

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