En Espagne, "le scénario du recours à l’aide financière est peu probable"<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Espagne a des défis à relever...
L'Espagne a des défis à relever...
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Effet domino ?

Alors que le Portugal s'est finalement résolu à solliciter l'aide financière de l'Union Européenne en échange d'un plan d'austérité qui devrait être adopté en mai, l’Espagne apparait pour certains comme le prochain pays en ligne de mire. Pourtant, d'importantes mesures de redressement ont été adoptées et la situation parait pour l'instant stable.

Thibaut Mercier

Thibaut Mercier

Thibaut Mercier est économiste chez BNP Paribas, spécialiste des pays périphériques de la zone euro : Irlande, Portugal, Grèce et Espagne.

 

 

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La Grèce, l'Irlande et maintenant le Portugal ont eu recours à l'aide financière de l'UE et du FMI. Pour quelles raisons l'Espagne est-elle considérée par certains comme le prochain pays sur la liste ?

Ce qui est sûr, c’est que beaucoup de responsables européens disent finalement que le Portugal est le dernier domino à tomber. Évidemment, les politiques espagnols disent la même chose. Aujourd'hui on voit finalement que sur les marchés, les taux espagnols ne bougent pas et restent à 5,2%, ce qui est certes à un niveau relativement élevé : il y a une prime de risque qui a augmenté si on la compare à ce qu'elle était il y a deux ans. Mais la situation est quand même stable. On a l'impression qu'il y a quand même eu un découplage entre, d'un côté, les pays périphériques qui sont maintenant sous le giron du FMI et de l'UE (La Grèce, L'Irlande, le Portugal), et de l'autre côté l'Espagne, qui serait plus proche d'une économie comme celle de l'Italie.

C'est aussi une question de taille : le Portugal, l'Irlande et la Grèce sont petits pays : le PIB portugais doit être autour de 150 à 170 milliards d'euros, tandis que le PIB espagnol est de 1.000 milliards. Vous voyez un peu l'ordre de grandeur… Je pense qu'il y a effectivement plus de chance qu'un recours à l'aide financière ne se produise pas.

Selon Dominique Strauss-Kahn, le Directeur général du Fonds monétaire international, la situation de l'Espagne est "clairement différente" de celle de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal. Il a évoqué, dans le quotidien espagnol El Païs des mesures "correctes" de la part du gouvernement espagnol pour redresser la situation financière du pays. Pourtant, les prévisions de croissance et de réduction du chômage ont été revues à la baisse…

Oui, car les prévisions étaient très optimistes avant. Il est clair que l'Espagne a des défis à relever : on ne peut pas l’inclure, au sein de la zone euro, dans les pays qui vont le mieux., c'est indéniable. On voit bien que les taux sont élevés, ce qui traduit des inquiétudes qui sont fondées. C'est un pays qui connait un taux de 20% de chômage et qui a connu une bulle immobilière. Le secteur bancaire y est en partie très fragile : les caisses d'épargne sont aujourd'hui en train de se restructurer. Il est certain qu'il y a des problèmes.

Le modèle de croissance espagnol était fondé sur le crédit pas cher et sur l'immobilier, un secteur qui employait beaucoup de gens. Ce modèle s'est effondré quand le pays s'est retourné, ce qui l'a conduit dans une récession qui a duré au moins deux ans, le chômage a explosé car les personnes qui travaillaient dans l'immobilier et dans toutes les activités connexes n'ont plus eu de travail. C'est le côté noir de la situation.

Mais le gouvernement a pris le problème à bras le corps. Il a fait voter une réforme du travail très importante pour redonner aux entreprises plus de flexibilité, avec l’idée de générer de l'activité. Il y a eu réforme des retraites : ce n'est pas une chose facile à mettre en œuvre. Le paysage bancaire a été réformé, avec un programme de concentration des caisses d'épargne, dont le nombre a été très réduit. Pas mal de choses sont faites pour régler les problèmes.

Sans compter un détail important : L'Irlande a recapitalisé son système bancaire à hauteur de 70 milliards d'euros, ce qui équivaut à 50% de son PIB,  c’est énorme. Si la même somme devait être employée en Espagne, cela reviendrait à moins de 7% du PIB. L'ampleur du choc n'est pas la même.

Ces rumeurs ont-elles des conséquences sur la confiance des marchés ?

Oui, cela nourrit des inquiétudes. A cause de comportements moutonniers, les taux augmentent et cela fait croitre les difficultés d'un pays. C’est un peu auto régulateur.

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