Le projet 2012 du PS : en attendant Godot ou bien ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Le projet 2012 du PS : en attendant Godot ou bien ?
©

Zone franche

Il n'y a rien de vraiment neuf, de dérangeant ou d'enthousiasmant dans le projet du PS mais ce n'est pas grave. Du moins pas encore.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Moyennement convaincant, le projet du PS pour 2012. Résolument « de gauche » et « moderne » selon Martine Aubry, qui en faisait le teasing samedi dans une piscine parisienne, les pistes qu’il ouvre pour le futur ressemblent pourtant furieusement à des chemins bien piétinés dans le passé.

Du retour des emplois-jeunes à la « priorité à l’éducation », on voit « la gauche », pas vraiment « la modernité ». A vrai dire, il y a même des trucs sacrément archaïques, parmi la vingtaine de propositions « fuitées » dès hier dans le JDD : l’encadrement des loyers comme solution à la crise du logement, on se demande s’il y a encore un seul économiste pour défendre l'efficacité des dispositifs de ce type.

Il y a aussi des idées « de droite » (le recrutement de 10 000 policiers, des « internats fermés pour les mineurs »), des vœux aussi pieux qu’universellement formulés (l’égalité salariale hommes-femmes, l’installation de jeunes médecins dans les déserts médicaux), des impossibilités institutionnelles (le lancement d’un emprunt européen pour l’innovation)… Bref un tas de banalités consensuelles qui ne mangent pas de pain (l’indépendance du Parquet, moins d’enfants par classe) mais certainement pas le festival d’idées géniales et décoiffantes que l’on pourrait espérer d’un parti venant de passer dix ans à se reconstruire idéologiquement pendant que la planète se transformait...

Une alternative « crédible », mais aussi « attractive »

Si l’on est pessimiste, ce qui est le cas de l’immense majorité des Français : c’est terrible. La droite est manifestement au bout du rouleau, écartelée entre gaullistes porteurs de valeurs et pragmatiques sans principes, emmenée par un président tout aussi épuisé. L’extrême droite est en phase de décollage rapide, stimulée par la crise mondiale et le « burn out » national. L’extrême gauche se porte plutôt bien aussi, merci, exactement pour les mêmes raisons.

Fameux tableau.

On attend donc de la gauche « de gouvernement » qu’elle joue les alternatives non seulement crédibles, c’est bien le moins, mais au minimum attractives. Les non-apparatchiks et autres adultes sensés pas trop aveuglés par l‘anti-sarkozysme de rigueur en conviendront en découvrant ce projet 2012 : c’est râpé.

Si l’on est optimiste, en revanche, ce qui est mon cas, on se dit que ce programme n’a absolument aucune importance. Qu’il n’est pas plus destiné à être appliqué que celui de Miss Monde lorsque le Master of Ceremony lui demande ce qu’elle souhaite pour l’année qui vient et qu’elle répond, les yeux mouillés de larmes, « la paix entre les hommes et la fin de la maladie ». Qu’il s’agit juste de faire passer le temps avant la primaire, et donc l’arrivée de candidats équipés, on le pressent, de projets un poil plus comestibles.

Mesurettes et grands défis

Parce qu'enfin, François Hollande aurait réellement stoppé la crème au chocolat pendant des mois dans la seule perspective de proposer le « CV anonyme » aux Français comme remède à leur « peur du déclassement » ? DSK serait vraiment prêt à faire passer la  « requalification des stages en contrats de travail » comme moyen de relever les défis d’un monde multipolaire où la Chine et l’Inde n’en finissent pas de se réveiller ? Martine Aubry prendrait sérieusement la « TVA éco-modulable » pour l’alpha et l’oméga de la transformation de la France en nation-phare du troisième millénaire ?

Allons donc !

Le PS présentera un candidat à la présidentielle doté, on veut le croire, d'une réflexion et de projets propres qui, s’ils empruntent un peu à cette plateforme de dépenses sans recettes (on ne se refait pas), réserveront davantage de bonnes surprises. C’est une évidence. Hum à moins que mon optimisme ne soit jamais que de la naïveté et que l’homme (ou la femme) providentiel(le) attendu(e) ne soit qu’un Godot (une Godote ?), ce type qui doit venir vous sauver la mise mais n’arrive jamais... Non, ce serait trop affreux !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !