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Pourquoi nous devons 
sortir du nucléaire
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Cher Pascal Perri...

"Les énergies alternatives dites vertes ne marchent pas", affirmait Pascal Perri sur Atlantico. Matthieu Baumier lui répond.

Autrefois il fallait fumer. C’était bon pour la santé. Aujourd’hui, il faut admettre qu’il n’est pas de salut en dehors du nucléaire, sauf à être un hurluberlu souhaitant reconduire l’homme à l’époque de la dynamo (Balkany) ou des cavernes (Allègre).

Pour Pascal Perri, les choses sont différentes : sortir du nucléaire plomberait notre économie au point de nous placer sous la menace de courants politiques autoritaires. Ah bon ? Notre économie n’est-elle pas déjà plombée et la crainte n’existe-t-elle pas déjà ? Cette mobilisation générale des « tout nucléaire », du gouvernement à certains scientifiques (les autres n’ont pas le droit à la parole, ainsi ceux du réseau Sortir du nucléaire) en passant par les communicants d’Areva et d’EDF, est une façon de refuser tout débat sur la pertinence du nucléaire. Un débat qui mettrait en lumière un ensemble de contre-vérités.

La France serait la championne de la sécurité nucléaire

C’est pour ce faire que des analyses pointues d’évaluation des risques sont réalisées, allant jusqu’à étudier les écrits de moines du 13e siècle. Ce n’est pas l’âge des cavernes mais, bon. Nous limitons d’autant plus les risques que nous sommes à l’abri de catastrophes naturelles importantes. Jusqu’à l’accident. On ne peut pas tout prévoir. Cependant, il est assez aisé d’imaginer que la nature produit toujours des catastrophes imprévisibles. Aucun espace n’est à l’abri de l’imprévisible. L’idée de la maîtrise du risque est un mythe. Qui évalue la sureté ? Sur quelle base ? Celle des données fournies par AREVA et EDF, juges et parties ? Depuis 2003, quiconque s’intéresse à cela sait que les données relatives aux risques naturels sont falsifiées.

Le nucléaire serait un choix économique et stratégique nécessaire

Nous sommes les champions du KW bon marché. Afin de donner cette image, la communication en faveur du tout nucléaire exclut une partie des coûts : celle du démantèlement des centrales. Cela coûtera environ 500 millions d’euros par centrale. Aucune des centrales françaises actuelles ne pourra être en activité à la fin du siècle. Un démantèlement global que l’on peut estimer à 10 milliards d’euros. Ces centrales devront être remplacées et multipliées pour satisfaire aux besoins. Coût d’un réacteur ? 5 milliards d’euros.

L’idée d’un coût modéré de cette énergie est fausse. AREVA et EDF le savent bien, eux qui divisent automatiquement par quatre le prix prévisionnel avant de lancer les chantiers. Coût élevé, mais aussi fausse indépendance stratégique : nous produisons environ 80 % de notre électricité mais nous sommes obligés d’importer. Notre parc nucléaire ne permet pas de suivre nos besoins exponentiels. Le nucléaire est un choix sans avenir : combien le nucléaire coûte-il chaque année à la nation ?

Le nucléaire serait une énergie propre

Réussir à faire circuler une telle « information » est un tour de force. Aucun bilan carbone sérieux n’a été fait. Affirmer, à l’image du président de la République ou de la ministre de l’écologie, que le nucléaire est un mode de lutte contre le réchauffement climatique tient de la pétition de principe. Une fois que l’accident a lieu, la théorie du nucléaire propre tient-elle ? Et d’après l’Agence pour l’Energie Nucléaire (OCDE), il faudrait construire une quinzaine de réacteurs par an dans le monde pour que le nucléaire joue le rôle décrit par NKM. 150 tous les dix ans. C’est envisageable ?

Propre, le nucléaire bien maîtrisé ne menacerait pas notre santé. L’argument est à ce point méprisant pour les Biélorusses, les Japonais, et les hommes qui refroidissent maintenant les réacteurs de Fukushima que je préfère ne pas insister. Ceux qui agissent actuellement au Japon sont des morts-vivants. Et les déchets ? Leur transport et leur stockage produisent du carbone. Le centre de stockage de Bure, en France, a été imposé à la population par inscription dans la loi, un déni de démocratie.

Ici, ce ne sont pas nos petits enfants qui annonceront la fin de la surveillance du danger de ce centre mais nos descendants de la six millième génération. Eux, trouveront peut être un espace propre, s’il y a encore des êtres humains dans le coin. A l’échelle de la planète, 450 réacteurs devront être démantelés avant la fin du siècle, produisant ce type de déchets à surveiller, sur cette durée.

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