Qui sont les nouveaux pays émergents ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Inde, Brésil encore Afrique du Sud ont tous revu à la baisse l'année dernière leur taux de croissance.
Inde, Brésil encore Afrique du Sud ont tous revu à la baisse l'année dernière leur taux de croissance.
©

Décod'Eco

Brésil, Inde, Russie ou encore Afrique du Sud ont tous revu à la baisse l'année dernière leur taux de croissance. Ces pays souffrent notamment du ralentissement de la demande en matières premières (partie 1/2).

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
Voir la bio »

On se souvient de la pique lancé par Georges Clemenceau à l'adresse du Brésil. "Ce pays d'avenir... qui le restera".

Le Brésil, qui a fait la joie des investisseurs dans les années 2000, n'est plus aujourd'hui au coeur des investissement émergents, alors que le pays a affiché une croissance économique inférieure à 1% en 2012.

Le pays souffre d'abord du ralentissement de la demande en matières premières, au premier rang desquelles le fer. Le prix de la tonne est passée sous les 100 dollars en 2012, alors qu'il avait atteint les 200 dollars précédemment. Géant industriel, avec des compagnies aussi prestigieuses que Ambraer (aéronautique) ou Votorantim (ciment), la forte inflation que connaît le pays a également pesé sur ses exportations.

Le Brésil n'est pas un cas à part. Inde, Russie ou encore Afrique du Sud ont tous revu à la baisse l'année dernière leur taux de croissance. Ces places ont même raté la reprise amorcée en 2013, alors que les pays développés ont retrouvé une certaine vigueur.

Comparaison du S&P 500 (en vert) et de l'indice MSCI Emerging Markets (en orange) sur un an




Sur les trois premiers mois de l'année, les marchés des pays développés ont progressé de 6,6%, contre 3% pour les pays émergents.

Pourtant, notre déception aujourd'hui est à l'image de notre enthousiasme de ces dernières années, excessive. La compétition pour rattraper le niveau de qualification des pays développés reste longue et périlleuse, ou au final peu de pays connaîtront le destin de Taiwan ou du Chili.

Les opportunités d'investissements restent cependant nombreuses. Simplement, comme le rappelle Ruchir Sharma, éditorialiste pour Emerging Markets et analyste pour Morgan Stanley Investment Management, nous ne sommes plus dans une période d'optimiste à tout crin, ou le "ciel est bleu pour tout le monde". Il nous faut désormais affiner notre stratégie d'investissement en fonction du cas particulier de chaque pays.

A la fin de ces articles, je vous confierai deux pistes d'investissement. Elles seront tirées de deux secteurs qui sont particulièrement haussiers :

- Les matières premières agricoles

La hausse globale des prix des matières premières dans les années 2000 a fait croître de manière indistincte les pays producteurs, qu'ils soient producteurs de goyaves, de soja ou de cuivre. Aujourd'hui, l'évolution des prix est davantage contrastée en fonction de la matière. De même, certains pays ont réussi à rationaliser leur production pour rester rentable quelque soit l'évolution de prix, alors que d'autres attendent encore de nouvelle flambée de prix pour équilibrer leur budget. Les premiers ont un avenir doré.

- Les nouveaux pays émergents

L’essoufflement de la Chine peut également être perçu comme le résultat de sa montée en gamme. En externalisant à son tour les productions qui ont fait sa gloire sur ces 20 dernières années, la Chine donne l'opportunité à de nouveaux pays de connaître des croissances fulgurantes.

En attendant, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) n'ont pas dit leur dernier mot. Ils l'ont prouvé la semaine dernière lors de leur cinquième sommet à Durban.

BRICS, une union de façade ?

Les cinq capitales ont en effet pris l'habitude de se réunir une fois par an, dans des sommets qui ressemblent aux sommets des non-alignés des années 1950 et 1960.

L'objectif est de montrer qu'un autre modèle économique est possible. Ces pays ont pour eux leur poids. Ils représentent à eux cinq 45% de la population mondiale. Surtout, ils concentrent 25% de sa richesse, et deux-tiers de la croissance mondiale. Forts de ces atouts, ils ont jeté les bases de la construction d'un autre modèle.

- Union boursière

Cette union a été mise en place début 2012 entre les BRICS, exception faite de la Russie. Cette union permet désormais d'investir plus facilement sur des futures (contrats à terme) entre bourses des BRICS, et de se passer de l'intermédiaire des institutions anglo-saxonnes.

Cette union essaie également de capter l'augmentation régulière des flux financiers sur les bourses émergentes. Selon une analyse de la société d'étude McKinsey, les actifs financiers des pays en développement devraient connaître une croissance de 6,5% par an sur les cinq ans à venir, et atteindre les 140 000 milliards de dollars en 2020.

Ainsi le sommet de 2013 s'est inscrit dans la continuité de ces efforts, avec le projet de banque des BRICS.

- Banque commune

Il s'agit d'une banque mondiale pour les pays émergents. Doté de 50 milliards, ce projet doit permettre de financer les infrastructures dans de nombreux pays émergents et de se passer des bons offices de la Banque mondiale (dotée elle en 2013 d'un budget de 30 milliards de dollars). Très, vite, ce projet a suscité des critiques. D'abord, sur son financement.

Les marchés doutent que l'Afrique du Sud soit capable de sortir 10 milliards de dollars pour apporter sa part. De plus, pour rivaliser avec la Banque mondiale, cette banque devra être capable d'obtenir le triple A, taux auquel l'institution de Washington emprunte. Or, l'importance politique de ce projet fait douter les marchés que cette banque privilégiera la rentabilité financière. A moins que l'agence de notation chinoise soit requise. Enfin il ne faut pas sous-estimer les blocages politiques entre pays qui pourraient retarder certains projets, entre l'Inde et la Chine par exemple ou entre la Chine et la Russie. Symbole de ces blocages, la Banque n'a pas encore de siège.

- Réserves de changes communes

Enfin, le Brésil et la Chine ont également signé, en marge du projet de banque commune un accord bilatéral sur la création de réserves de changes communes. Cet accord doit assurer l'accès au crédit même en cas d'assèchement des liquidités sur les marchés internationaux. Comme l'explique Guido Mantega, "Si le marché financier mondial subissait de nouveaux chocs, avec à la clé une raréfaction du crédit, nous obtiendrions du crédit auprès de notre plus important partenaire étranger, il n'y aurait donc pas d'interruption du commerce".

Le problème avec ces diverses initiatives, c'est qu'elles reflètent d'abord un rejet du monde anglo-saxon, et moins la proposition d'un nouveau modèle de développement.

C'est le moment où les BRICS donnent l'illusion d'être davantage unis autour d'un projet commun qu'il faut se garder de les prendre pour un tout.

Dépassons le concept de BRICS

Le concept de BRIC, devenu BRICS, a toujours été un concept fumeux, ne recoupant aucune réalité économique. Les BRICS ne peuvent pas avoir de projet communs, tant la croissance de chacun d'entre eux repose sur des modèles économiques différents.

Ainsi la présumée "chute" ou "montée en puissance" des BRICS ne signifie rien en soit. Depuis que le "ciel bleu" s'est obscurci pour tous, il nous faut analyser indépendamment les uns des autres la trajectoire de chacun. Au final, nous en tirerons des conclusions en termes d'opportunités d'investissement.

Ce sera l'objet du prochain Decod'Eco.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !