L'écologie peut-elle compromettre l'avenir de la Chine ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Considérée comme la première puissance économique de demain, la Chine est confrontée à des enjeux écologiques de taille.
Considérée comme la première puissance économique de demain, la Chine est confrontée à des enjeux écologiques de taille.
©Reuters

Premier mais pollué

Le charbon reste l'énergie principale en Chine, mais un effort soutenu est engagé pour accroître la part des énergies renouvelables qui devrait passer de 10% actuellement à 15% en 2020.

François Lafargue

François Lafargue

François Lafargue est docteur en Géopolitique et en Science Politique. Il enseigne à Paris School of Business.

Auteur d’une thèse portant sur l’Afrique du Sud, il est également docteur en Science politique avec comme thème de recherche la stratégie des Etats-Unis devant la vulnérabilité énergétique de la Chine. Ses travaux portent principalement sur les enjeux énergétiques en Asie et en Afrique et les relations sino-africaines.

Son dernier ouvrage : La Guerre Mondiale du pétrole (Ellipses, 2008)

 

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Atlantico : Considérée comme une des premières puissances économiques mondiales, la Chine est confrontée à des enjeux écologiques de taille. L'empire du milieu va-t-il devoir réorganiser son réseau énergétique et industriel afin de répondre à la demande mais aussi dans un souci santé publique ?

François Lafargue : En 2010, la République populaire de Chine (RPC) est devenue le 1er consommateur mondial d’énergie primaire, dépassant ainsi les États-Unis. La récession économique mondiale qui s’est traduite par une diminution des exportations nationales n’a guère eu d’impact sur la consommation d’énergie. Car l’ambitieux plan de relance de l’économie chinoise comme le développement d’un vaste marché de consommateurs, ont permis à la Chine de maintenir un taux de croissance autour de 8 % en 2012.

Le charbon demeure l’énergie primaire principalement brûlée dans le pays, ce qui explique pour une grande part le volume de rejet de gaz à effet de serre imputable à la Chine. Depuis 2007, le pays est devenu devant les États-Unis, le premier émetteur de dioxyde de carbone (CO2). Néanmoins, la Chine souligne que par habitant, ses émissions de CO2 se situent à la même hauteur que celles de la France et sont trois fois plus faibles que celles émises par les Américains De même cette pollution s’explique pour une large partie par le poids de l’activité industrielle, destinée principalement à satisfaire la demande des pays de l’OCDE.

Le gouvernement chinois a-t-il une stratégie énergétique à long terme et si oui, quelle est-elle ? Quelle est la part réservée à l’écologie ?

Un effort soutenu est engagé pour accroître la part des énergies renouvelables dans la production d’énergie primaire, qui devrait passer de 10 % actuellement à 15 % en 2020. La Chine dispose de plusieurs atouts dans ce domaine. En premier lieu sa géographie avec de vastes déserts comme ceux du Xinjiang ou de Gobi qui offrent une longue durée d’ensoleillement, et des fleuves au débit puissant, qui s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres comme le Yangtsé. Pour le moment l’énergie hydraulique assure 90 % de la production d’énergie renouvelable. La RPC est le premier producteur mondial d’hydroélectricité devant le Brésil et d’énergie éolienne devant les États-Unis.

La part des agrocarburants restera très faible dans les années à venir, à cause de la surface agricole très réduite du pays. La Chine qui compte 18 % de la population mondiale ne possède que 7 % des terres agricoles cultivables mondiales

L’écologie et les questions d’énergie propre préoccupent-elles l’opinion publique chinoise ? Cela pourrait-il amener le pouvoir chinois à s’impliquer davantage dans la lutte contre la pollution ?

Une conscience écologique est en train de naître dans le pays. L’opinion publique a évolué devant l’ampleur de la pollution (plusieurs villes comme Linfen ou Tianjing sont considérées comme les plus polluées au monde), et les conséquences parfois dramatiques de l’activité industrielle (nappes phréatiques souillées, rejets toxiques dans les fleuves) et de l’urbanisation. La pollution ralentit également la croissance économique, par ses effets sur la santé publique. La Chine connait une même évolution que le Japon, longtemps une puissance industrielle peu soucieuse de l’écologie et qui désormais a fait de la défense de l’environnement l’un des axes de sa diplomatie. Pour autant la sécurité du pays a des impératifs en contradiction parfois avec la défense de l’environnement, puisque pour mieux assurer son indépendance énergétique, le gouvernement chinois met en valeur ses immenses réserves de gaz et de pétrole de schistes.

L’écologie est-elle, à court et à long terme, un frein ou une opportunité pour la Chine ?

La désinvolture à l’égard des questions écologiques semble révolue. Le 12e plan quinquennal adopté en mars 2011 met l’accent sur la nécessité de développer les énergies renouvelables (par une augmentation de la capacité de production d’énergie éolienne et hydroélectrique, et l’encouragement de nouvelles technologies pour les véhicules et la construction des lignes ferroviaires à grande vitesse). Sous l’impulsion de l’État, plusieurs entreprises chinoises comme Dongfeng Motor ou BYD sont chargées de développer une technologie nationale de véhicules électriques. L’ambition de la "Chine rouge" est de devenir assez rapidement une puissance verte.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Bonaventure

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