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Le Brésil au secours du Portugal : le rôle positif de la colonisation ?
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Zone franche

Une ancienne puissance coloniale sauvée de la faillite par son ancienne colonie. C'est ça, le nouvel ordre mondial.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Pékin qui achète de la dette grecque pour sauver Athènes de la faillite, ça inquiète forcément un peu. Depuis que l’empire du Milieu a remplacé celui du Soleil levant dans le rôle du rouleau compresseur qui écrabouille tout sur son passage, on n’imagine même plus qu’il puisse agir sans arrière-pensée machiavélique.

Brasília qui s’offre des obligations d’Etat portugaises pour les mêmes raisons, ça inquiète moins parce qu'on pense salsa et carnaval de Rio. C’est pourtant d’un tout autre calibre symbolique.

Evidemment, que le Portugal ne soit qu’un petit pays faiblement peuplé et le Brésil un géant au PNB dix fois plus élevé, tout le monde était au courant. Mais une ancienne colonie qui rattrape son ex-propriétaire par la culotte au moment où il risque de se retrouver à la rue, c’est toute l’histoire du déclin européen résumée en une brève de pages économiques.

Dilma Rousseff, la nouvelle présidente brésilienne, en visite à Coimbra cette semaine, a en effet indiqué que son gouvernement réfléchissait aux différents moyens de venir en aide à la nation européenne la plus mal en point du moment. « L’une des possibilité, a-t-elle précisé, est de racheter directement de la dette nationale portugaise, mais une autre option serait de racheter la dette brésilienne détenue par la banque nationale du Portugal ».

« Saudade » de puissance

C’est cette dernière suggestion qui frappe le plus les imaginations du côté de Lisbonne, le Brésil n’étant devenu véritablement indépendant de sa « métropole » qu’en 1822 et le partage des rôles étant resté assez clair depuis lors : les émetteurs d’escudos (ou d’euros désormais) investissent, les émetteurs de réaux transpirent et renvoient les dividendes de l’autre côté de l’Atlantique.

Tout ça, c’est fini. Et si le gouvernement Portugais peut se féliciter, lorsqu’il a des ennuis, d’avoir des amis plus généreux que ses voisins directs, une certaine humiliation est palpable. A preuve, les réactions outragées à une chronique d’économie-fiction publiée vendredi dans le Financial Times et suggérant que le Portugal soit carrément annexé par le Brésil (le quotidien britannique s’est rattrapé par la suite en rappelant qu’il n’était pas impossible de voir une Grande-Bretagne en perdition absorbée par une Inde en plein boum un de ces quatre matins).

On se demande alors par qui la France, qui n’est pas dans la même situation que le Portugal mais n’est pas bien loin de celle de la Grande-Bretagne, pourrait être sauvée en cas de malheur. Sans doute pas par la Côte d’Ivoire, un peu trop occupée ces temps-ci, ni par la Tunisie, qui a aussi son lot de soucis…

Bah, si le nouvel ordre mondial continue de se mettre en place et qu’une porte bienveillante s'ouvre un jour à nous en hommage à une langue et une culture communes, on découvrira peut-être qu’il y a bel et bien un « rôle positif de la colonisation » mais qu'il n'est pas exactement celui qu’on croyait.

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