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Il ne faut pas confondre croissance du crédit et croissance économique...
Il ne faut pas confondre croissance du crédit et croissance économique...
©Reuters

Décod'Eco

On nous explique que Chypre est un "cas exceptionnel", que l'euro va bien, bref, qu'il n'y a pas à s'inquiéter. Sauf que nos gouvernants semblent ignorer une nuance de taille, dans les événements actuels...

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Après Chypre, voici une autre exception de l'euro : la Slovénie. Les taux d'intérêt de ce confetti se sont brutalement envolés, et il emprunte désormais au taux allemand : +4%. On va encore nous expliquer que tout ce qui va se produire en Slovénie est exceptionnel et ne remet pas en cause l'euro.

Ce n'est pas vrai. Les pays commencent à diverger fortement et l'union monétaire n'existe plus dans les faits puisque les pays membres empruntent à des taux très différent, qu’un État est soumis au contrôle des  capitaux le plus strict et que les banques nationales débordent d’emprunts de leurs propres États.

Une crise financière est toujours extrêmement grave et c'est ce que l'Europe vit depuis 2008. Cette crise est encore plus grave que les autres crises financières car le système bancaire est hypertrophié du fait des "normes prudentielles". Nous vivons dans un monde qui confond croissance du crédit et croissance économique.

Voici en Europe le poids du secteur bancaire dans l'économie de différents pays :

Source : L'Agefi du 29 mars

En France, la croissance du crédit est essentiellement la croissance de la dette publique. Le secteur bancaire pèse quatre fois notre PIB. Chez d'autres, c'est la croissance de l'endettement des ménages ou des entreprises. Peu importe...

"François Hollande peut-il changer de logique économique ? " se demande François Salin dans les colonnes du Figaro.

Question vaine. La logique économique de François Hollande est la logique économique du consensus, dispensée dans les universités. L'Etat sait tout et peut tout.

Avec l'argent arraché aux entreprises, il saura lutter contre la crise économique et le chômage. Il ne vient à l'idée de personne d'objecter que si les entreprises payaient moins d'impôts, elles pourraient éventuellement :
- se passer des banques pour investir ;
- être plus rentables ;
- embaucher.

Les mauvaises entreprises disparaîtraient naturellement et les bonnes grossiraient naturellement en investissant sur fonds propres. Moins imposées, elles auraient besoin de moins emprunter et le secteur bancaire ne serait pas devenu hypertrophié. Du "développement durable" naturel, pour parler technocrate.

Cette confusion entre "croissance économique" et "croissance de la dette" règne aussi aux Etats-Unis. Les indices actions – soufflés par l'impression monétaire – y battent record sur record sans que les entreprises affichent plus de bénéfices. La reprise est là, pense cependant le consensus, sans même vérifier ce que pèse la dette américaine dans cette "croissance". Pendant ce temps, les défauts sur les prêts étudiants, le nouveau subprime, se multiplient sans que quiconque y prête attention.

A l'ouest, 2013 ressemble fort à 2008. En 2008, nous avons vu ce que donnait une modeste remontée des taux. En 2013, nous verrons probablement ce que donnera la simple idée d'arrêter la planche à billets.

En Europe, ce qui se passe est plus inédit. Nous voyons tomber les mythes les uns après les autres :
- un Etat d'un pays développé peut faire faillite (Grèce, Irlande) ;
- la sécurité des dépôts peut être remise en cause (Chypre) ;
- la libre circulation des capitaux en Zone euro peut être entravée (Chypre).

Ne vous y trompez pas. L'euro est sur une pente extrêmement savonneuse. Les élections allemandes de septembre seront le tournant. Il est temps de refaire un point sur les garanties des dépôts, la disponibilité de votre épargne dans le circuit bancaire

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