Révolution numérique : la politique internationale complètement bouleversée<!-- --> | Atlantico.fr
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Avec Internet, la diplomatie est totalement bouleversée.
Avec Internet, la diplomatie est totalement bouleversée.
©DR

Bonnes feuilles

Alors que le web dessine de nouvelles frontières, une nouvelle carte du Monde, qui suppose une remise en cause fondamentale des règles, apparaît. David Lacombled rappelle ainsi qu’Internet révolutionne, au premier chef, le travail des hommes en charge de la politique internationale. Extrait de "Digital citizen : Manifeste pour une citoyenneté numérique" (1/2).

David Lacombled

David Lacombled

David Lacombled est journaliste de formation. Après ses missions gouvernementales comme chargé de cabinet entre 1993 et 1995, il devient consultant et fonde en 1997 la Société européenne de conseil et de communication, Orange bleue. Il est aujourd'hui directeur délégué à la stratégie des contenus du Groupe Orange. En mars 2013, il a publié Digital Citizen, manifeste pour une citoyenneté numérique chez Plon.

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Sans abolir totalement les frontières réelles de nos États et le tracé concrets des enjeux géopolitiques (notamment celui des matières premières), en remettant en cause l’espace et en instaurant le temps réel, tout se passe comme si le web dessinait de nouvelles frontières, de nouvelles lignes de forces venant se superposer à celles déjà existantes.

Et de ce simple fait, nos frontières ne sont plus les mêmes.

Une nouvelle carte du Monde apparaît. Mouvante pluri-dimensionnelle,  qui ne peut plus être figée sur le papier. Le temps de la dessiner qu’elle est déjà frappée d’obsolescence.

Pas étonnant, en ce sens, qu’Internet révolutionne, au premier chef, le travail de ceux dont le métier consiste précisément à traiter des frontières réelles, à savoir les diplomates professionnels ou les hommes qui ont en charge la politique internationale.

Cette nouvelle carte appelle de nouvelles aptitudes : une plus grande maîtrise (comment gérer cetteliberté face aux frontières ?) ; une meilleure réactivité face aux injonctions du temps réel. Et cela suppose aussi une remise en cause fondamentale des règles. Peut-être tout cela à la fois. Il est de fait que les politiques - même les plus démocrates d’entre eux - sont conscients des risques posés par Internet.

Instantanéité mondiale

En offrant l’accès aux informations dans l’instant et au niveau planétaire à tous, les technologies de l’information et de la communication obligent ceux qui sont en charge des affaires au plus haut niveau à agir dans le temps réel. Le temps réel créé par Internet, c’est l’immédiateté mais aussi la globalité. C’est un fait aujourd’hui : non seulement l’homme politique se doit de répondre instantanément à un nouvel événement, quel qu’il soit, mais il se doit de répondre urbi et orbi. Auparavant il existaient des sas de sécurité : les dirigeants du monde répondaient, le plus souvent, à leurs interfaces en la personne d’un autre dirigeant ou bien à un groupe de journalistes accrédités. Maintenant une multitude de canaux s’ouvrent à eux. Et de fait, cela transforme radicalement le rapport des hommes politiques à leur parole. Dans ce monde régi par l’immédiateté, les hommes politiques n’ont plus le temps de peser leurs réponses. Il est loin le temps où les Souverains prenaient connaissance d’un événement avant leurs sujets : les chefs d’Etat avaient accès à des informations secrètes avant l’ensemble des citoyens. Maintenant ce serait presque le contraire comme on a pu le constater via Twitter.

Dès lors, il devient plus difficile pour les dirigeants de prendre du recul, de se consulter entre eux. Nous sommes passés d’un monde où le pouvoir était le savoir, à un monde où tout se sait au même moment, globalement.

Autre défi vertigineux pour les dirigeants : non seulement chaque décision doit être prise en temps réel, mais ce qui est dit dans l’instant reste gravé à tout jamais et accessible à tous. Cette double exigence a transformé les rapports avec les journalistes. Auparavant, lors des conférences de presse, les chefs d’État communiquaient leurs informations aux journalistes et étaient à même de développer la complexité de leur démarche que les professionnels se chargeaient à leur tour de décrypter, clarifier et expliciter dans leurs articles. Maintenant, les chefs d’Etat savent que leurs conférences de presse sont visionnées sur Internet en temps réel, sans intermédiation. Court-on le risque de voir la disparition programmée du off, du débat contradictoire lors des conférences de presse et de toute question-piège ? Ce qui est certain c’est que tout le monde, à commencer par les journalistes eux-mêmes, se méfie du Web. Tous en redoutent la traçabilité.

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Extrait de "Digital citizen : Manifeste pour une citoyenneté numérique", Editions Plon (mars 2013)

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